© 2016 Ade Awoyinka
© 2016 Association Francophone des Lecteurs du Livre d'Urantia
Rencontre avec Ade Awoyinka | Le Lien Urantien — Numéro 76 — Décembre 2016 — Table des matières | Le Livre d'Urantia au Cameroun |
Quand je suis devenue une chrétienne nouveau-née dans les années soixantedix en Afrique, je fus élevée dans la peur de deux choses: aller dans le feu de l’enfer et rater la parousie. Il s’y ajoutait d’autres craintes en chemin telles que me souiller par diverses activités avec lesquelles je ne vais pas vous ennuyer, et aussi l’oppression démoniaque. Je refuse de craindre le prétendu pouvoir de la sorcellerie parce que je n’en comprends pas vraiment le mécanisme, mais je comprends bien les effets secondaires de la peur sur le mental d’une personne.
Nous, les Africains/Africaines, avons beaucoup à craindre. Notre vie quotidienne peut sembler précaire et dangereuse. Le risque de conflits ethnique ou religieux est toujours présent, de pauvres résultats économiques peuvent soudain anéantir la sécurité financière, la maladie sans accès à des soins médicaux adéquats peut supprimer la vie de nos amis, de nos amis et camarades, de nos ainés… trop rapidement; des maladies physiques ou mentales soudaines et inexpliquées aux effets personnels dévastateurs; de misérables infrastructures qui rendent les voyages par route, avion ou bateau inutilement dangereux etc. Et je pourrais poursuivre. Notre existence fragile, je crois, a fait de nous des personnes qui craignent Dieu et sont en même temps reconnaissantes. Il faut respecter cela.
Mais dans quelle mesure permettons-nous à la peur de subsumer et dominer au point qu’elle nous aveugle face aux assurances du pouvoir de Jésus Christ dans la Bible? [^1] De nombreuses affections sont attribuées à l’influence du démon ou comme résultat de la sorcellerie. J’ai bien peur que la peur elle-même soit le problème dont nous devrions chercher à être délivré.
Je me prends moi-même comme exemple; J’ai permis à la peur des démons de dominer si complètement ma vie que la chose que je craignais est devenue une réalité et que pendant longtemps j’ai été convaincue, avec d’autres, que j’étais soumise à la domination de démons et j’ai subi de nombreux désenvoutements. J’ai souffert de sévères troubles du sommeil allant jusqu’aux hallucinations. Cela me semblait réel et c’était épuisant. Je ne parvenais pas à dormir plus que quelques heures par nuit. Le sommeil est mon passetemps favori après la nourriture. Je suis le type de personne ayant besoin de 8 heures de sommeil par nuit.
Je ne parvenais pas à comprendre pourquoi je ne pouvais pas être libérée de ce mal. Même maintenant il m’est douloureux de me rappeler les occasions où je pleurais amèrement devant Dieu, de me rappeler l’angoisse ressentie. Dans toute ma prétendue possession, j’étais incapable d’entendre les mots tranquilles qui rassurent: que je devais lutter contre la peur avec l’épée de foi, car on ne peut pas mettre du vin nouveau dans de vieilles outres. Avant de pouvoir commencer à comprendre l’Esprit, mon mental devait être rénové et libéré des liens de la peur. Je souhaiterais pouvoir dire que j’ai vu la lumière tout d’un coup. Eh bien, c’est vrai, mais j’ai vu la lumière naitre lentement tout comme le lever du soleil supplante inexorablement la nuit.
« Il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix. . » 1 Colossiens 2:15
C’était après que j’ai eu des migraines et que les cachets que l’on m’avait prescrits m’aient aidé à dormir et fait penser que si c’était une possession démoniaque, comment se faisait-il qu’elle soit vaincue par des produits chimiques faits par les hommes? Cependant, un jour j’ai compris pourquoi Dieu ne me « délivrerait pas ». Cela aurait perpétué la peur et j’aurais eu encore plus peur. Un commentaire fait par hasard par un médecin, selon qui ma condition était très commune et devient de plus en plus reconnue comme paralysie du sommeil, m’a beaucoup aidé.
Pourquoi vous raconter cela? Nous, les Africains/africaines, tout comme les autres personnes, avons tendance à craindre ce que nous ne comprenons pas même s’il y a une explication scientifique. Nous attribuons tant au travail du diable, aux activités démoniaques, à la sorcellerie etc. alors que ces accidents sont dus au temps et font partie de notre existence dans un monde imparfait. Je crois que l’Afrique est au bord d’une nouvelle révélation de Dieu qui va à la fois étonner et mettre au défi nos croyances. Elle va nous libérer mais exigera de nous le courage de faire confiance et de croire. Elle nous assurera que Jésus Christ a bel et bien défait le diable et que nul démon ne peut harasser un quelconque être humain. Ces rebelles ont été totalement défaits. C’est une bonne nouvelle en vérité, mais cela nous pose un problème parce que cela exige la responsabilité personnelle. Lorsque les choses ne vont pas dans mon sens, si je ne peux pas désigner les œuvres du diable, alors, qui puis-je accuser? Personne! Je prends la responsabilité de travailler avec Dieu dans une communion adoratrice pour tenter de rétablir les choses. C’est une vente agressive mais quand les choses vont mal c’est pour nous aider à penser différemment. Quand parfois je ne peux pas dormir, je n’accuse plus le diable, au lieu de cela j’accuse la peur.
On nous apprend à juste titre que la crainte de Dieu est le commencement de la sagesse mais sommes-nous maintenant assez sages pour nous affranchir de la religion de la peur pour aller vers la nouvelle religion révélatoire de l’amour et de la foi personnelle?
Ade Awoyinka Londres, Septembre 2016
Nigéria: Quelques Statistiques
Population en 1950: | 25 millions |
Population en 2016: | 186 millions |
Population en 2050: | 400 millions |
Population en 2100: | 740 millions |
Densité 2016 | 201 hab . / km2 |
Densité 2100 | 801 hab . / km2 |
Religions: Chrétiens : | 40% |
Musulmans: | 40% |
Ancestrales: | 20% |
Taux de fertilité enfant/femme: 2000: 6,1; 2016: 5,8; 2050: 3,5; 2100: 2,2.
Espérence de vie: 2000 : 47 ans; 2016 : 52 ans; 2050 : 63 ans; 2100 : 72 ans
Mortalité infantile d’enfant de moins de 5 ans en : 2016 : 18%
Taux d’alphabétisation : 57% en 2005.
Rencontre avec Ade Awoyinka | Le Lien Urantien — Numéro 76 — Décembre 2016 — Table des matières | Le Livre d'Urantia au Cameroun |