© 2010 Jean-Louis Fournier
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NDLR :Voici deux extraits du livre susmentionné.
Le thème :
Dieu s’ennuie et cherche un job sur terre.
Il doit passer une série d’entretiens d’embauche …
... Je peux vous offrir quelque chose ? demande le directeur du personnel à Dieu.
Je veux bien, oui.
Un whisky ou un jus de fruit ?
Un petit whisky, s'il vous plait.
C'est vous qui avez inventé l'alcool ?
C'est une grande responsabilité !
Je sais, mais j'ai des circonstances atténuantes.
C'est-à-dire?
Je l'avais caché, dans les fruits, dans les légumes,
dans les plantes, mais ils ont réussi àle trouver.
Vous l'aviez quand même inventé, pourquoi?
Quand ça va mal, j'aime être un peu pompette. Ça m'a bien aidé quand j'ai eu mes ennuis avec mon fils, sinon je ne sais pas ce que j'aurais fait. J'étais capable de tout, j'aurais pu commettre l'irréparable.
Vous auriez été jusqu'à vous supprimer?
Bien sûr. J’ai essayé, mais, manque de pot, je suis immortel ; et quand on a de gros emmerdements, c'est une vraie vacherie.
Je comprends. Faut prier.
Prier qui?
Bouddha, Yahvé, Allah, Jupiter, Zeus, Çiva...
C'est pas les dieux qui manquent.
Ce sont des pseudonymes.
Qui se cache derrière?
Vous ne devinez pas?
J'ai ma petite idée.
Moi, bien sûr, pour donner aux hommes l’impression qu’ils sont libres de choisir leur dieu. C’est comme pour les téléviseurs, il n’y a que le nom qui change ; l’intérieur, c’est la même chose.
LE TOP 50 DES DIEUX
Dieu est arrivé très en retard avec un grand sac.
Le directeur l’a accueilli avec une chaleur particulière.
Il lui a demandé pour le dernier entretien de vider son sac.
Je peux te dire tu ? demande le directeur de personnel à Dieu.
Bien sûr, lui répond Dieu.
Alors, dis-moi maintenant ce que tu reproches le plus aux hommes.
Leur ingratitude.
Ils savent que je suis tout seul là-haut, et pourtant jamais un coup de téléphone, jamais un petit mot, rien, comme si je n'existais pas.
Il faut sortir de ta cuisine. Dans les grands restaurants, à la fin du repas, le chef passe pour recueillir les observations des convives, connaître leur avis.
Pourquoi toi on ne te voit jamais?
Tu as peur de te faire engueuler?
Pas du tout, mais je sais à l'avance ce que je vais entendre.
Ils vont tous me dire que le début, c'était bien, les hors-d'œuvre, parfait. C'est la fin du repas qu'ils n'aiment pas, ils ne veulent pas quitter la table.
Peut-être parce que c'est à ce moment-là qu'on paye.
Possible, dit Dieu.
Il m'est arrivé quelquefois, après un coucher de soleil particulièrement réussi ou un matin de printemps en fleurs, de me dire : « Il s'est vraiment défoncé, je vais l'appeler pour le féliciter. » Mais au même moment j'apprends qu'un tremblement de terre vient de tuer des milliers de gens.
Tu es vraiment capable de tout!
Du pire et du meilleur, dit Dieu avec un petit sourire.
Mais d'abord on ne sait pas comment te joindre, et quand par miracle on trouve ton numéro, c'est toujours occupé.
Alors tu sais ce que c'est, on remet et on le fait pas.
Ce que tu dis sur mon téléphone toujours occupé, ça ne m 'étonne pas.
Monfils reste des heures à parler à ses apôtres.
Ils refont le monde...
Jean-Louis Fournier
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