© 2005 Carmelo Martínez
© 2005 Association Urantia d'Espagne
Évolution ou création ? Cette question ne signifie pas que nous allons rejeter la théorie de l’évolution et défendre certains créationnistes américains qui interprètent la Bible au pied de la lettre, qui souhaitent bannir les théories évolutionnistes des cadres éducatifs et qui sont souvent qualifiés d’ultraconservateurs en politique et de fondamentalistes en religion. Ce n’est pas le cas. L’évolution des espèces est une théorie bien établie dans la science moderne que personne, ou presque, ne remet en question. Il s’agit plutôt de souligner que, apparemment, le dernier mot sur cette théorie n’a pas encore été dit.
Pour présenter les points de vue suivants, il peut être utile de rappeler une certaine controverse apparue il y a quelques décennies concernant deux visions différentes de l’évolution des espèces.
Dans les années 1940, vers la fin de sa carrière de chercheur, un anthropologue jésuite français du nom de Pierre Teilhard de Chardin écrivit un long essai, résumant toute une vie d’études et de travail de terrain, intitulé Le Phénomène Humain (1955, Éditions du Seuil, Paris. Traduit en espagnol sous le titre «El Fenómeno Humano». Taurus Ediciones S.A., Madrid 1963). Dans cet ouvrage, il affirmait que l’évolution est une « flèche » et que toute la propagation et la succession des espèces sont « orientées » vers l’émergence de la conscience chez l’humanité. Il alla même plus loin, s’aventurant à étendre l’évolution à l’émergence de la supraconscience ; la convergence au point Oméga.
Des années plus tard, en 1970, paraît un autre essai, cette fois du biologiste Jacques Monod, intitulé « Le Hasard et la Nécessité » (Éditions du Seuil, Paris, 1970. Traduit en espagnol sous le titre « El Azar y la Necesidad », Barral Editores, Barcelone, 1970). Son auteur déclare dans l’un des chapitres de l’ouvrage :
«De nombreux esprits distingués, même aujourd’hui, semblent incapables d’accepter ou même de comprendre que d’une source de bruit, la sélection seule aurait pu extraire toute la musique de la biosphère»
Beaucoup ont compris cela comme une critique claire des thèses de Teilhard.
Il existe deux opinions, deux perspectives différentes sur l’évolution. D’un côté, ceux qui croient que l’évolution est orientée, dirigée par une force ou un mécanisme, vers l’émergence de l’humanité et de la conscience. De l’autre, ceux qui ne voient dans l’évolution que des mutations aléatoires et la sélection naturelle ; le hasard et la nécessité.
Cette dernière a clairement prévalu, peut-être grâce à la découverte des gènes et au développement de la théorie génétique, qui a fourni les mécanismes permettant d’expliquer leur fonctionnement. Elle a prévalu au point de surmonter les préjugés de nombreuses conceptions religieuses et de nombreuses églises.
Contrairement aux scientifiques modernes, Darwin ne connaissait ni les gènes ni le code génétique ; il ne pouvait donc pas trouver le mécanisme justifiant sa théorie de l’évolution des espèces. Aujourd’hui, nous savons que le code génétique est le « programme » qui régit le développement (la construction) d’un organisme, son maintien tout au long de la vie, et même son vieillissement, et donc sa longévité potentielle. Il détermine également les caractéristiques de cet organisme et sa capacité à réagir à l’environnement dans lequel il vit, et donc sa capacité à produire d’autres organismes possédant le même code (à se reproduire). En d’autres termes, il détermine si cet organisme est plus ou moins adapté à son environnement et, par conséquent, le nombre d’individus similaires qu’il sera capable de produire, et, par conséquent, si la variété à laquelle il appartient a plus ou moins de chances de survivre dans le temps.
Deux espèces différentes ont deux codes génétiques différents ; plus les deux codes sont similaires, plus les espèces sont proches.
Si le code est modifié pour une raison quelconque (par exemple, une radiation), une mutation se produit dans l’organisme résultant, qui sera différent de son ancêtre. Si cette mutation est plus adaptée, elle réagira plus favorablement (pour elle) à l’environnement, ce qui lui donnera plus de chances de se reproduire et consolidera ainsi la mutation. Dans le cas contraire, elle sera plus susceptible de disparaître.
Les mutations favorables s’accumuleront au fil du temps, donnant finalement naissance à une espèce différente.
Ce serait le mécanisme de l’évolution : une source de bruit (des changements aléatoires dans le code génétique) donne à la sélection naturelle (la reproduction en plus grande quantité de ceux qui sont les plus adaptés à l’environnement) la possibilité de composer toute la musique de la biosphère.
Il n’existe aucun mécanisme directeur de l’évolution ; rien ne détermine les changements dans le code génétique ; ce sont des perturbations externes aléatoires qui provoquent les mutations. Elles sont le fruit du hasard. Il n’existe aucun plan d’action ; personne n’a fixé d’objectif final ; c’est l’évolution naturelle « aveugle » qui accomplit l’œuvre de l’évolution. Elle est le résultat de la nécessité.
Mais il semble que tout n’ait pas été dit sur l’évolution des espèces. En parcourant récemment les messages des forums hispanophones de l’AIU, j’ai trouvé un sujet dans le forum des contributions des lecteurs intitulé « Évolution et vecteurs de vie ». Le premier message (www.librodeurantia.org/forums/aiu/index.php?showtopic=286) faisait référence à une étude sur un possible mécanisme déterministe de l’évolution biologique. J’ai trouvé les commentaires intéressants et j’ai décidé de lire l’étude. Le texte anglais de l’étude est disponible à l’adresse www.mdpi.net/entropy/papers/e6010223.pdf (J’ai une traduction espagnole disponible pour toute personne susceptible d’être intéressée).
La lecture de cette étude m’a rappelé le dilemme déterminisme-hasard de Teilhard et Monod, ainsi que ce que Le Livre d’Urantia nous apprend sur la vie, son émergence et son développement sur les mondes. J’ai donc décidé d’approfondir ce qui était discuté sur le forum mentionné plus haut.
Je résume et commente ci-dessous l’étude citée, puis je présenterai les idées qu’elle m’a suggérées.
L’étude commence par proposer une formule permettant de calculer le taux d’évolution biologique (le rythme d’émergence de nouvelles espèces), ou, en d’autres termes, la probabilité d’obtenir une nouvelle espèce à partir de mutations aléatoires. Après une série d’analyses, elle conclut que si l’on applique des valeurs réelles (testées expérimentalement) aux variables définissant la probabilité ci-dessus, le résultat est si faible qu’il ne justifie en rien le taux connu d’émergence des espèces. Autrement dit, dans le meilleur des cas, il aurait fallu bien plus d’années que le temps réellement écoulé pour passer des formes de vie élémentaires à l’humanité.
En bref, l’évolution aléatoire, celle du hasard et de la nécessité, n’explique pas ce qui s’est réellement passé ; elle ne fonctionne pas.
Pour résoudre cette contradiction, l’étude propose de supposer l’existence d’une machine moléculaire capable de prendre des décisions à partir des informations accumulées en son sein (dans des échantillons de référence). Autrement dit, elle ne déclenche pas n’importe quelle mutation, mais uniquement celles prédéterminées. Autrement dit, la machine « sait » où elle doit aller et ne déclenche que les mutations qui mènent à cet objectif, réduisant ainsi le temps nécessaire pour y parvenir.
Selon cette théorie, l’évolution ne perd pas de temps à tester différentes possibilités au hasard et à laisser la sélection naturelle trouver celles qui sont viables et adaptées ; elle produit plutôt des mutations spécifiques et prédéterminées et laisse la sélection « passer le contrôle qualité » en rejetant les indésirables. Si toutes les mutations ne sont pas viables, ne perdons pas de temps à les tester.
Que sont ces machines moléculaires ? L’étude émet l’hypothèse que les particules élémentaires (qui composent les atomes et les molécules) possèdent une structure interne, ce qui signifie qu’elles peuvent exister dans différents états internes, voire se comporter de manière identique à l’extérieur. Elle ajoute que leur état interne peut varier en fonction de l’environnement de la particule et de certaines caractéristiques correspondant aux échantillons de référence qu’elle accumule. Ce dernier constituerait précisément le mécanisme de mémorisation de l’information de la particule. Cet état interne se manifesterait, sous l’action d’un stimulus externe, modifiant le comportement de la particule, ce qui provoquerait finalement la mutation du gène correspondant. Pas n’importe quelle mutation, mais une mutation spécifique basée sur l’information mémorisée dans la particule.
Cette particule élémentaire pourrait être un électron d’un atome de nucléotide formant un gène composant un chromosome particulier. L’étude propose un algorithme possible pour le fonctionnement de ces machines moléculaires, basé sur les changements à court terme d’un électron. Lorsque l’environnement change (l’étude indique que « l’organisme explore l’environnement »), les électrons le « perçoivent », bien qu’ils ne réagissent pas avant d’avoir reconnu une forme spécifique dans l’environnement, le ou les stimulus pour lesquels ils sont programmés. Le processus de changement d’état de l’électron est alors déclenché, aboutissant finalement à l’apparition d’un nouveau gène. Un gène spécifique, correspondant au changement d’état de l’environnement reconnu par l’électron en question. Un gène « programmé » en réaction à un environnement particulier. Ce processus se répète jusqu’à ce que tous les gènes nécessaires à l’introduction de l’organisme initial dans une nouvelle niche, un nouvel organisme, soient modifiés. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que la biosphère, toute sa diversité, soit révélée.
En bref, il ne s’agirait pas d’une évolution aléatoire résultant du hasard et de la nécessité, mais d’une évolution déterministe résultant de la planification et de l’environnement.
Voilà le résumé de l’étude scientifique. À partir de là, laissons libre cours à notre imagination.
Les gènes sont, comme nous l’avons déjà mentionné, le « programme » de construction des organismes, les « plans » de ces machines vivantes. À ce tableau familier, nous pourrions maintenant ajouter, suite à l’étude scientifique citée plus haut, que les gènes contiennent également leurs propres règles de mutation (machines moléculaires). Si nous passons de la considération d’un seul gène à l’ensemble de tous les gènes d’un organisme donné, nous obtiendrions la somme de toutes les règles de mutation possibles pour cet organisme, c’est-à-dire les espèces pouvant en découler. Mais puisque les nouvelles espèces potentielles devraient également avoir leurs propres règles de mutation, nous devrions supposer que les gènes d’un organisme, quelle que soit son espèce, contiennent toutes les règles de mutation de toutes les espèces possibles ; c’est-à-dire la planification de tous les types d’organismes possibles sur une planète donnée. Cette planification est potentielle ; seules certaines espèces apparaîtront, en fonction de l’évolution réelle de l’environnement planétaire.
On sait qu’au sein d’une même espèce, le code génétique est le même dans tous les organismes qui la composent ; il est concevable qu’au sein d’une même planète (dans toutes les espèces existantes, ayant existé, existeront un jour, ou qui pourraient exister mais n’existeront jamais), le plan génétique soit le même. Le code génétique se transmet au sein d’une même espèce ; le plan génétique se transmettrait, au sein d’une même planète, à toutes les espèces.
Ce plan génétique serait représenté par la somme totale de toutes les machines moléculaires contenues dans les gènes des organismes, une sorte de plasma vital propre à une planète.
Mais comment ce schéma génétique est-il arrivé dans les gènes ? Est-il intrinsèque à la matière, aux particules élémentaires ? Quelqu’un l’a-t-il « chargé » ?
On pourrait soutenir qu’elle est intrinsèque à la matière. Ainsi, si l’on suppose que la matière est la même partout dans l’univers, on pourrait penser que toutes les planètes possèdent la même espèce potentielle (mais pas nécessairement réelle), une hypothèse qui ne paraît pas absurde.
On pourrait également avancer que la matière, bien qu’extérieurement identique, ne l’est pas à l’intérieur de ses particules élémentaires, et que cette différence se manifeste effectivement lors de la formation de la planète dans l’espace, peut-être en raison des différents environnements spatiaux dans lesquels elle se produit. Cela associerait la formation d’une planète à ses formes de vie et impliquerait une spécialisation de la vie basée sur l’environnement spatial dans lequel la planète s’est formée. En bref, chaque planète aurait ses propres formes de vie adaptées à cette planète spécifique. Cette hypothèse ne semble pas non plus absurde.
Dans les deux hypothèses, la question de la formation de la vie est une continuation de celle de la formation de la matière et, plus généralement, de l’univers. La formation de la vie serait véritablement la continuation naturelle de la formation de la matière, ce qui pourrait fort bien satisfaire l’esprit le plus matérialiste de la science.
Français Mais je suis un lecteur du Livre d’Urantia, donc la lecture de l’étude mentionnée ci-dessus sur un possible mécanisme déterministe dans l’évolution et l’idée d’un plan génétique m’a conduit à relire les Fascicules 36, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, et surtout le Fascicule 65. Dans cette lecture, et avec ces nouvelles idées, j’ai remarqué des détails que je n’avais pas remarqués dans les précédents. J’ai trouvé la confirmation de l’existence d’un plan génétique au paragraphe 398:4 (les textes des paragraphes cités se trouvent dans l’annexe finale). J’ai également trouvé dans la section 2 du Fascicule 36 (pages 397, 398 et 399) de nombreux détails sur la façon dont le plan génétique est testé, expérimenté et créé ; dans Fascicule 58 sections 1, 2 et 3 (pages 664 à 668) comment l’environnement planétaire est analysé et attendu pour être favorable ; et dans Fascicule 36 section 3 (pages 399 et 400) et Fascicule 58 section 4 (pages 667 et 668) comment la vie est implantée et comment l’environnement est utilisé pour diriger son développement vers l’objectif final.
En bref, il existe un plan génétique, méticuleusement élaboré ; la vie est planifiée ; l’évolution biologique a un but ; les conditions environnementales et spatiales d’une planète sont soigneusement analysées, un plan est établi pour le développement de la vie, et celui-ci est étudié et attend patiemment que l’évolution géologique ait préparé le terrain. Cette tâche est accomplie par les Porteurs de Vie, des « techniciens » spécialisés dans ce large éventail d’activités, éventuellement complétés par de nombreux autres types d’êtres, dont des mortels ascendants.
En bref, lorsque les Porteurs de Vie apparaissent avec le plasme vital originel sur une nouvelle planète, cela implique apparemment un travail colossal. Pour reprendre les termes d’Urantia d’aujourd’hui : un projet d’ingénierie évolutionnaire complet. Le but ultime est de transformer la planète en une pépinière, un monde initial, pour des créatures dotées du libre arbitre et de la capacité de connaître et d’adorer le Père.
Normalement, les Porteurs de Vie apportent du plasma vital déjà préparé sur une nouvelle planète. Ce plasma sera très similaire à celui d’une autre planète, avec quelques modifications, adaptations ou améliorations. Ce phénomène se produit sur les planètes normales, et bien que les espèces qui en résultent ne soient pas exactement les mêmes que sur une autre planète possédant ce type de plasma, elles présenteront des similitudes évidentes, car elles proviennent du même plan génétique potentiel (paragraphe LU 36:2.13).
Mais l’ingénierie évolutionnaire les pousse encore plus loin. En quête de perfection, ils effectuent certaines expérimentations directement sur certaines planètes : les planètes décimales. Sur ces planètes d’expérimentation de la vie, comme la nôtre, les Porteurs de Vie construisent ce plasma directement sur la planète, selon une ingénierie préalablement développée dans leurs laboratoires (paragraphes LU 36:3.2 et LU 58:4.1).
Et après avoir expérimenté, ils analysent les résultats de ces expériences dans leurs laboratoires pour les appliquer à d’autres planètes (paragraphe LU 65:4.1).
Une fois la vie implantée aux emplacements préalablement choisis, les Porteurs de Vie restent sur la planète pour favoriser son développement. À cet égard, j’imagine que le plan génétique contenu dans le plasme vital originel d’une planète a prévu une multitude d’alternatives évolutives, prenant en compte les nombreux accidents pouvant survenir au cours des centaines de millions d’années que dure le développement de la vie. Les Porteurs de Vie agissent sur l’environnement pour orienter le développement évolutif et réagir aux événements imprévus qui peuvent survenir. À ce propos, il est très intéressant de relire les sections 2 et 3 du Document 65, pages 731, 732, 733 et 734.
Mais agir sur l’environnement semble suffisant (rappelons que l’étude scientifique citée plus haut a émis l’hypothèse que les machines moléculaires sont déclenchées par la reconnaissance environnementale, libérant ainsi le potentiel mutationnel des gènes). Les Porteurs de Vie ne manipulent pas le plasme vital implanté lui-même. Le plan évolutif est présumé bien pensé et tenir compte de toutes les éventualités (paragraphes LU 36:3.6, LU 36:3.7, et LU 65:3.2).
Un exemple assez clair de cette façon d’agir se trouve dans le paragraphe LU 65:2.14.
Il y aura probablement un grand réservoir d’espèces dont on prédit l’existence dans le sang vital, mais qui n’apparaîtront finalement pas sur la planète, car elles n’auront pas été nécessaires compte tenu des circonstances spécifiques qui se sont réellement produites.
Et finalement, l’évolution culmine avec l’émergence d’une espèce (ou peut-être de plusieurs ?) dotée de conscience et de libre arbitre. Le travail des Porteurs de Vie est achevé. La plupart se retireront de la planète. Seuls quelques volontaires resteront comme conseillers, à condition de renoncer à toute implication future dans l’évolution.
Mais le cours de l’évolution n’est pas encore achevé. L’espèce humaine doit continuer à développer son potentiel par elle-même, et à cet égard, le paragraphe 734.3 est clair. Et la manière d’y parvenir est tout aussi claire : ce que nous, les Porteurs de Vie, avons fait pour promouvoir et préserver les lignes de vie avant l’apparition de la volonté humaine, l’humanité doit le faire elle-même après cet événement et après notre retrait de toute participation active à l’évolution.
Une déclaration surprenante et inattendue, du moins pour moi ; une déclaration qui indique que le potentiel d’évolution ne s’arrête pas avec l’émergence de la conscience humaine, comme Teilhard de Chardin a osé le suggérer ; que les capacités mentales et spirituelles des races humaines doivent continuer à se développer peut-être jusqu’aux âges de la lumière et de la vie, quelque chose que Teilhard a sûrement intuité dans ce qu’il a appelé le Point Oméga.
Et tout ce développement est entre nos mains ! On attend de nous que nous améliorions les capacités mentales et spirituelles de l’humanité, et ce en améliorant les races, en poursuivant l’évolution. Eugénisme ? Absolument pas, du moins pas dans son sens le plus négatif. « Ce que nous, Porteurs de Vie, faisons…, l’homme doit le faire lui-même… » Les plans d’amélioration des capacités mentales et spirituelles par l’amélioration raciale (la continuation de l’évolution) doivent être ambitieux, s’étalant sur des milliers d’années ; les Porteurs de Vie n’ont-ils pas dû attendre patiemment des événements favorables pour les utiliser, que des circonstances fortuites surgissent et en profitent ? Il ne leur était pas permis d’agir directement sur le développement naturel de l’évolution. (LU 65:3.2) De même, la poursuite de l’évolution n’exige pas l’extermination de multitudes, ni la disparition des attardés, ni l’exécution de meurtriers ou d’inadaptés irrécupérables ; elle ne requiert pas non plus d’expériences de mélange racial sélectif pour trouver une « race supérieure ». Toutes ces choses sont des aberrations. Interpréter ainsi le Livre d’Urantia est une erreur qui conduit certains à l’accuser de racisme et autres « gentillesses ». Le Livre d’Urantia énonce clairement l’objectif : accroître les capacités mentales et spirituelles des individus ; et la méthode : agir patiemment et à long terme sur l’environnement (social, environnemental, éducatif, moral, etc.) ; évolution, et non révolution.
Je ne doute pas que la science continuera de faire des découvertes confirmant les données du Livre d’Urantia. Elles peuvent parfois sembler contradictoires, mais il est prudent de ne pas tirer de conclusions hâtives. Bien qu’il puisse paraître clair à première vue, le Livre est parfois extrêmement ambigu (sans doute en raison des limitations des Révélateurs). Je ne crois pas, comme le prétendent d’autres lecteurs, qu’il contienne des données erronées (valides au moment de sa publication, mais invalides ultérieurement). Il peut y avoir ambiguïté, mais pas erreur ; les Révélateurs ont peut-être surmonté leurs limitations par l’ambiguïté, mais je ne crois pas qu’ils l’aient fait par des erreurs.
Un exemple de la relation entre la science de notre planète et Le Livre d’Urantia pourrait être trouvé dans ce que nous avons vu plus haut concernant l’évolution des espèces. Bien que l’évolution aléatoire des espèces soit une théorie fermement établie, cette même science commence déjà à la remettre en question. Il se pourrait que le hasard et la nécessité ne suffisent pas à justifier le développement connu de la biosphère. Le concept de déterminisme en évolution commence à émerger, ainsi que certaines hypothèses sur les mécanismes associés aux gènes qui guident le développement des espèces. Une possibilité s’ouvre en science que le dilemme évolution-création ne soit pas tel, ce qui est déjà affirmé dans Le Livre d’Urantia.
Si, à la lumière de cette science, nous devions nous demander : évolution ou création ?, la réponse pourrait bien être : évolution et création. Ou, plus précisément, création par évolution.
(Remarque : toutes les citations sont tirées directement du Livre d’Urantia ; le texte espagnol est ma propre traduction.)
« …Il faut que le plasma vital originel d’un monde évolutionnaire contienne dans sa plénitude le potentiel nécessaire à toutes les variations de développement futures et à tous les changements et modifications évolutionnaires ultérieurs. Les dispositions à prendre pour des projets de métamorphoses vitales ayant une aussi grande portée peuvent nécessiter l’apparition de nombreuses formes, apparemment inutiles, de vie animale et végétale. Ces sous-produits prévus ou imprévus de l’évolution planétaire n’apparaissent au stade de l’action que pour disparaitre, mais, dans et à travers tout ce long processus, court le fil des formules sages et intelligentes établies par les auteurs originaux du plan de vie planétaire et du développement des espèces. Les multiples sous-produits de l’évolution biologique sont tous essentiels pour que les formes supérieures de vie intelligente puissent fonctionner pleinement et définitivement… » LU 36:2.17
« La vie planétaire comporte donc de nombreuses variantes sur chaque monde évolutionnaire, tout en y restant similaire sous certains rapports. Même dans une série de vie uniforme d’une seule famille de mondes, la vie n’est pas exactement la même sur deux planètes données. Il existe toujours un type planétaire, parce que les Porteurs de Vie fournissent un effort constant pour améliorer les formules vitales confiées à leur garde. » LU 36:2.13
« …Les Porteurs de Vie transportent souvent le plasma vital même sur un monde nouveau, mais pas toujours. Ils organisent parfois les modèles de vie après leur arrivée sur leurs planètes d’affectation, et conformément à des formules antérieurement approuvées pour une nouvelle aventure d’établissement de la vie. … » LU 36:3.2
« Le fait que nous soyons appelés Porteurs de Vie ne doit pas vous déconcerter. Nous pouvons apporter la vie aux planètes et nous le faisons, mais nous n’avons pas apporté la vie sur Urantia. La vie sur Urantia est unique et a son origine sur cette planète. Cette sphère est un monde modificateur de vie ; toute la vie qui y apparait a été élaborée par nous ici même sur cette planète ; il n’y a pas d’autre monde dans tout Satania, ni même dans tout Nébadon, où la vie existe de manière exactement semblable à celle d’Urantia. » LU 58:4.1
«…Nous avons fait sur cette planète notre soixantième tentative pour modifier, et améliorer si possible, l’adaptation à Satania des types de vie de Nébadon, et il est reconnu que nous avons réalisé de nombreux changements bénéfiques dans les modèles de vie standards. Pour être précis, nous avons élaboré sur Urantia et fait ressortir, de façon satisfaisante, au moins vingt-huit particularités de modification de vie qui seront utiles à tout Nébadon dans tous les temps à venir. » LU 65:4.1
« Pour établir la vie sur un monde nouveau, les Porteurs de Vie d’un corps planétaire se voient accorder un certain délai, environ un demi-million d’années du temps de la planète en question. À la fin de cette période, marquée par certains aboutissements dans le développement de la vie planétaire, ils cessent leurs efforts d’implantation et il leur est désormais interdit d’ajouter quoi que ce soit de neuf ou de supplémentaire à la vie de cette planète. » LU 36:3.6
«Durant les âges compris entre l’établissement de la vie et l’émergence de créatures humaines ayant un statut moral, les Porteurs de Vie sont autorisés à manipuler le milieu vital et à orienter favorablement par ailleurs le cours de l’évolution biologique. …» LU 36:3.7
«Les Porteurs de Vie peuvent employer toutes les ressources naturelles possibles et utiliser toutes les circonstances fortuites susceptibles de concourir au progrès évolutif de l’expérience de vie, mais il ne nous est pas permis d’intervenir mécaniquement dans l’évolution végétale ou animale, ni de manipuler arbitrairement son cours et son orientation.» LU 65:3.2
« Comme la qualité de capacité mentale à se développer était très nettement inférieure dans le groupe oriental par rapport à celle des deux autres groupes, les Porteurs de Vie, avec l’assentiment de leurs supérieurs, manipulèrent le milieu ambiant de façon à circonscrire davantage les lignées préhumaines inférieures de la vie évolutive. D’après les apparences extérieures, l’élimination de ces groupes inférieurs de créatures fut accidentelle, mais en réalité elle fut entièrement intentionnelle. » LU 65:2.14
« …Mais ce fait n’écarte nullement la possibilité d’atteindre des niveaux beaucoup plus élevés de développement humain en entretenant intelligemment les potentiels évolutionnaires qui subsistent encore dans les races de mortels. Ce que nous, les Porteurs de Vie, nous faisons pour conserver et promouvoir les lignées de vie avant l’apparition de la volonté humaine, l’homme doit le faire pour lui-même après cet évènement, quand nous nous sommes retirés de toute participation active à l’évolution. D’une manière générale, la destinée évolutionnaire de l’homme repose dans ses propres mains, et l’intelligence scientifique doit, tôt ou tard, remplacer le fonctionnement chaotique d’une sélection naturelle non contrôlée et d’une survie soumise au hasard. » LU 65:3.6