© 1999 Claude Castel
© 1999 Association Francophone des Lecteurs du Livre d'Urantia
Reflexions à propos de la prière de Jésus | Le Lien Urantien — Numéro 1 — Été 1999 — Table des matières |
Une tragédie totalement imprévue et qui bouleverse radicalement ce que l’on croyait être notre vie, cela peut arriver à tout moment. Jésus l’a vécu dans sa 14e année, le jour de la mort accidentelle de son père Joseph. « Juste au moment où les perspectives étaient bonnes et où l’avenir paraissait prometteur, une main apparemment cruelle abattit le chef de famille de Nazareth. » (LU 126:2.2)
Pourquoi l’auteur du texte dit-il : une main « apparemment » cruelle ? Une telle tragédie est-elle vraiment cruelle ou seulement apparemment cruelle ?
Sommes-nous victimes d’apparences trompeuses?
Sur le destin, on entend souvent dire « tout est écrit d’avance » ou au contraire « nous sommes entièrement libres, Dieu n’existe pas ». S’il en était ainsi, nous serions alors, ou des marionnettes dans les mains de Dieu, ou des êtres complètement livrés à nous-mêmes, sans but de destinée. Ce n’est pas ce que dit le L.U. à propos du libre arbitre de l’homme. Il nous informe que nous vivons dans un monde en évolution dirigée avec un libre arbitre limité dans un certain cadre par les Maîtres Architectes (LU 118:7.1). Par conséquent, si le cadre évolutif est fixé par ces derniers, les détails de cette évolution nous appartiennent pleinement tout en étant conditionnés par les circonstances de la vie qui règlent la vitesse et l’orientation du progrès (LU 118:8.6).
A lire le passage sur la mort de Joseph, on pourrait penser que tout avait été décidé d’avance pour l’effusion de Michaël et que cette mort accidentelle avait été dûment programmée. C’est une erreur (LU 118:10.1). Le destin se fixe dans le présent, en fonction du passé, en direction du but de la destinée, selon nos propres décisions et les circonstances de la vie. Tout se joue dans le présent et ce dernier fixe définitivement l’histoire.
Comme Marie et Joseph désiraient donner la meilleure éducation possible à leur fils aîné en prévoyant de l’envoyer plus tard dans les académies hébraïques renommées de Jérusalem pour être formé dans le but de faire une éminente carrière, les circonstances de la vie (qui constituent pour nous une loi divine(LU 140:8.3) changèrent radicalement le cours de l’existence de Jésus en le plongeant dans le rôle de père et d’éducateur de ses frères et sæurs, et en lui enlevant du même coup toute possibilité d’aller poursuivre des études à Jérusalem. Il est évident que pour Marie et sa famille, cette tragédie était réellement une cruelle catastrophe. Elle avait perdu son mari, le soutien financier de la famille et tous ses projets pour Jésus étaient bouleversés. Sa tristesse dura très longtemps.
Alors comment l’auteur peut-il dire que cette tragédie non préparée n’était qu’apparemment cruelle ? Avec le temps, l’histoire nous place les événements fortuits dans une autre logique. Même si ces événements avaient pu se dérouler différemment, le fait qu’ils se soient déroulés ainsi constitue la loi divine à laquelle Jésus et sa famille étaient contraints de se soumettre. Pour nous, de nombreux actes du Créateur tout puissant paraissent souvent impitoyables et cruels. Mais ce n’est pas vrai parce que les actes de Dieu sont intelligents, sages et bienveillants, et qu’ils tendent toujours au bonheur et au meilleur bien de tous à long terme (LU 3:2.8 et LU 10:7.5). Si la cruauté d’une tragédie est bien réelle dans l’instant présent, la perception d’un tel événement se modifie avec le temps, avec l’élargissement de la vision humaine et une meilleure aptitude à comprendre les intentions divines (LU 118:10.12-13 et LU 3:2.10).
Quand on connait la suite de la vie de Jésus, on saisit mieux pourquoi les événements se sont produits de cette manière-là alors que Joseph aurait pu ne jamais avoir d’accident. S’ils étaient incontestablement cruels pour la famille, l’intention divine ne l’était pas. D’où probablement l’usage de l’expression « apparemment cruelle » par l’auteur du fascicule.
Claude Castel
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