© 2004 Jean-Claude Romeuf
© 2004 Association Francophone des Lecteurs du Livre d'Urantia
Pour qui sait voir, écouter et entendre, c’est au printemps que la rivière laisse le plus écouler sa magie. Tout ce qui passe pour une banalité est, en fait, un mélange, à la fois simple et complexe, des miracles de la vie.
Rien n’est futile ou inutile; le soleil ne se lève pas pour des prunes! Un peu avant l’aube, ce matin, j’ai promené ma méditation sur la berge. L’eau venait à peine de s’endormir des bruits de la nuit, quand une flopée de bestioles de toute sorte commença à s’agiter. C’était à celui qui ferait la plus grosse bulle, qui sauterait le plus haut, qui coasserait, sifflerait, ferait le plus grand tintamarre. Deux fusées planétaires se prenant pour des hirondelles, touchèrent de leurs ailes la surface de l’eau et firent vibrer un feuillage courbé qui cherchait à se baigner et à se réveiller. Bref, la joie était à son paroxysme!
Soudain, tout ce petit peuple se tut. C’était l’heure! L’événement qui devait avoir lieu était d’importance. Il fallait que rien ne rate, tout devait être étudié avec considération et minutie. Il ne fallait pas se presser, il fallait faire une minute de silence. On commença alors à retenir sa respiration et à s’installer, comme dans un fauteuil, pour le spectacle. On tourna les yeux dans la même direction, afin que par magnétisme coordonné et associatif, celui qui allait nous chauffer toute la journée, puisse se lever.
Lorsque l’arc de feu apparut à l’horizon, dans la direction de notre regard, tout le monde s’écria dans sa langue maternelle : « Nous avons réussi ! ». Grâce à nous, le soleil venait de trouver son chemin vers le soir! Tout le monde recommença à piailler et à retourner à son occupation favorite : vivre le mieux possible! Nous étions faits pour le bonheur !
We silence venait d’être rompu. Mais la magie continuait ; les fées de la rivière, des rochers et des bois, ou les anges, qu’importe le nom qu’on leur donne, étaient là et avaient profité avec recueillement, tendresse et adoration du spectacle. Même si on ne pouvait les voir, on devinait leur présence en ce moment de profonde harmonie avec la nature. Deux espaces de matière et de créatures, deux mondes différents, mais réels, cohabitaient.
Semblable à une source, une petite brise, venant je ne sais d’où, souleva d’un baiser la surface de l’eau, entraînant de minuscules ondulations qui imitèrent un frétillement argenté d’alevins et qui trompèrent plus d’un poisson en quête de nourriture. Sur l’arbuste endormi le plus proche, quelques fleurs s’ennuyaient de leur immobilité. Le vent le savait. Il les souleva avec délicatesse et, à la manière de papillons multicolores, elles s’en allèrent butiner les narcisses orgueilleux, admirant leur reflet.
Petit à petit, à mesure que le soleil prit de l’altitude, une multitude de paillettes étincelantes, reposant à la surface de l’eau, fit cligner tous les yeux attentifs et admiratifs, comme pour cacher quelque chose de surnaturel. L’argent de la rivière se transforma en or. C’était bien là, le véritable miracle auquel nous assistions. Il était à l’origine de la croyance en la pierre philosophale, chère aux alchimistes et était la clef de la richesse, du bonheur et de la liberté !
Nous sommes tous des alchimistes ! Nous avons tous, le pouvoir de transformer la réalité, notre propre réalité, notre réalité de personnalité en une réalité meilleure. Il ne s’agit pas de vouloir changer les montagnes de place, ni de vouloir exclure de notre vie, des faits inévitables. Nous ne pouvons faire varier le cours des évènements que dans une mesure étroite et éphémère, mais la lutte pour la vie, lorsqu’elle est clairvoyante, nous fait acquérir grandeur et sagesse. Il s’agit d’avoir une vision différente du monde et d’apercevoir la magnificence des choses et des êtres, là où il n’y a en apparence que confusion, tumulte et désolation. Ne soyons plus des adolescents qui revendiquent leur liberté et trouvent la servitude, mais des hommes matures stimulés par les difficultés. La liberté acquise dépend toujours d’une victoire sur soi-même. C’est elle qui nous fait traverser les frontières de l’espace et du temps. Prenons conscience de notre citoyenneté cosmique et divine! Tout est affaire de clairvoyance, de sincérité, de croyance et de confiance en un esprit supérieur qui nous maintient dans la sécurité au milieu de l’adversité et de l’incertitude.
Chaque fois qu’un enfant de ce monde fait un pas de plus, dans la recherche et la découverte d’une des trois composantes de la divinité que sont la vérité, la beauté et la bonté, il trace un arc-en-ciel indélébile entre lui et son Créateur.
Jean-Claude Romeuf
« toute réalité de personnalité est proportionnelle à ses relations avec la divinité»