[p. 256]
[p. 257]
Vous, hommes mortels et charnels, qui n’êtes rien,
Avec quelle rapidité vous enflez-vous, ne voyant pas
La fin de la vie! Ne tremblez-vous pas maintenant
Et craignez Dieu, celui qui veille sur vous,
5 Celui qui est le plus haut, celui qui sait,
Le témoin omniscient de toutes choses,
Créateur tout nourrissant, qui a mis
PREMIER FRAGMENT.
Ce fragment se trouve dans les écrits de Théophile, évêque d’Antioche, qui vécut dans la seconde moitié du IIe siècle. Vers la fin de son deuxième livre, adressé à son ami Autolycus [chap. xxxvi ; Migne, G., 6, 1109], Théophile introduit ces lignes (au nombre de trente-cinq en grec) par les mots suivants : « Or la Sibylle, qui parmi les Grecs et les autres nations était une prophétesse, au début de son la prophétie réprimande la race des hommes, en disant : » De cette déclaration, il a été déduit que les lignes se trouvaient à l’origine au début de notre troisième livre, qui contient les parties les plus anciennes de notre collection actuelle ; car Lactance attribue les passages qu’il cite de ce fragment à la Sibylle d’Érythrée, à qui il attribue ailleurs des citations du troisième livre seulement. Citations d’autres livres, il fait référence à d’autres Sibylles.
1. Cette première ligne est citée par Clément d’Alexandrie, Strom., iii, 3 [Migne, G., 8, 1117], qui cite aussi dans le même sens un passage similaire d’Empédocle. Comp. Homère, Od., XVIII, 130 : « La terre ne nourrit rien de plus faible que l’homme.
7-9. Ces lignes sont citées par Lactance, iv, 6 [L., 6, 462], qui cependant {note de bas de page p. 258} insère le mot Dieu. Il observe : « La Sibylle d’Érythrée, au début de son chant, qu’elle a commencé avec l’aide du Dieu Très-Haut, proclame le Fils de Dieu comme chef et commandant de tous dans ces vers :
"Créateur tout nourrissant, qui en tout
Une douce haleine s’est implantée et a fait de Dieu le guide de tous.
(1-5.)
[p. 258]
En toutes choses son doux Esprit et a fait
Lui, le chef de tous les mortels ? Dieu est unique,
10 Qui règne seul, suprêmement grand, à naître,
Tout-Puissant et invisible, lui-même
Seul contemplant toutes choses, mais pas vu
Est-il lui-même par une chair mortelle.
Car quelle chair peut-on voir
15 Avec les yeux du Dieu céleste et vrai divin,
Qui a sa demeure dans le ciel ?
Pas même avant les rayons brillants du soleil
Les hommes qui sont nés mortels peuvent-ils rester immobiles,
Existant mais sous forme de veines et de chair sur les os.
20 Celui qui seul domine le monde,
Qui seul est éternel et a été
Depuis toujours, respectez-le,
Celui qui existe par lui-même et qui n’est pas engendré
Qui gouverne toutes choses à tout moment, s’occupant
25 À tous les mortels sous une lumière commune
Le jugement. Et la récompense méritée
[9-12. Dieu est un. — Cité par Justin Martyr, ad Gr., 16 [G., 6, 272]. Comp. Théodoret, Hist. Eccl., I, 3 [G. 82, 904]; Basile, adv. Eunom., iii [G., 29, 6681 ; Grégoire. Naz., Orat., xxvi, 19 [G., 35, 1252] ; Lact., je, 6 [L., 6, 140] ; Orphica, éd. Hermann, Frag. i, 10 ; II, 11.
14-19. Cité par Clem. Alex., Strom., v, 14 [G., 9, 165], et Eusebius, Præp., xiii, 13 [G., 21, 1121]. Comp. Cyrille, Contr. Jul., i, 82 [G., 76, 549] ; Philémon dans Just. Mar., de Monarch, 2 [G., 6, 316] ; Xénophon, Memor., iv, 3, 13 ; Cicéron, de Nat. Décorum, I, 12.
20-22. Cité par Lact., de fals. Relig., vi [L., 6, 141].
25. Common light. — Une allusion au sens moral universel des hommes. Comp. livre I, 409 ; III, 588 ; Jean I, 9.]
(5-19.)
[p. 259]
Vous recevrez de mauvais conseils,
Pour avoir cessé le Dieu vrai et éternel
Pour glorifier, et les saintes hécatombes
30 Pour l’offrir, vous avez fait votre sacrifice
Aux démons qui habitent dans l’Hadès.
Et vous, vous marchez dans l’orgueil et la folie,
Et ayant quitté le vrai et simple chemin
Vous êtes partis et avez erré à travers les épines
35 Et des chardons. Ô vous, mortels insensés, cessez
Errant dans l’obscurité et la nuit noire obscure,
Et quitte les ténèbres de la nuit et saisis
Sur la Lumière. Lo, il est clair pour tous
Et je ne peux pas me tromper ; viens, ne poursuis pas toujours
40 Ténèbres et obscurité. Lo, la douce lumière
Du soleil brille d’un éclat surpassant.
Maintenant, chérissant la sagesse dans vos cœurs, sachez
Que Dieu est un, qui envoie les pluies et les vents,
Tremblements de terre et éclairs, famines, peste,
45 Et des soucis tristes, et des tempêtes de neige et de glace.
Mais pourquoi est-ce que je les prononce ainsi un à un ?
Il guide le ciel, gouverne la terre, règne sur Hadès.
Maintenant, si les dieux engendrent une progéniture et restent
Immortel, il y avait eu plus de dieux que d’hommes,
Et il n’y avait jamais eu assez de place
Pour que les mortels se lèvent.
[38-47. Cité par Clem. Alex., Cohorte., viii [G., 8, 97]. Le vers 34 est également cité dans Strom., v, 14 [G., 9, 173].
DEUXIÈME FRAGMENT.
Ce passage, qui n’apparaît nulle part dans les douze livres de notre collection, se trouve dans Théophile, ad Antol., ii, 3 [G., 6, 1049].]
(19-35.)
[p. 260]
Maintenant, si tout ce qui naît doit aussi périr,
Il n’est pas possible que Dieu soit
Formé à partir des cuisses de l’homme et d’un ventre ;
Mais Dieu seul est un et suprême,
5 Qui a fait le ciel, le soleil, les étoiles et la lune,
Terre fruitière et flots de la mer,
Et de hautes collines et l’embouchure de sources durables.
Il produit également une grande multitude
Des créatures qui vivent au milieu des eaux
10 Innombrables et les choses rampantes
Ce mouvement sur terre qu’il soutient avec la vie,
Et des oiseaux tachetés, délicats et au gazouillis aigu,
Ils sillonnent l’air en vrombissant de leurs ailes.
Et dans les vallons des montagnes sauvages, soyez placé
15 La race des bêtes, et nous, les mortels, avons été créés
Tout le bétail est soumis et celui formé par Dieu
Il fut le souverain de toutes choses,
Et pour l’homme toutes choses variées
Fait sujet, des choses incompréhensibles.
20 Car toutes ces choses, que peut connaître la chair mortelle ?
Pour lui seul, qui a fait ces choses
Au début, sait, l’incorrompu
Créateur éternel, demeurant dans les cieux,
Apporter aux bons une bonne récompense
25 Beaucoup plus abondant, mais éveillant la colère
TROISIÈME FRAGMENT.
Cet extrait, qui compte quarante-neuf lignes dans le texte grec, nous est conservé par Théophile, et est placé par lui immédiatement après le premier fragment avec les mots d’introduction suivants : « Aussi à l’égard de ceux (dieux) dont on dit qu’ils sont nées, elle parle ainsi."
1, 2. Cité par Lact., i, 8 [L., 6, 1541.
4-7. Cité par Lact., i, 6 [L., 6, 147].
21-26. Cité par Lact., de Ira Dei, xxii [L., 1, 143].]
(1-18.)
[p. 261]
Et la colère contre les méchants et les injustes,
Et la guerre, la peste et les malheurs en larmes.
Ô hommes, pourquoi, vainement enflés, enracinez-vous
Vous êtes sortis ? Avoir honte de déifier
30 putois et monstres. N’est-ce pas un engouement
Et la frénésie, enlevant le sens de l’esprit,
Si les dieux volaient des assiettes et emportaient des pots de terre ?
Au lieu de demeurer dans le paradis doré
En abondance, voyez-les mangés par le papillon de nuit
35 Et tissé d’épaisses toiles d’araignées !
Ô imbéciles, qui vous inclinez devant les serpents, les chiens et les chats,
Et respectez les oiseaux et les bêtes rampantes de la terre,
Images en pierre et statues réalisées avec des bandes,
Et des tas de pierres au bord des routes, vous les vénérez,
40 Et aussi bien d’autres choses vaines
Ce serait même dommage de le dire ;
Ce sont les dieux funestes des hommes insensés,
Et de leur bouche jaillit un poison mortel.
Mais de Lui viennent la vie et la lumière éternelle
45 Impérissable, et il répand une joie
Plus doux que le miel, doux pour les justes,
Et devant lui seul incline ton cou,
Et parmi les vies pieuses, incline ton chemin.
Abandonnant tout cela, dans un esprit fou
50 Avec folie, vous avez tous vidé la coupe
D’un jugement plein, très pur,
Étroitement pressé, lesté et non mélangé.
Et vous ne vous réveillerez pas de votre sommeil ivre
Et reviens à la raison sobre et connais Dieu
55 Être le roi qui supervise toutes choses.
[27. Malheurs en larmes.—Comp. Clém. Alex., Strom., v, 14 [G., 9, 188] ; Juste. Martyr, de Monarch, ii [G., 6, 316] ; Cohorte., XV [G., 6, 272] ; Eusèbe. Præp., XIII, 12 [G., 21, 1100].]
(19-42.)
[p. 262]
C’est pourquoi sur toi l’éclair d’un feu étincelant
Arrive, vous serez avec des torches brûlées
Le jour qui dure à travers un âge éternel,
Devant vos fausses idoles inutiles, vous ressentez de la honte.
60 Mais ceux qui craignent le vrai Dieu éternel
Héritez de la vie et ils demeureront pour toujours
Comme dans le champ fertile du Paradis,
Se régaler du pain sucré du ciel étoilé.
Écoutez-moi, ô hommes, le Roi règne éternellement.
Lui seul est Dieu, Créateur incontrôlé ;
Il a fixé le modèle de la forme humaine,
Et la nature de tous les mortels s’est-elle mélangée
Lui-même, générateur de (toute) vie.
Chaque fois qu’il viendra
Un feu enfumé sera dans l’obscurité de minuit.
[60-64. Cité par Lact., ii, 13 [L., 6, 324]. Dans ces derniers versets, nous pouvons noter des allusions à des passages de l’Écriture tels que Matt. XIX, 29 ; Luc XXII, 43 ; 2 Cor. XII, 4 ; Rév. II, 17 ; Ps. lxxviii, 24 ; CV, 40 ; Jean VI, 31.
QUATRIÈME FRAGMENT.
Ce fragment, constitué d’une seule ligne, se trouve dans Lactance, Div. Inst., vii, 24 [L., 6, 808].
CINQUIÈME FRAGMENT.
Ces lignes se trouvent dans Lactance, Div. ii, 12 [L., 6, 319], ainsi que dans la Préface anonyme.
SIXIÈME FRAGMENT.
Ce fragment se retrouve également dans Lactance, Div. Inst., vii, 19 [L., 6, 797].]
(48-48.)
[p. 263]
La Sibylle d’Érythrée, s’adressant à Dieu, dit : Pourquoi, Seigneur, m’imposes-tu la nécessité de prophétiser, et ne m’élèves-tu pas plutôt haut de terre et me préserve-t-il jusqu’au jour le plus béni de ta venue ?
SEPTIÈME FRAGMENT.
Ceci, que Rzach appelle un « fragment douteux », est cité comme une parole de la Sibylle d’Érythrée dans l’Oraison de Constantin à l’Assemblée des Saints, chap. XXI [G., 20, 1300].]
[p. 264]
Si le travail consacré à la lecture des écrits des Grecs apporte beaucoup d’avantages à ceux qui l’exécutent, puisqu’il peut rendre très instruits ceux qui travaillent à ces choses, il convient à plus forte raison que ceux qui possèdent une bonne intelligence consacrent continuellement leurs loisirs aux Saintes Écritures, qui parlent de Dieu et des choses qui profitent à l’âme, gagnant ainsi le double avantage de pouvoir profiter à la fois à eux-mêmes et à leurs lecteurs. Il m’a donc semblé bon d’exposer dans une série cohérente et ordonnée les soi-disant Oracles sibyllins, qui se trouvent dispersés et dans un état confus, mais qui sont utiles à la lecture et à la compréhension de ceux-ci (les Saintes Écritures) : afin qu’étant facilement réunis sous le regard des lecteurs, ils puissent apporter à ces derniers (lecteurs) en guise de récompense l’avantage qui doit en découler, en exposant de nombreuses choses nécessaires et utiles, et en rendant également leur étude plus approfondie. précieux et variés. Car (ces oracles) parlent aussi clairement du Père, du Fils et du Saint-Esprit, de la Trinité sacrée et vivifiante, et de la dispensation incarnée de notre Seigneur et Dieu et Sauveur Jésus-Christ, je veux dire sa naissance d’une vierge. sans émanation, et de
[1. Cette Préface ou Prologue suppose avoir été préparée par celui qui a rassemblé et classé ces oracles pseudépigraphiques dans l’ordre dans lequel ils nous sont parvenus. L’heure exacte de son écriture est inconnue. Alexandre (Excursus ad Sibyllina, chap. xv, pp. 421-433) soutient qu’il a probablement été écrit au sixième siècle, sous le règne de Justinien.]
[p. 265]
les actes de guérison accomplis par lui, ainsi que sa passion vivifiante, et sa résurrection d’entre les morts le troisième jour, et le jugement à venir, et la récompense pour ce que nous avons tous fait dans cette vie ; en outre (ces oracles) exposent clairement ce qui est fait connaître dans la Mosaïque, les écrits et dans les livres des prophètes concernant la création du monde, et la formation de l’homme, et son expulsion du jardin et sa formation actuelle dans l’au-delà. Concernant certaines choses qui ont été ou qui seront peut-être encore à venir, ils prophétisent de diverses manières ; et en un mot, ils peuvent dans une large mesure profiter à leurs lecteurs.
Sibylle est un mot latin signifiant prophétesse, ou plutôt devin ; c’est pourquoi les femmes devins étaient appelées par un seul nom. Or, selon de nombreux auteurs, les Sibylles sont apparues en différents temps et lieux, au nombre de dix. Il y eut d’abord le Chaldéen, ou plutôt le Persan (Sibylle), dont le nom propre est Sambethe. Elle appartenait à la famille du bienheureux Noé et aurait prédit les exploits d’Alexandre de Macédoine ; Nicanor, qui a écrit la vie d’Alexandre, la mentionne. Le second était le Libyen, dont Euripide fait mention dans la préface de (sa pièce) la Lamia. Le troisième était le Delphien, né à Delphes et dont parle Chrysippe dans son livre sur la divination. Le quatrième était l’Italien, au Cimmérie en Italie, dont le fils Evander fonda à Rome le sanctuaire de Pan qu’on appelle le Lupercal. Le cinquième était l’Érythréen, qui prédit la guerre de Troie, et dont Apollodore l’Érythréen rend un témoignage positif. Le sixième était le Samien, dont le nom propre est Phyto, dont Ératosthène a parlé. Le septième était le Cumman, appelé Amalthée, également Hérophile, et en certains endroits Taraxandra. Mais Virgile appelle la Cumæan Sibyl Deiphobe, fille de Glaucus. Le huitième était l’Hellespontine, né au
[p. 266]
village de Marpessus, près de la petite ville de Gergithion, qui, selon Héraclide du Pont, était autrefois, du temps de Solon et Cyrus, dans les limites de la Troade. Le neuvième était le Phrygien, et le dixième le Tiburtin, nommé Albunæa.
On raconte en outre que la Sibylle de Cumée apporta un jour neuf livres de ses oracles à Tarquinius Priscus, qui était alors roi des Romains, et lui demanda trois cents pièces d’or. Mais après avoir été complètement dédaignée, et sans même être interrogée sur ce qu’ils étaient, elle en livra trois au feu. De nouveau, lors d’une autre audience avec le roi, elle apporta les six livres restants et exigea toujours le même montant. Mais n’étant pas jugée digne d’attention, elle en brûla encore trois autres. Puis, une troisième fois, apportant les trois qui restaient, et demandant le même prix, elle dit que s’il ne voulait pas se les procurer, elle les brûlerait aussi. Alors, dit-on, le roi les examina et fut étonné, et leur donna cent pièces d’or, les prit en charge et demanda les autres. Mais elle déclara qu’elle n’avait ni l’égale de ceux qui furent brûlés, ni aucune connaissance de ce genre en dehors de l’inspiration, mais que certaines personnes de diverses villes et pays avaient parfois extrait ce qu’elles estimaient nécessaire et utile, et cela par pure inspiration. ces extraits devraient être rassemblés. Et cela (les Romains) l’ont fait le plus rapidement possible. Car ce qui a été donné par Dieu, bien que véritablement mis dans un coin, n’a pas échappé à leur recherche. Et les livres de toutes les Sibylles furent déposés dans la capitale de la Rome antique. Celles de la Sibylle de Cumée étaient cependant cachées et peu connues, parce qu’elle annonçait plus particulièrement et plus clairement les choses qui devaient arriver en Italie, tandis que les autres étaient connues de tous. Mais ceux qui ont été écrits par la Sibylle d’Érythrée portent le nom de
[p. 267]
on lui a donné de l’endroit; tandis que les autres livres sont sans inscription pour indiquer qui est l’auteur de chacun, mais sont sans distinction (de paternité).
Or Firmianus, étant un philosophe estimé et un prêtre de la capitale susmentionnée, ayant regardé vers le Christ, notre lumière éternelle, a consigné dans ses propres ouvrages les choses dites par les Sibylles concernant la gloire ineffable, et a habilement exposé le insensé de l’erreur hellénique. Son exposé énergique est en langue italienne, mais les vers sibyllins ont été publiés en langue grecque. Et pour que cela ne paraisse pas incroyable, je vais produire le témoignage de l’homme mentionné ci-dessus,[2] qui est de cette manière :
« Dans la mesure où les oracles sibyllins qui se trouvent dans notre ville non seulement, comme étant très abondants, sont tenus en basse estime par ceux des Grecs qui les connaissent (car ce sont les choses rares qui sont tenues en honneur), mais aussi, comme tous les vers ne respectent pas la précision du mètre, leur crédit est moindre. Mais ce n’est pas la faute de la prophétesse, mais celle des sténographes qui n’ont pas pu suivre le rythme des paroles de la Sibylle, ou qui n’étaient pas instruits, car sa mémoire des choses qu’elle avait dites cessa avec le charme de l’inspiration. C’est ce que Platon avait également en vue lorsqu’il dit que (les prophètes) traitent correctement de nombreuses et grandes choses alors qu’ils ne savent rien des choses de dont ils parlent. »
[1. Référence à Firmianus Lactantius, contemporain de Dioclétien et Constantin (circ. 284-325 après JC), connu pour ses nombreuses citations des Oracles sibyllins. Voir l’index de ce volume.
2. Cette référence semble être au Firmianus Lactantius que nous venons de mentionner, mais le passage cité ne se trouve pas dans les écrits de cet auteur ; il s’agit plutôt d’une reproduction libre de la partie finale du trente-septième chapitre du discours exhortatoire de Justin Martyr aux Grecs. Le lecteur trouvera l’intégralité de ce chapitre aux pages 272 et 273 de cette annexe.]
[p. 268]
Nous produirons donc autant que possible de ces oracles apportés à Rome par les ambassadeurs (de Tarquin). Or, concernant le Dieu qui est sans commencement, on a déclaré ces choses :
Un Dieu unique, qui règne seul, immense, à naître.
Mais Dieu seul est Un, le plus élevé de tous,
Qui a fait le ciel, le soleil, les étoiles et la lune,
Terre fruitière et flots marins.
Lui seul est Dieu, Créateur incontrôlé ;
Il a fixé le modèle de la forme humaine,
Et la nature de tous les mortels s’est-elle mélangée
Lui-même, générateur de (toute) vie.
Cela (la Sibylle) a dit soit en partant du principe que l’union (mari et femme) devient une seule chair, soit en pensant que des quatre éléments opposés les uns aux autres, Dieu a façonné le monde et l’homme.
[p. 269]
L’UN des récits les plus complets des Sibylles que nous possédons est celui qui se trouve dans les écrits de Firmianus Lactance (Divine Institutes, livre i, chap. vi; Migne, LP, vol. vi, 140-147). L’auteur de la « Préface anonyme » ci-dessus a probablement tiré son récit des Sibylles de ce père latin, qui a prospéré vers la fin du troisième siècle de notre ère, et qui se réfère à Varro comme son autorité. Ce passage semble également avoir été la principale source d’information pour les écrivains ultérieurs, et nous fournissons ici au lecteur une traduction du texte latin de Migne :
"Marcus, Varron, que personne de plus savant n’a jamais vécu, ni parmi les Grecs, ni même parmi les Latins, dans les livres sur des sujets sacrés qu’il a écrits à Caius César, le grand pontife, lorsqu’il parlait des Quindecemviri,[ 1] dit que les livres sibyllins n’étaient pas l’œuvre d’une seule Sibylle, mais étaient appelés par un seul nom, Sibylline, puisque toutes les femmes prophètes étaient appelées Sibylles par les anciens, soit du nom de celle de Delphes, soit du fait qu’elles annonçaient le conseils des dieux. Car dans la manière de parler éolique, ils appellent les dieux sious ({grec siou’s}), et non theous ({grec ðeou’s}) et le conseil n’est pas boule ({grec boulh’}), mais bule ({grec bulh’}); et ainsi Sibyl se prononce comme siobule ({grec siobulh’}). Mais les Sibylles étaient au nombre de dix, et il les énuméra toutes sous les auteurs qui avaient écrit sur chacune. Et il y eut d’abord le Persan, dont parle Nicanor, qui écrivit l’histoire d’Alexandre de Macédoine, le second fut le Libyen, dont parle Euripide dans le prologue de la Lamia ; le troisième était le Delphien, dont parle Chrysippe dans le livre qu’il a composé sur la divination ; le quatrième était le Cimmérien d’Italie, que Nævius dans ses livres sur la guerre punique et Pison dans ses annales, le cinquième était l’Erythrée, dont Apollodore d’Erythrée affirme avoir été sa propre compatriote et avoir prophétisé aux Grecs qui étaient se déplaçant contre Ilium à la fois et contre Troie
[1. Les Quindecemviri étaient un collège, ou conseil de quinze prêtres, à qui le soin des livres sibyllins était confié à Rome.]
[p. 270]
serait détruit et qu’Homère écrirait des mensonges ; le sixième était le Samien, dont Eratosthène écrit qu’il avait trouvé quelque chose d’écrit dans les anciennes annales des Samiens ; la septième était la Cumæenne, nommée Amalthée, que d’autres appellent Démophile ou Hérophile. Elle apporta neuf livres au roi Tarquinius Priscus et lui demanda trois cents pièces d’or, mais le roi méprisa la grandeur du prix et se moqua de la folie de la femme. Elle en brûla alors trois, à la vue du roi, et demanda le même prix pour le reste ; mais Tarquinius pensait d’autant plus que cette femme était folle. Mais quand de nouveau, en ayant détruit trois autres, elle persista au même prix, le roi fut ému et acheta ce qui restait pour trois cents pièces d’or. Ensuite, leur nombre fut augmenté, la capitale étant reconstruite, car ils furent rassemblés. de toutes les villes d’Italie et de Grèce, et surtout d’Érythrée, et amenées à Rome au nom de la Sibylle qu’elles furent par hasard. La huitième Sibylle était l’Hellespontine, née en pays troyen, dans le village de Marpessus, près de la ville de Gergitha. Héraclide du Pont écrit qu’elle a vécu à l’époque de Solon et de Cyrus. Le neuvième était le Phrygien, qui prophétisait à Ancyre ; la dixième était la Tiburtine, nommée Albunea, qui est vénérée à Tibur comme une déesse, près des rives de la rivière Anio, dans laquelle on dit qu’on a trouvé son image tenant un livre à la main. Ses réponses oraculaires, le Sénat les a transférées au Capitole. »
Jusqu’à présent, Lactance semble citer substantiellement Varro, puis il ajoute, comme s’il apportait des informations complémentaires, ce qui suit :
De toutes ces Sibylles, les chants sont à la fois rendus publics et utilisés, à l’exception de ceux du Cumman, dont les livres sont tenus secrets par les Romains ; ils ne considèrent pas non plus qu’il est légal qu’ils soient inspectés par quiconque, à l’exception des Quindecemviri. Et il y a des livres uniques de chacun qui, parce qu’ils portent le nom d’une Sibylle, sont censés être l’ouvrage d’une seule ; et il y en a aussi des noms confus, et il n’est pas non plus possible de discerner et d’attribuer à chacun le sien, sauf celui de l’Érythrée, qui à la fois a inséré son propre vrai nom dans sa chanson et a prédit qu’elle s’appellerait l’Érythrée, bien qu’elle est né à Babylone. . . . Toutes ces Sibylles proclament un seul Dieu, mais surtout l’Érythréen, qui passe entre les autres pour le plus distingué.
[1. Denys Halicarnasseus rapporte également cette histoire de Tarquin et de la Sibylle, et ajoute qu’après avoir livré les livres, elle disparut parmi les hommes. — Antiq. Rom., iv, 62.]
[p. 271]
et noble, puisque en effet Fenestella, un écrivain très soigné, parlant du Quindecemviri, dit qu’après la restauration du Capitole, le consul Caius Curio proposa au Sénat d’envoyer des ambassadeurs en Érythrée, qui chercheraient les chants de la Sibylle et les rapporteraient. à Rome. C’est ainsi que Publius Gabinius, Marcus Otacilius et Lucius Valerius furent envoyés et qu’ils apportèrent à Rome environ mille vers écrits par des particuliers.
[p. 272]
LE récit suivant de la Sibylle et de ses oracles constitue le trente-septième chapitre entier d’un traité intitulé Adresse d’exhortation aux Grecs ({grec Lo’gos parainetiko`s pro`s E`'llhnas}), habituellement publié parmi les œuvres de Justin Martyr. Il apparaît dans la Greek Patrology de Migne, vol. vii 308, 309. L’auteur de la « Préface anonyme » cite la substance de la partie finale et semble l’avoir considérée comme un témoignage de Firmianus Lactantius. Sa véritable paternité est incertaine.
Vous pouvez très facilement apprendre la vraie religion, en partie au moins, de l’ancienne Sibylle, qui vous enseigne par ses oracles et par une certaine inspiration puissante des choses qui semblent être voisines de l’enseignement des prophètes. On dit qu’elle était d’origine babylonienne, étant la fille de Bérose, qui a écrit l’histoire chaldéenne ; et après avoir traversé (je ne sais comment) les régions de la Campanie, elle y prononça ses oracles dans une ville appelée Cumæ, à six milles de distance de Baiæ, où se trouvent les sources chaudes de la Campanie. Etant dans cette ville, nous vîmes aussi un certain endroit, dans lequel était montrée une très grande basilique faite d’une seule pierre, une très grande affaire et digne de toute admiration. Là, ceux qui l’ont reçu comme tradition de leurs ancêtres disent que la Sibylle annonçait ses oracles. Et au milieu de la basilique, ils nous montrèrent trois réservoirs faits d’une seule pierre, dans lesquels, lorsqu’ils étaient remplis d’eau, ils disaient qu’elle se baignait, et qu’après avoir remis son vêtement, elle avait l’habitude d’entrer dans la chambre la plus intérieure de la basilique. basilique, faite d’une seule pierre, et assise au milieu de la salle sur une haute estrade et sur un trône, elle proclamait ainsi ses oracles. De cette Sibylle comme prophétesse, beaucoup d’autres écrivains ont également fait mention, et Platon aussi dans sa Phèdre. Et Platon, lorsqu’il lisait ses oracles, me semble avoir considéré les récitateurs d’oracles comme divinement inspirés. Car il voyait que les choses dont elle avait parlé autrefois s’accomplissaient réellement ; et c’est pourquoi dans le dialogue avec Ménon [99], exprimant l’admiration et l’éloge des prophètes pour leurs paroles, il a ainsi écrit : « Nous pourrions vraiment nommer comme divins ceux que nous appelons
[p. 273]
prophètes. Il ne faut pas moins dire qu’ils sont divins et profondément inspirés et possédés de Dieu lorsqu’ils parlent véritablement de nombreuses et grandes choses, sans rien savoir des choses dont ils parlent ; " faisant clairement et évidemment référence aux oracles de la Sibylle. Car elle était différente des poètes, qui après l’écriture de leurs poèmes ont le pouvoir de corriger et d’affiner, notamment l’exactitude des mètres, mais au moment de son inspiration elle était remplie avec les choses de sa prophétie, et lorsque le charme de l’inspiration a cessé, sa mémoire des choses dites a également cessé. C’est pourquoi tous les mètres des vers de la Sibylle n’ont pas été conservés. Car nous-mêmes, étant dans le ville, apprit des guides qui nous montrèrent les lieux où elle rendait ses oracles, qu’il y avait aussi un vase en bronze dans lequel, disaient-ils, ses restes étaient conservés. Et outre tout ce qu’ils racontèrent, ils nous dirent aussi ceci : comme ayant entendu dire par leurs ancêtres que ceux qui recevaient les oracles à cette époque, étant sans instruction, manquaient souvent complètement de l’exactitude des mètres, et c’était, disaient-ils, la raison du manque de mètre dans certains des versets, le prophétesse après la cessation de sa possession et de son inspiration n’ayant aucun souvenir de ce qu’elle avait dit, et les écrivains n’ayant pas réussi, faute d’éducation, à conserver l’exactitude des mètres. Il est donc évident que Platon a dit cela des récitants d’oracles en référence aux oracles de la Sibylle ; car il disait ainsi : « Quand ils parlent véritablement de nombreuses et grandes choses, sans rien savoir des choses dont ils parlent. »[1]
[1. Platon, Méno, 99.]
[p. 274]
L’acrostiche du livre VIII, 284-330 (texte grec, 217-250), est de nature à attirer une attention et un intérêt particuliers. Bon nombre des premières monographies publiées concernant les vers sibyllins grecs donnaient le texte de cet acrostiche avec des observations explicatives. Augustin, dans le dix-huitième livre de son de Civitate Dei (chap. xxiii), cite les vingt-sept premières lignes d’une traduction latine qui vise à conserver la forme acrostiche du texte grec. Il observe en outre que « les vers sont vingt-sept, ce qui est le cube de trois. Car trois fois trois font neuf, et neuf lui-même, s’il est triplé, de manière à s’élever du carré superficiel au cube, revient à vingt-sept ». Mais si vous joignez les premières lettres des cinq mots grecs ({grec I?hsou~s Xristo’s Ðeou~ ui’o`s Swth’r}}) qui signifient : « Jésus-Christ, le Fils de Dieu, le Sauveur, ’ ils feront le mot {grec i?xðu’s}, c’est-à-dire poisson, mot dans lequel le Christ est mystiquement compris, parce qu’il a pu vivre, c’est-à-dire exister, sans péché dans l’abîme de cette mortalité comme au fond des eaux. »
La version suivante des vingt-sept lignes mentionnées ci-dessus est tirée de la traduction par Marcus Dods du De Civitate Dei d’Augustin dans la « Bibliothèque sélective des pères nicéens et post-nicènes ». Le lecteur remarquera que le nom du Christ est écrit sous la forme grecque allongée {grec Xreisto’s}.
{grec I} Le jugement humidifiera la terre avec la sueur de son étendard,
{Grec H} Toujours durable, voici, le roi viendra à travers les âges,
{Grec S} Envoyé pour être ici dans la chair et juger au dernier monde.
{Grec O} O Dieu, les croyants et les infidèles te verront
{Grec U} Élevé avec les saints, quand enfin les âges seront terminés,
{Grec S} Avant lui se trouvent des âmes dans la chair pour son jugement
[p. 275]
{Grec X} Caché dans d’épaisses vapeurs, tandis que la terre est désolée,
{Grec R} Les hommes rejettent les idoles et les trésors longtemps cachés ;
{Grec E} La Terre est consumée par le feu, et elle sonde l’océan et le ciel ;
{Grec I} Sortant, il détruit les terribles portes de l’enfer.
{Grec S} Les saints dans leur corps et leur âme, la liberté et la lumière hériteront
{Grec T} Ceux qui sont coupables brûleront dans le feu et le soufre pour toujours.
{Grec O} Actions occultes révélatrices, chacun doit publier ses secrets
{Grec S} Les secrets du cœur de chaque homme, Dieu les révélera dans la lumière.
{Grec Ð} Alors il y aura des pleurs et des gémissements, oui, et des grincements de dents ;
{Grec E} Le soleil est éclipsé et les étoiles ont été réduites au silence dans leur chœur.
{Grec O} Fini la splendeur du clair de lune, le ciel a fondu.
{Grec U} Par lui, les vallées sont élevées et les montagnes sont abattues.
{Grec U} Les distinctions entre les hauts et les bas ont complètement disparu parmi les hommes.
{Grec I} Dans les plaines se précipitent les collines, les cieux et les océans se mélangent.
{Grec O} O, quelle fin de toutes choses ! la terre brisée périra ;
{Grec S} Gonflant ensemble à la fois, les eaux et les flammes couleront dans les rivières.
{Grec S} Sonnant, la trompette de l’archange sonnera du ciel,
{Grec W} Sur les méchants qui gémissent dans leur culpabilité et leurs multiples chagrins.
{Grec T} Tremblante, la terre s’ouvrira, révélant le chaos et l’enfer.
{Grec H} Chaque roi devant Dieu se tiendra ce jour-là pour être jugé.
{Grec R} Des rivières de feu et de soufre tomberont des cieux.
La version suivante des mêmes vingt-sept lignes est tirée de la Christian Review, vol. XII, 1848, p. 99.
{Grec I} Le jugement est imminent. Lo! la terre pue la sueur ;
{Grec H} Lui, le roi destiné des âges futurs, vient ;
{Grec S} Bientôt, il descend : le Juge sous forme humaine.
{Grec O} Le Dieu accélère : ses amis et ses ennemis le contemplent.
{Grec U} Vengeance qu’il porte, intronisant avec ses saints.
{Grec S} Voyez comment les morts prennent leurs formes anciennes.
{Grec X} Encombré de haies épineuses se trouve le monde désolé et morne
{Grec R} Les dieux idoles sont ruinés ; ils méprisent leurs tas d’or.
{Grec E} Même la terre, la mer et le ciel seront consumés par un feu déchaîné.
{Grec I} Ses flammes pénétrantes briseront les portes de l’enfer.
{Grec S} Brillant dans la lumière, voici les saints immortels.
{Greek T} Tournez-vous vers les coupables, brûlant dans des flammes sans fin.
{Grec O} Sur les actes cachés des ténèbres, aucun voile ne sera étendu.
{Grec S} Les pécheurs à leur Dieu révéleront leurs pensées secrètes.
[p. 276]
{Grec Ð} Il y aura des lamentations amères ; là, ils grincent des dents.
{grec E} Les nuages d’ébène voilent le soleil ; les étoiles leur chœur cesse ;
{Grec O} Au-dessus de nos têtes, les cieux ne roulent pas, les splendeurs lunaires s’estompent.
{Grec U} Sous les montagnes se trouvent ; les vallées touchent le ciel.
{Grec U} Inconnu des hauteurs ou des profondeurs de l’homme, puisque tous doivent se prosterner.
{Grec I} Dans le golfe sombre de l’océan coulent les montagnes et les plaines.
{Grec O} L’Ordre rejette son empire ; la création se termine dans le chaos.
{Grec S} Les rivières gonflées et les fontaines jaillissantes sont consumées par les flammes.
{Grec S} La trompette sonne de façon stridente ; son souffle déchire le ciel.
{Grec W} O, effrayants sont les gémissements, les chagrins des condamnés.
{Grec T} Les profondeurs chaotiques tartares que la terre béante révèle.
{Grec H} Les monarques tant vantés de la Terre se tiendront devant le Seigneur.
{Grec R} Des rivières de soufre roulent et des flammes descendent dans le ciel.
La version suivante du Christian Remembrancer, vol. XLII, 1861, p. 287, s’accorde avec l’ordre des premières lettres anglaises des mots JÉSUS-CHRIST, FILS DE DIEU, LE SAUVEUR, LA CROIX :
Le jugement est proche, la terre transpirera de peur
Roi éternel, le juge viendra en haut ;
Doit condamner toute chair; fera apparaître le monde
Dévoilé devant son trône. Lui à tous les yeux
Doit, juste ou injuste, voir en majesté.
Le temps consommé verra les saints se rassembler,
Ses propres évaluateurs ; et les âmes des hommes
Autour du grand siège du jugement gémira et tremblera
Dans la crainte d’une condamnation. Et la terre verte alors
Doit se transformer en désert ; ceux qui voient ce jour
Leurs dieux rejetteront les taupes et les chauves-souris.
La mer, la terre et le ciel, et les portes redoutables de l’enfer brûleront ;
Obéissant à leur appel, les morts reviennent ;
Le juge ne discernera pas non plus une condamnation inappropriée ;
Des chaînes et des ténèbres pour chaque âme méchante ;
Pour ceux qui ont fait le bien, le pôle étoilé.
Grincements de dents, malheur et désespoir féroce
De ceux qui entendent le juste juge déclarer
Des actes oubliés depuis longtemps, que ce dernier jour dévoilera.
[p. 277]
Puis, quand il fait voir chaque sein obscur,
Les étoiles du ciel tomberont ; et le jour se transforme en nuit ;
Effacé le rayon du soleil et la pâle lumière de la lune.
Certes, il élèvera les vallées en haut;
Toutes les collines cesseront, toutes les montagnes se transformeront en plaine ;
Le navire ne passera plus par les voies navigables ;
Dans la terreur desséchée par les éclairs, la terre s’enflammera,
Les rivières Ogygiennes cherchent en vain à couler ;
Malheur indicible le son de la trompette,
En écho à travers l’éther, il faudra prévoir.
Alors le Tartare enveloppera le monde de ténèbres,
Les grands chefs et les princes recevront leur châtiment,
Feu éternel et soufre pour leur tombeau.
Couronne du monde, Bois doux, corne du salut,
Élevant sa beauté, l’homme naîtra;
Ô Bois, que les saints adorent et que les pécheurs méprisent !
Ainsi, de douze fontaines sa lumière sera versée ;
Bâton du Berger, une épée victorieuse.
[p. 278]