© 2021 Georges Michelson Dupont
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Soixantième anniversaire
Par Georges Michelson-Dupont,
Vice-président et Directeur des Traductions, de la Fondation Urantia
Recloses, France
Il y a 60 ans, au quatrième trimestre de l’an de grâce 1961, sortait des presses de l’imprimerie Tournon, le premier tome de La Cosmogonie d’Urantia. Le deuxième tome sortait au premier trimestre 1962 et le troisième au deuxième trimestre de la même année.
Je souhaite à cette occasion rendre hommage à Jacques Weiss qui, grâce à sa ténacité, son intelligence et son ouverture d’esprit, nous a légué la traduction de la révélation. Jacques Weiss est décédé le 27 janvier 1987.
Jacques Weiss naquit dans une famille remarquable, établie près de Strasbourg avant 1871. Suite au conflit de 1870, et de l’annexion de l’Alsace par les Allemands, elle dut s’exiler et s’établir à Arras (?); Pour ceux que l’histoire de cette famille intéresse, reportez-vous à l’adresse suivante:
http://www.annales.org/archives/x/weiss.html
Le père de Jacques, Paul Louis Weiss (18671945), industriel, Directeur des Mines; X en 1914 et plus tard Inspecteur des Finances) donna naissance à 6 enfants, tous illustres ou grands serviteurs de l’État et pour n’en citer qu’une Louise Weiss. (Pour plus d’informations sur Louise Weiss, écrivez « Dossier Louise Weiss » dans votre navigateur et télécharger le dossier de l’ENA.)
Émile Jean Jacques WEISS est né à Arras (?) en 1894, deuxième de la fratrie de Paul Louis Weiss. Il fut Inspecteur des Finances, Directeur des Charbonnages de France, Résistant durant la deuxième guerre mondiale. Il fut aussi un grand sportif, le premier homme à voler au-dessus de 10000 m sans masque. À côté de cela, Jacques fut toute sa vie un chercheur de vérité et, maitrisant l’anglais parfaitement, il traduisit de nombreux livres de spiritualité dont les fameux « La vie des Maitres » et « J’ai vécu sur deux planètes ».
Juste après la publication de The Urantia Book en septembre 1955, Mme Caroline Brown, un membre du Forum, envoya un exemplaire du livre à son ami Jacques Weiss qu’elle avait rencontré lors d’une visite de Jacques à New York.
Jacques entreprit la lecture de The Urantia book et, après quelques mois, fut certain de sa nature, de son origine et de son importance ce qui le convainquit de le traduire. En 1956, Jacques écrivit à la Urantia Brotherhood, en leur faisant part de son intérêt pour le traduire en français. Un flot de correspondance s’ensuivit, et en réponse à Mme Rowley, datée de décembre 1956, voici ce que Jacques écrivait:
« J’ai fait plusieurs traductions, comme La Vie des Maitres de Spadling, publié en 1946, et plus récemment Guérison ésotérique par Alice Bayley. » montrant ainsi qu’il possédait une solide expérience dans la traduction d’œuvre de nature spirituelle.
Jacques commença donc la traduction à la fin de 1956 ou début 1957. Le 13 novembre 1957, il écrivit à Melle Christensen (Christy) ce qui suit:
« À titre d’essai, j’ai traduit la première moitié de la 1ère partie. Ce travail m’a pris plusieurs heures par jour pendant de nombreux mois… C’est une tâche ardue parce que vous devez créer une nouvelle terminologie et par conséquent devez méditer sur de nombreuses phrases. Il y a aussi les « faux amis » de l’anglais vers le français. Parmi de nombreux exemples, je cite« realize ». En français cela veut dire surtout « comprendre clairement » mais en anglais « réaliser » veut dire « actualiser ».
Dans ce paragraphe, Jacques énumère quelques chalenges et difficultés expérimentés par tous les traducteurs. Non seulement, un traducteur traduit des idées et non des mots, mais, dans le cas du Livre d’Urantia, de nouveaux concepts doivent être compris clairement et doivent être traduits avec précision.
Jacques engagea plusieurs personnes pour terminer la traduction et son résultat fut l’effort d’une équipe. Les noms suivants apparaissent sur la première édition du livre:
Lysie Guionic et Simone Leclerc. Mme Guionic était responsable de la syntaxe française et de la ponctuation, tandis que Simone Leclerc (qui devint plus tard sa femme), ne parlant pas l’anglais, était plutôt impliquée dans le parfum spirituel de la traduction.
Il est aussi possible que d’autres personnes participèrent à la traduction. Dans le paragraphe suivant de la lettre adressée à Christy ci-dessous, Jacques écrivit ce qui suit:
« Parce que la traduction dans sa totalité est beaucoup plus que le travail d’un seul homme, j’ai pris contact avec deux hommes et leur ai demandé de traduire la troisième et la quatrième partie en les rémunérant. Le premier homme est un réfugié hongrois, un spiritualiste qui parle aussi bien l’allemand, l’anglais, et le français. Le deuxième est un expert français de La Bible et il m’a appris quelques éléments du langage hébreu au début des années quarante. Aucun d’eux ne m’a donné une réponse définitive. »
Dans une lettre, datée du 16 juin 1958, M. Weiss écrivit:
« Quant à la traduction en français, j’en ai pris la pleine responsabilité et j’en porte toute la charge, tout le travail, tous les couts, la supervision, les corrections, la terminologie unifiée et le choix de l’équipe. J’ai traduit moi-même les parties I et II. Un bon traducteur professionnel commencera bientôt la partie III et une femme amateur a commencé la partie IV. »
Le 8 mars 1960, M. Weiss acheva la traduction et reçu un télégramme de félicitations de la Fondation Urantia. Il envoya son travail à Chicago pour une révision par M. Gelsey, un « correcteur » engagé par la Fondation Urantia.
Avril 1961, un contrat fut signé entre la Fondation Urantia et M. Weiss et 2625 exemplaires de la partie I de la « Cosmologie d’Urantia » furent imprimés le 28 novembre 1961, suivis par l’impression de la partie II le 14 mars 1962 et de la partie III le 12 avril 1962.
Grâce à la ténacité et l’attitude persuasive d’un seul homme et des circonstances exceptionnelles associées à l’effort de traduction, la traduction française vit le jour et de nouveaux potentiels pour la croissance spirituelle furent offerts au monde francophone. Ce fut un travail d’équipe, dirigé par un homme de conviction et un groupe de cinq individus responsables qui avec courage et patience, ont transformé un rêve en réalité. La traduction française fut la première traduction de The urantia book. Par la suite, beaucoup de traducteurs se référèrent à cette traduction pour leur propre traduction comme référence et source d’inspiration.
Jacques, nous te devons beaucoup. Merci encore pour ton travail. À ce jour, plus de 60000 exemplaires ont été vendus dans la francophonie.