© 1997 François Dupont
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Rencontre du 21 Septembre 1997 a Villebon-Sur-Yvette | Le Lien Urantien — Numéro 5 — Automne 1997 — Table des matières | Coherence, ou principe d’evanescence ? |
Sources :
Des recherches personnelles sur la fameuse citation, à la vie très dure, attribuée à Malraux :
« Le prochain siècle sera religieux ou ne sera pas. »
ont abouti à des découvertes étonnantes, en révélant en même temps une dimension inconnue de ce grand écrivain et ce politicien hors pair. Parmi celles-ci le fait qu’un agnostique de la taille de Malraux s’était intéressé, tout au long de sa vie, aux aspects métaphysiques de l’existence, de l’art et des personnalités hors série, comme par exemple, Charles de Gaulle.
Une autre constatation étrange c’est que ce Ministre français de la Culture (1959-1969) prévoyait clairement le déclin du matérialisme et des religions institutionnelles et dogmatiques à partir du XXIº siècle. Et cela, toutefois, non sans avoir prévu une transition regrettable selon lui, c’est à dire la remontée d’intégrismes retardataires religieux.
Mettons cela en corrélation avec cette affirmation du LU 195:9.3: « Urantia frémit actuellement au bord même d’une de ses époques les plus stupéfiantes et passionnantes de rajustement social, de stimulation morale et d’illumination spirituelle. »
Les deux particularités de la vie mentale de cet homme illustre, nous ont incité à fouiller plus profondément ses idées sur l’Au-delà.
Ainsi la fameuse phrase répétée à l’envie, ci-dessus, serait une falsification et une occultation d’un extrait de texte authentique (Conféré Réf. 3), publié dans le périodique « Preuves » de mars Nº 49, dont voici la correction : « Le problème capital de la fin du siècle sera le problème religieux sous une forme aussi différente de celle que nous connaissons, que le christianisme le fut des religions antiques… »
Il ne s’agit pas d’une boutade car Malraux parle d’une réalité intérieure, d’une transmission du sacré, qu’il aurait vécu au Japon dans les temples d’Tsé, de Hyoto et de Nara ».
Mais qui donc aurait eu avantage à escamoter la vraie signification de ce texte ? Laissons les réponses à la connaissance critique de chaque lecteur.
Voici ce que Malraux a écrit (Réf. 3) pour étayer le fait qu’il ne s’agit nullement de religion dans le sens restreint du terme : « le sacré se sent, se vit et ne se pense pas … »
« Le langage de la réalité intérieure pré-existe à l’art, mais l’art le révèle… »
« Tout se passe en définitive comme si les religions n’étaient pas autre chose que les livrets successifs d’une immense musique, et comme si cette musique ne nous était transmise que par la communion des oeuvres d’art… ».
Examinons ensuite l’étymologie du mot agnostique dont le -aest l’équivalent d’une négation et la racine, gnostique du grec gnôsis, signifie la « connaissance ». La désignation, « les Gnostiques » était appliquée à une secte, une tendance de recherche religieuse au 3º et 4º siècles après J.C., et qui présuppose qu’il existe une science, des connaissances supérieures des réalités divines, nécessaire au salut des hommes. Cette tendance fit combattue par les représentants du christianisme officiel de l’époque.
Un agnostique moderne nie cette possibilité de connaître le transcendant et déclare que l’homme en lui-même est inaccessible à l’inconnaissable. En d’autres mots, toute théorie métaphysique, comme toute théologie est inutile au salut de l’homme.
Et Malraux, l’agnostique absolu, va rejeter tout dogme, tout enseignement religieux, pour ne préserver que la sensibilité individuelle à un contact très pur avec une réalité énigmatique. Réalité qu’il s’efforce malgré lui et malgré ses convictions, de définir, de capter dans les mots.
Ainsi les oeuvres d’art, qui défient les siècles, sont des « vraies créations » dans le sens biblique, issues d’une réalité intérieure, visitant l’artiste ou se révélant à lui, souvent vers la fin de sa vie, où il lui sera permis de créer ses oeuvres les plus grandioses.
Ex: « la Pieta Rondanini » de Michel-Ange
La « Pieta de Venise » de Titien l’Auto-portrait de Rembrandt « Tolède » et « la Visitation » de Gréco.
Souvent, pour désigner l’esprit créateur derrière le chef d’œuvre, il suffisait à Malraux, d’utiliser le terme de « présence ».
Vers la fin, de sa vie, son cahier de notes avait pris la forme d’un triptyque: — le Surnaturel — L’Irréel L’Intemporel ». C’est à dire trois notions selon lesquelles il essayait maladroitement de classifier les grandes oeuvres et ses impressions devant les mêmes.
Les trois termes: Le Surnaturel, l’Irréel, et l’Intemporel sont des qualifications de cette « présence mystérieuse », qui se maintient à travers l’histoire de l’humanité. Les chefs d’œuvre sont illuminés par et irradient continuellement cette présence énigmatique.
Les trois noms baptisent trois tournures, trois accents selon lesquels l’Autre Monde se livre, se délivre et se réserve à travers les grandes oeuvres (Voir Réf. 2).
Je crois inutile d’indiquer toutes les résonances évoquées dans l’esprit d’un lecteur chevronné du L.U., chaque fois qu’il se plonge dans la lecture fascinante de l’oeuvre romanesque, critique et artistique de ce grand homme. Soulignons simplement son dégoût pour les théologies et les fois cristallisées, ainsi que les valeurs morontielles qu’il attribue aux oeuvres d’art avec ses vocables à lui…
Remarquons surtout cheminement de l’ Esprit, même chez les personnes soi-disant areligieuses…
Quelle joie de savoir que tout concourt, à révéler l’inaudible, l’invisible et l’inconnu de l’Audelà, fut-ce dans les tréfonds de l’ inconscient de chaque chercheur sincére.
François Dupont
Rencontre du 21 Septembre 1997 a Villebon-Sur-Yvette | Le Lien Urantien — Numéro 5 — Automne 1997 — Table des matières | Coherence, ou principe d’evanescence ? |
Définition du dictionnaire Larousse : AGNOSTICISME : Toute doctrine qui déclare l’inconnaissable inaccessible à l’homme ou qui considère toute métaphysique comme inutile (Rajout du comité de lecture) ↩︎