© 2024 Ángela Figuera Aymerich
© 2024 Association Urantia d'Espagne
Seigneur, si je ne te chante pas, ne te fâche pas.
Tu vois, je n’ai le temps pour rien.
Il faut vivre, marcher, être avec les gens ;
regarde la forêt, la mer ; grimper en hauteur,
douleurs, escaliers; descendre dans les sous-sols,
abîmes, mines, puits, cœurs ;
entrer dans les ateliers et les cuisines ;
semis, récolte, manipulation des métaux,
sculpture sur roche, rabotage du bois;
transpirer au soleil, se mouiller sous la pluie ;
ouvrez les fenêtres, maintenez le feu allumé ;
cuire du pain, crier le long des routes ;
endormir l’enfant, raccommoder les vêtements ;
faire le deuil des morts et apprendre
la mort elle-même un peu chaque jour.
Tu n’as pas besoin de moi, tu as tes saints ;
les chœurs de vos Vierges et de vos Archanges
Ils te louent et te bénissent dans leur gloire.
Mais qui chante pour celui qui n’est qu’un homme ?
Vos champs célestes
les lys blancs fleurissent, sans hiver.
Mais qui apporte des lys dans la maison du pauvre homme ?
Les étoiles s’arrêtent sur ton front.
Mais qui fait tomber la foudre ?
du soleil aux prisons sans portes ?
L’Ange s’agenouille devant Marie.
Mais qui dit à la mère pécheresse
« Béni soit le fruit de tes entrailles » ?
Avec de l’or, de l’encens et de la myrrhe
les Mages vous enrichissent au berceau.
Mais qui s’agenouille ?
et donner tes trésors aux enfants aux pieds nus ?
Ta main est levée
et l’eau est du vin, le pain est sans fin.
Mais qui met les nappes ?
dans la maison de la veuve
et qui offre une lueur d’espoir
à ceux qui veillent tard le soir ?
Vous voyez : il y a tant à faire ici-bas ;
Je dois les remonter tous les jours
à tant de cœurs et de montres.
Je dois marcher dans la rue à la recherche de
à tant de mes enfants et leur dire
les choses qu’ils savent déjà, les choses qu’ils ne savent pas,
enlève les cailloux de leurs yeux,
mettre une étoile dans leurs cheveux,
Parlez-leur de la force de leurs mains,
et la belle couleur de son sang,
de la chanson qu’ils portent dans leur bouche
du monde de demain et de ses enfants.
Vous voyez : il n’y a plus de temps pour rien.