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Rencontre Internationale du Québec | Le Lien Urantien — Numéro 72 — Hiver 2015 — Table des matières | Visite en Italie |
Les définitions de « la conscience » que l’on trouve dans les dictionnaires classiques ou philosophiques diffèrent entre elles selon qu’elles proviennent de la philosophie, de la psychologie, de la psychiatrie ou du sens général mais toutes sont plus ou moins floues ou incomplètes, certaines confondant le mental avec l’esprit, d’autres ne faisant aucune différence entre la conscience et la conscience de soi. Le Livre d’Urantia a le mérite de préciser ces notions qui sont si importantes pour comprendre l’origine de ce que l’on appelle « la conscience », le mécanisme évolutif qui nous permet d’appréhender les trois domaines de la réalité matérielle, intellectuelle et spirituelle et le but transcendant de ces dotations qui est de connaitre Dieu, de l’aimer et de chercher à faire sa volonté.
Le Livre d’Urantia reconnait plusieurs sortes de conscience.
La conscience est un mécanisme mental permettant à une créature de pouvoir interpréter et réagir aux stimulus provoqués par ses besoins vitaux et par son environnement à un moment .
Les 5 sens font remonter des informations qui, interprétées, étalonnées et conscientisées par les 5 esprits mentaux adjuvats qui leur donnent une signification. Ensuite, ces significations passent par des filtres tels que les influences génétiques, grégaires et instinctives de l’espèce et la mémoire des expériences passées.
À la fin du processus, l’animal va réagir par une action purement instinctive et non réfléchie. Cette sorte de conscience est du niveau réflexe et induit des réactions instinctives de nature animale.
Mon chat va en quête de nourriture lorsque la faim le tenaille et il sait me le faire savoir. (Son corps envoie un signal électrochimique de besoin d’énergie à son cerveau sur les réseaux nerveux, cette information via le cervelet remonte par les réseaux neurosynaptiques du cerveau où elle est confrontée à sa mémoire expérientielle et lui donne une « signification ». Alors, l’esprit mental adjuvat d’intuition (LU 36:5.6) fait émerger dans le mental cette signification: le besoin de nourriture associé à l’expérience que c’est le maitre qui le nourrit. C’est cette signification qui va le mener à réagir et « réclamer »à son maitre.
Nous reconnaissons dans ce processus qu’il n’est pas purement matériel et électrochimique et que l’intervention d’un ministère suprahumain, celui de l’Esprit Créatif de l’univers local, est nécessaire pour faire émerger une « signification » dans le mental.
Dépourvu de personnalité, l’animal n’a pas de libre arbitre ni de conscience de lui-même. Il ne peut pas discriminer entre des valeurs et juger du bien-fondé d’un acte.
Le système mental animal est purement réactif. Il est enseignable par le retour d’expérience uniquement.
« La réponse sélective d’un animal est limitée au niveau moteur de son comportement. La perspicacité supposée des animaux supérieurs se situe à un niveau moteur et n’apparait habituellement qu’après l’expérience des essais moteurs et des erreurs motrices. » [LU 16:7.2]
« L’expérience acquise d’un animal le rend capable d’examiner les différentes manières d’atteindre un but et de choisir une méthode fondée sur l’expérience accumulée. » [LU 16:7.4]
Le don de la personnalité par le Père Universel, le Père des personnalités, confère à la créature une série d’attributs, de capacités et de sensibilisations:
Les attributs:
« Identité, conscience de soi, volonté propre et possibilité de se révéler. Et ces caractéristiques impliquent encore la fraternité avec des personnalités égales et différentes, comme il en existe dans les associations de personnalités des Déités du Paradis. » [LU 1:7.6]
La volonté propre, le libre arbitre relatif caractérise la conscience de soi. Le Livre d’Urantia nous enseigne qu’il est engagé dans les cas suivants: [LU 16:8.8] et suivants
Les capacités:
La dotation de la personnalité provoque aussi un rehaussement des capacités du mental animal en devenant sensible au mental cosmique. Le mental animal devient véritablement humain et répond infailliblement sur trois niveaux de la réalité d’univers: la causalité, le devoir et l’adoration. [Voir LU 16:6.5 pour plus de détail]
« Ces perspicacités scientifique, morale et spirituelle, ces réactions cosmiques sont innées dans le mental cosmique dont toutes les créatures volitives sont dotées. L’expérience de la vie ne manque jamais de développer ces trois intuitions cosmiques. Elles constituent la base de l’autoconscience de la pensée réflexive. » [LU 16:6.9]
Les sensibilisations:
La conscience de soi se surimpose à la conscience purement animale. Elle entraine la sensibilisation aux deux derniers esprits mentaux adjuvats.
« 1. L’adjuvat d’adoration — l’apparition dans la conscience animale de potentiels supraanimaux pour percevoir la réalité. On peut appeler ceci l’instinct humain primordial de recherche de la Déité.
« 2. L’adjuvat de sagesse — la manifestation, dans un mental adorateur, de la tendance à diriger son adoration dans des canaux supérieurs d’expression et vers des concepts toujours plus étendus de la réalité de Déité. » [LU 92:2.3]
La personnalité et ses attributs, capacités et sensibilisations associés confèrent à la créature la possibilité de croitre par expérience avec les trois domaines de la réalité, la matière, le mental et l’esprit. La personnalité se révèle donc être le mécanisme par lequel Dieu va pouvoir prendre contact ultérieurement avec sa créature et lui permettre ainsi de choisir de faire sa volonté et devenir parfait comme lui-même est parfait.
Le livre d’Urantia donne la définition suivante de la conscience de soi:
« La conscience de soi consiste à se rendre compte intellectuellement de l’actualité de la personnalité. Elle inclut l’aptitude à reconnaitre la réalité d’autres personnalités. Elle dénote que l’on est capable d’une expérience individualisée dans et avec les réalités cosmiques, ce qui équivaut à atteindre le statut d’identité dans les relations de personnalité de l’univers. La conscience de soi implique que l’on reconnait l’actualité du ministère du mental et que l’on réalise l’indépendance relative du libre arbitre créatif et déterminant. »
L’ensemble de ces processus intellectuels constitue la « vie intérieure » en opposition à la vie extérieure et c’est par les décisions de la personnalité que l’homme se construit ou se détruit. Ainsi, le processus que l’on nomme « expérience » se déroule dans la conscience de soi, la vie intérieure de l’homme mortel. Le phénomène de fonctionnement du libre arbitre dans la vie intérieure peut se décrire en sept étapes significatives:
L’émergence. — Cela peut-être la conscientisation d’une situation extérieure nécessitant un choix de valeurs à arbitrer ou bien l’imagination, l’élaboration d’idées nouvelles. Nous reconnaissons en cela que la personnalité est créatrice. Nous avons vu plus haut les sept cas possibles dans lesquels le libre arbitre est impliqué.
Le jugement. — Juger, évaluer des idées, des situations, des comportements. Encore faut-il que le jugement soit clair et conforme à la vérité, la sensibilité à l’Esprit de Vérité et au Saint-Esprit. Le mot jugement recouvre deux notions: celle de la justice et celle de la justesse. Un mauvais jugement entraine toujours avec lui un cortège de conséquences négatives.
« L’expérience, la sagesse et le jugement coïncident avec l’allongement de l’unité de temps dans l’expérience des mortels. Quand le mental humain remonte dans le passé, il évalue l’expérience antérieure avec le dessein d’influencer une situation présente. Quand le mental s’étend dans l’avenir, il essaye d’évaluer la signification future d’une action possible. Ayant ainsi tenu compte à la fois de l’expérience et de la sagesse, la volonté humaine prend une décision-jugement dans le présent, et le plan d’action ainsi né du passé et du futur vient à l’existence. » [LU 118:1.3]
Le choix. — Après avoir fait émerger l’idée, après l’avoir évaluée et jugée il faut choisir parmi les possibilités offertes. Cette étape requiert d’être en possession des bonnes informations. Quand l’homme choisit, il se détermine par rapport à une situation; il faut qu’il le fasse bien car c’est tout son être qu’il engage!
« Il n’y a rien que l’homme puisse donner à Dieu, excepté ce choix de se conformer à la volonté du Père, et les décisions ainsi prises par les créatures douées d’intelligence et de volonté dans les univers constituent la réalité de cette véritable adoration qui satisfait si pleinement la nature du Père Créateur, dominée par l’amour. » [LU 1:1.2]
Un tel choix intelligent nécessite que l’homme effectue les ajustements de sa volonté et les transformations dans son mental qui vont lui permettre de se laisser enseigner et finalement guider par l’esprit.
La décision. — Je mets mon choix dans le temps et l’espace. C’est un acte de volonté. La décision me discipline car elle m’engage à la garder ferme.
« Les clefs du royaume des cieux sont la sincérité, plus de sincérité et encore plus de sincérité. Tous les hommes possèdent ces clefs. Les hommes s’en servent — élèvent leur statut spirituel — par des décisions, plus de décisions et encore plus de décisions. Le choix moral le plus élevé est celui de la plus haute valeur possible, et toujours — dans chaque sphère et dans toutes les sphères — c’est le choix de faire la volonté de Dieu. Si un homme effectue ce choix, il est grand, même s’il n’est que le plus humble citoyen de Jérusem ou même le plus insignifiant mortel d’Urantia. » [LU 39:4.15]
L’exécution. — Je mets en action la décision et j’agis. L’action implique de la méthode, de l’organisation, du contrôle. Énergie, pensée et esprit se mélangent dans l’action. Le pouvoir d’exécution donne l’expérience et la croissance, l’actualisation des potentiels.
« Avec Dieu le Père, la grande relation est la filiation. Avec Dieu le Suprême, l’accomplissement est la condition préalable au statut il faut faire quelque chose aussi bien qu’être quelque chose. » [LU 115:0.1]
Faire quelque chose ne veut pas forcément dire agir sur l’extérieur,
L’amour désintéressé. — À vrai dire ce pouvoir peut devenir directeur et influer fortement sur les processus précédants. Quand l’amour devient le moteur des actions humaines la personnalité devient attirante !
« Pour l’homme fini, la vérité, la beauté et la bonté embrassent la pleine révélation de la réalité de divinité. À mesure que cet amour-compréhension de la Déité trouve son expression spirituelle dans la vie des mortels qui connaissent Dieu, les fruits de la divinité sont produits: paix intellectuelle, progrès social, satisfaction morale, joie spirituelle et sagesse cosmique. Les mortels avancés sur un monde au septième stade de lumière et de vie ont appris que l’amour est la plus grande chose de l’univers — et ils savent que Dieu est amour. L’amour est le désir de faire du bien aux autres. » [LU 56:10.20]
L’évaluation et progression. — Le résultat de mon action est-il conforme à ce que j’en attendais? En évaluant je me donne la capacité à progresser. Sans une évaluation honnête il y a stagnation.
« L’évaluation spirituelle de la vie — l’adoration. Seul l’homme habité par l’esprit peut réaliser la divine présence et chercher à atteindre une expérience plus complète dans et avec cet avant-gout de divinité. . . Il en ressort que tout progrès humain est effectué par une technique conjointe d’évolution-révélation » « Le but ultime du progrès humain consiste à reconnaitre respectueusement la paternité de Dieu et à matérialiser avec amour la fraternité des hommes. » [LU 143:1.4]
Ce modus operandi intellectuel de l’homme se passe dans un cadre mental au sein du quel prend place la conscience de soi. Or, le mental humain ne crée pas de valeurs réelles; l’expérience humaine ne procure pas la clairvoyance de l’univers. Il faut donc quelque chose de plus pour que l’homme puisse accéder à la conscience de Dieu.
La finalité du plan divin d’ascension, pour nous les mortels, est contenue dans le mandat suprême du Père Universel:
« Soyez parfaits comme moi-même je suis parfait »
Le Conseiller Divin affirme que:
« Cette injonction de sefforcer d’atteindre la perfection de la divinité est le premier devoir et devrait être la plus haute ambition de toutes les créatures qui se débattent dans la création du Dieu de perfection. » [LU 1:0.4]
« Une telle perfection peut nềtre pas universelle au sens matériel, ni sans limites en compréhension intellectuelle, ni finale en expérience spirituelle, mais elle est finale et complète sous tous les aspects finis concernant la divinité de la volonté, la perfection de motivation de la personnalité, et la conscience de Dieu. » [LU 1:0.5]
Le don de la personnalité par le Père Universel constitue le mécanisme par lequel et avec lequel l’homme devient conscient de lui-même et ainsi établit des relations significatives avec d’autres créatures. Mais l’homme seul, créature subabsolue et finie ne peut connaitre Dieu, être absolu et infini. Il faut donc que l’Infini se révèle de lui-même au fini et Dieu à l’homme.
Et voici que l’Infini vient habiter la créature mortelle ascendante sous la forme d’un fragment de lui-même, le Moniteur de Mystère. Il représente: « la volonté de Dieu au loin dans les univers ».
« L’actualité de l’existence de Dieu est démontrée dans lexpérience humaine par la divine présence intérieure, le Moniteur d’esprit envoyé du Paradis pour vivre dans le mental mortel de l’homme, et pour l’aider à y développer l’âme immortelle destinée à survivre éternellement. La présence de cet Ajusteur divin dans le mental humain est révélée par trois phénomènes expérientiels:
- La capacité intellectuelle de connaitre Dieu — la conscience de Dieu.
- L’impulsion spirituelle à trouver Dieu-la recherche de Dieu.
- Le désir intense qu’a la personnalité dêtre semblable à Dieu — le désir sincère de faire la volonté de Dieu. » [LU 1:2.3]
Il en résulte que toute progression humaine vers la perfection est le fruit d’une coopération intelligente avec l’Esprit intérieur. Dans le processus du choix, l’homme doit procéder de bonne grâce aux ajustements de sa volonté et aux transformations dans son mental par lesquels il se laisse inspirer et finalement guider par l’Esprit.
« Quand un être moral choisit d’être altruiste en face d’une incitation à légoïsme, il fait une expérience religieuse primitive. Nul animal ne peut faire un tel choix; cette décision est à la fois humaine et religieuse. Elle embrasse le fait de la conscience de Dieu et montre l’impulsion vers le service social, base de la fraternité des hommes. » [LU 103:2.8]
Dans le phénomène d’expansion de la conscience de Dieu dans l’expérience humaine l’Ajusteur Intérieur est réellement le lien spirituel qui unit la créature au Créateur.
« C’est l’Ajusteur qui crée dans l’homme le désir insatiable et l’envie incessante dêtre semblable à Dieu, d’atteindre le Paradis et là, devant la personne réelle de la Déité, dadorer la source infinie de ce don divin. L’Ajusteur est la présence vivante qui relie effectivement le fils mortel à son Père du Paradis et lattire de plus en plus près du Père. » [LU 107:0.5]
La conscience dêtre habité par un Ajusteur est réellement la conviction inébranlable que Dieu vit en nous, avec nous et qu’il partage réellement nos joies et nos peines.
Depuis l’effusion de notre Fils Créateur, tous les urantiens dotés d’un mental normal possèdent un Ajusteur de Pensée et sont donc conscients intellectuellement de lexistence de Dieu. Combien il est ironique d’entendre un athée nier l’existence de Dieu alors qu’il en est lui-même conscient!
« Ces mortels connaissant Dieu possèdent, dans leur expérience personnelle, la seule preuve positive de l’existence du Dieu vivant qu’un être humain puisse offrir à un autre. L’existence de Dieu dépasse complètement toute possibilité de démonstration, si ce nest par le contact entre la conscience de Dieu dans le mental humain et la présence de Dieu de l’Ajusteur de Pensée qui habite l’intellect mortel et qui est effusé sur l’homme à titre de don gratuit du Père Universel. » [LU 1:2.6]
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