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L’histoire de Tupperware illustre parfaitement le rêve américain : le fameux American way of life. Son fondateur, Earl Tupper, est une personnalité d’origine modeste qui, grâce à une « bonne » idée (le récipient hermétique), va bâtir un empire avec cette notion que chacun peut réussir à force de volonté ! Son rêve est de faire gagner du temps aux femmes, c’est toujours — une question centrale pour elles. Dans les années quarante, gagner du temps repose sur une bonne organisation. Les « Bols Merveilleux » et autres récipients Tupperware permettent de conserver les aliments, mais aussi de mieux s’organiser en cuisine. On parle d’« optimiser » son temps. Cela passe par le choix des aliments, leur conservation, leur rangement. Tupperware, c’est Brownie Wise également qui, dans l’Amérique des années cinquante, est la preuve qu’une femme peut réussir. En 1954, elle est ainsi la première femme à faire la couverture de Business Week qui la déclare « femme d’affaires de l’année ». Une belle réussite pour cette mère divorcée qui a commencé à vendre des Tupperware afin de payer les factures médicales de son fils malade…
Dans les années soixante, comme aujourd’hui, le principe de Tupperware de faire progresser en interne les femmes qui travaillent pour la marque va dès lors apparaître comme une réelle opportunité d’ascension professionnelle. La politique de recrutement de Tupperware est de donner la possibilité à des femmes qui n’ont pas forcément fait de longues études d’obtenir un emploi. Lorsque l’on est présentatrice Tupperware, ce ne sont pas les diplômes qui permettent de progresser (aucun recrutement ne se fait sur CV), mais l’implication dans le métier. Les emplois proposés par les concessions de la marque Tupperware vont permettre à des mères de famille de démarrer une activité professionnelle. Plus tard, Tupperware sera aussi une réponse pour concilier leur vie familiale et un emploi dans une société où les femmes sont de moins en moins nombreuses à s’arrêter de travailler en devenant mère.
Embellir leur quotidien, toutes les jeunes ménagères des années soixante en rêvent. Elles ont en effet un petit côté desperate housewives. Les loisirs pour elles sont assez peu développés. Leurs maris travaillent beaucoup. Aller au cinéma ou au restaurant relève encore de l’extraordinaire. Aussi, quand Tupperware arrive dans les foyers, il se produit une sorte de mini révolution. Car non seulement les produits Tupperware facilitent la vie des ménagères, mais aussi ils leur ouvrent de nouveaux horizons grâce aux réunions de vente à domicile. « A cette époque, que cela soit dans les milieux aisés ou plus simples, beaucoup de femmes n’ont pas confiance en elles. Elles sont des femmes au foyer et le regrettent, Les réunions Tupperware vont leur permettre de discuter entre elles. Pour certaines de travailler, chose qu’elles n’avaient jamais pensé possible. »
Tupperware est une entreprise atypique, bien ancrée dans son époque. Son organisation originale offre une chance unique à tous les hommes et femmes entreprenants et enthousiastes de travailler, sans aucune sélection à l’embauche, et de réussir. Son aventure se décline par: les produits innovants aux matières et design avant-gardistes, la vente directe et du réseau, l’usine et de l’innovation, des plastiques, des couleurs et des formes, des réunions Tupperware transformées en ateliers culinaires, l’usage des produits qui, du placard, sont passés au réfrigérateur, puis au congélateur, puis aux fours traditionnel et à micro-ondes, et enfin d’une diversification vers de nouvelles matières plastiques et des collections de casseroles et couteaux haut de gamme. L’entreprise s’est également montrée inventive et innovante en menant dès les années quatre-vingt une politique de développement durable grâce à ses produits en plastique à usages multiples.
Tupperware reste avant tout une entreprise humaine. À l’heure où, même aux caisses des supermarchés, la présence humaine se fait de plus en plus rare, l’atelier culinaire Tupperware reste un symbole de convivialité et d’humanité. Il entretient un lien social que la vie moderne et l’avènement du numérique et de la communication à distance ne cessent de distendre. Cela s’articule autour de l’expérience unique d’une relation forte avec les conseillères culinaires, les monitrices et les concessionnaires. Ce lien de la vente directe qui unit des destins autour de réussites personnelles et collectives est une vraie aventure humaine. Au fur et à mesure des années empreintes de chaleur, de plaisir et d’humanité naît la satisfaction sans doute la plus gratifiante qui soit : celle d’offrir aux autres une chance de s’épanouir et de réussir. Tupperware aurait ainsi participé à un processus d’homogénéisation sociale dans les grandes villes et leurs banlieues américaines en offrant des emplois à des femmes de la middle class, dont des femmes de couleur qui jusqu’ici avaient des difficultés à trouver un travail valorisant. Permettre à certaines d’entre elles de mettre en place leur « petite entreprise » personnelle, en parallèle de leur activité de mère de famille. À l’époque, cela a quelque chose de novateur.
Tupperware, c’est une grande famille qui repose sur la qualité des relations humaines. On découvre l’entreprise par le biais d’une amie qui vous invite à participer à un atelier culinaire que celle-ci organise A son tour, on devient « hôtesse » d’un atelier culinaire Tupperware, puis on décide de travailler pour la marque comme conseillère culinaire, pour devenir ensuite monitrice, et pourquoi pas concessionnaire. L’ascension professionnelle se construit à force de volonté, de réussite et d’enthousiasme. Elle peut être très rapide et brillante Car Tupperware, c’est « l’univers du possible ». Une formule qui, depuis 1961, est toujours valable pour celles qui décident de s’investir dans cette activité professionnelle
Mais pour s’investir il faut donner le meilleur de soi-même. Chez Tupperware c’est en premier lieu l’esprit de communauté qui unit tous les travailleurs autour de ses produits. Le réseau de vente Tupperware s’est bâti autour de la valorisation interne et beaucoup des concepts qui existent encore aujourd’hui ont perduré depuis leur mise en place par Brownie Wise. C’est elle qui déclarait en 1954 :« Si vous investissez dans les gens, alors ils investiront dans leur travail » L’idée ? En donnant sa chance à tous — sans distinction ni sélection quel que soit le niveau de qualification -, en les formant, ils n’en seront que plus motivés. C’est ainsi que Tupperware a toujours proposé des formations à sa force de vente. La formation pour donner confiance en soi… À l’issue des premières formations, les présentatrices Tupperware, qui n’avaient généralement pas fait d’études universitaires, se voyaient remettre des diplômes, parfois le premier de leur vie. Très symboliques, ces remises de diplômes sont très souvent des moments d’une grande émotion pour ces femmes en manque cruel de reconnaissance dans l’Amérique des années cinquante…
Selon « Tupperware, la saga française », Le Cherche Midi
Note de la rédaction (ndlr) : En gommant l’esprit de compétition et par trop mercantile de Tupperware, ne peut-on pas nous inspirer de son leadership et de la mise en action de ses valeurs humaines pour promouvoir l’enseignement des fascicules du LU ? Confier à nos moitiés (féminines) le soin de faire de telles réunions à domicile ?.. Pour sûr que cette boutade n’a d’autre utilité que de réfléchir aux préoccupations du moment !
Bénédicte Jourgeaud
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