© 2018 Fernand de Vinck
© 2018 Association Francophone des Lecteurs du Livre d'Urantia
Voici une réflexion de Fernand de VINCK sur la mort qu’il a couché sur papier peu avant qu’il nous quitte pour le monde des maisons.
Fernand était belge, d’une famille noble, il eut une brillante carrière militaire. À la retraite, il vivait à Breine l’Alleud, près de Bruxelles.
Fernand fut un ami de longue date de Jean Royer, de Jacques Dupont et de moi-même. Il participa à la première correction de la traduction de Jacques Weiss, de 1978 à 1994.
Fernand collaborait épistolairement à LA LETTRE, le périodique trimestriel du CERDH.
Sur cette photo, prise chez Jacques à Recloses en 1987, nous discutons de la révision.
Imaginez-vous chez des amis, discutant de l’avenir. Si vous dites : « alors, il faut parler de la mort », vous avez de bonnes chances de vous retrouver seul comme un épouvantail dans un champ. Pendant le dernier siècle de notre histoire, nous avons chanté à temps et à contretemps l’apologie de la raison alors que, devant la mort, notre attitude est devenue parfaitement déraisonnable. Nous nous assurons contre tous risque, nous nous en faisoans d’avance pour des évènements qui pourraient survenir et la seule chose inévitable, nous refusons d’y penser : notre mort.
Nous ignorons ce qu’est la mort car nous n’osons pas la regarder en face, et nous n’osons la regarder car nous crai- gnons l’inconnu. Nous nous sommes laissés enfermer dans ce cercle vicieux par négligence intellectuelle ou par soumission à de vielles imageries de notre enfance enseignées par quelque bonne âme incapable de dépasser ces figurations primaires. Nous ne pouvons comprendre notre vie et lui donner sa valeur que si nous comprenons et valorisons notre mort. Alors, la MORT, c’est quoi ?
Arnaud Desjardin raconte : demandez en Orient quel est l’opposé de la mort, on vous répondra la « naissance ». Posez la question en Occident, vous avez de bonnes chances de vous entendre répondre « la Vie ». Ceci illustre une différence qui conditionne tout notre comportement.
Quand nous regardons la mort en face, que voyons-nous ? D’abord, objectivement: nous sommes portés par un corps humain et savons maintenant, depuis les dernières découvertes de la physique, combien il est lié à notre mental et combien il se renouvelle, puisque nos cellules ont été remplacées en cinq ans, mais il n’en reste pas moins d’origine physique et fonctionne comme un mécanisme par réactions chimiques et physiques qui, peu à peu, perdent de leur vigueur. Un jour, par accident ou simple usure, notre corps ne peut plus maintenir son activité physiologique et cesse de fonctionner. Toutes les particules-énergie qui le composent retournent à la masse des éléments pour un usage futur.
Si notre corps a commencé à exister et fonctionner à notre naissance et termine ses fonctions et son existence à la mort, il n’en est pas de même pour notre être réel, notre personnalité, pour qui la naissance et la mort ne sont que des évènements marquants d’une vie indestructible.
En vérité, la naissance et la mort ne sont que des changements de niveaux de conscience qui nous permettent de faire l’expérience de la vie éternelle dans l’intervalle d’espace-temps. Nous sommes ici et maintenant dans cet intervalle, pour apprendre toutes les leçons que les circonstances nous offrent. Cette étape de vie nous permet de redécouvrir par nous-mêmes et librement notre appartenance à l’unité de toutes choses. En même temps, elle nous donne l’occasion de participer à la création de l’espace et des circonstances mêmes dans lesquelles nous agissons sur terre.
LA MORT EST SIMPLEMENT LA TECHNIQUE QUE NOUS UTILISONS POUR ÉCHAPPER AUX LIMITATIONS DE LA VIE TERRESTRE
La mort est en même temps une conclusion et une libération, c’est l’évènement le plus merveilleux de cette tranche de vie.
« La vie n’est que le commencement d’une vie d’aventures sans fin, une vie de perpétuelle anticipation, un voyage éternel de découverte » (LU 14:5.10)
On se demande vraiment ce que viennent faire dans cette transition vers la lumière ces diables cornus et ces spectres en haillons non plus d’ailleurs que les cérémonies de lamentations. Une compréhension personnelle du sens joyeux de la mort est indispensable pour extirper de notre mental profond ces images absurdes et ces superstitions qui trop souvent nous influencent encore. Quand nous faisons en toute sérénité l’effort voulu pour comprendre le sens de la mort, nous découvrons que notre vie terrestre a acquis une valeur nouvelle et que notre comportement s’harmonise naturellement aux circonstances difficiles.
Comment pourrions-nous, par exemple, parler aux mourants si nous-mêmes nous n’avons pas compris la mort. La peur résultant de notre ignorance est bien souvent le prétexte inconscient pour cacher aux malades la gravité de leur état, les privant ainsi de la possibilité de se préparer à cette transition. Ils savent, eux, qu’ils vont mourir et ont besoin d’en parler tranquillement. Bien souvent nous nous trouvons mal à l’aise et ajoutons à leur inquiétude notre propre insécurité. (Livres d’Élisabeth Kübler-Ross).
Il est naturel que notre corps craigne les circonstances encore mystérieuses qui accompagnent la mort physique. Mais les études récentes basées sur un nombre impressionnant de témoignages sont entièrement rassurantes. Elles démontrent que l’évènement mort du corps n’est ni pénible ni effrayant mais baigne, au contraire dans une atmosphère de paix et d’amour.
Bien sûr nous avons un cœur humain et le départ d’un compagnon de route même compris par la raison nous fait verser des larmes toutes naturelles comme celles d’un enfant qui se blesse. Mais en vérité, nous pleurons sur nousmêmes. Gardons par dessus notre pleine image de l’aimé libéré de tout ce qui le faisait peiner et souffrir, de sa joie de saisir avec plus de vivacité les valeurs de vérité, de beauté et d’amour dont il n’avait ici que de vagues reflets.
Dans les temps à venir, le départ de nos compagnons sera une cérémonie joyeuse, l’accomplissement d’un premier pas vers la lumière, un éveil de la conscience à un niveau plus élevé sue le chemin éternel vers Dieu.
Nous pouvons maintenant déjà comprendre et adopter cette attitude et apporter ainsi un immense soulagement aux souffrances que tant de nous s’imposent par simple ignorance de la vérité.
Fernand DE VINCK
Breine l’Alleud (Belgique)