© 2002 Jeanmarie Chaise
© 2002 Association Francophone des Lecteurs du Livre d'Urantia
Des amis me demandèrent récemment de leur raconter Dourdan 2002. Voici ce que je leur ai envoyé en fait de compte rendu.
Quelques jours avant l’anniversaire de naissance de Jésus, (le deux mille neuvième, je crois), 14 pays furent représentés cette année par 225 membres de la fraternelle association mondiale des Lecteurs du Livre d’Urantia à notre réunion française de Dourdan, la première du genre hors des Etats-Unis. Je précise, 225, mais en fait, il y en eut 226, car un dénommé Damien, un troubadour mi-philosophe mi-sans-abri, qui ordinairement hante les abords des université d’une ville de notre Bretagne, fut subrepticement hébergé par un lecteur qui l’avait pris en amitié. Mais chut! il ne fallait pas répandre l’information. (Il paraît, pour la petite histoire, que le Livre d’Urantia de ce Damien est une véritable relique, tant il l’a potassé.)
Je voudrais présenter ici le souvenir que j’ai gardé de cette réunion d’une manière informelle, c’est-à-dire de façon toute personnelle, car je ne sais guère faire autrement. En dehors du cadre qui était très acceptable et du temps qui l’était légèrement moins pour un début de mois d’août, c’est surtout des acteurs et de leurs actions dont je voudrais vous entretenir et seulement des acteurs, sans nécessairement les nommer, qui ont marqué mon séjour.
En effet, lorsque je vous aurai dit que 90% de cette assemblée s’absenta pour la visite d’un château voisin, durant tout une après midi, je n’aurai fait que vous dire mon sentiment d’abandon durant ces heures perdues. Mais naturellement, elles ne furent pas perdues pour tout le monde, puisqu’une grande majorité des visiteurs de châteaux étaient des étrangers à la France. Nous nous sommes durant ce temps néanmoins retrouvés entre amis. Lorsque je vous aurai dit que les soirées furent une lutte d’audience entre les prestations musicales de certains et les rassemblements divers d’autres autour de tables de discussions, je n’aurai fait que vous dire mon intérêt pour les secondes au détriment des premières. Non pas que je n’aime pas la musique ni les assemblées captivées par un spectacle, mais parce que les échanges d’idées sont ma musique préférée.
Enfin, lorsque je vous aurai dit ma satisfaction de m’être trouvé en général comme un poisson dans l’eau dans cette chaude ambiance d’amitié, je vous aurai dit l’enthousiasme que j’ai ressenti chez les uns et les autres, connus et inconnus.
Je ne peux donc vous raconter que mon propre vécu et quelques unes des rencontres qui ont jalonné ces deux journées, car je n’assistai pas entièrement à la troisième. Tout d’abord, ce fut la joie, pour moi comme pour chacun, sans doute, de renouer l’amitié avec les visages connus et voir à leurs traits leur évolution, tantôt enthousiasmante, mais parfois pourtant moindre. Puis il y eut ceux que l’on connaissait par échanges (via Internet par exemple ou par correspondance) et qui se révélèrent à peine différents de ce qu’ils nous avaient semblé être par ces moyens aveugles de communication. Sûr que de franches amitiés se sont ainsi nouées, puisque cela m’est arrivé. Mais il y eut aussi de nombreuses occasions d’apprendre à connaître de parfaits étrangers, j’entends par là, inconnus auparavant. J’ai notamment eu une longue conversation avec un pianiste qui nous avait enchanté avec Chopin, ainsi qu’avec un traducteur du Livre d’Urantia en roumain, qui avait fait la connaissance du Livre d’Urantia à Hong Kong et avec lequel j 'eus un entretien jusque tard dans la nuit. D’autres rencontres encore, mais souvent plus limitées pour cause de barrière linguistique, ont jalonné les temps libres entre séances d’ateliers et séances « plénières » comme disent les gens du Québec.
Nous sentions durant ces dernières, les plénières, un mouvement de sympathie générale, malgré l’immensité de la salle bien remplie et bourdonnante. Il y eut du chant, individuel et collectif et une attention soutenue durant les présentations, parfois longues mais jamais ennuyeuses et entrecoupées de traits d’humour des uns et des autres et de nombreux flashs. Les photographes et camescopeurs s’en sont donné à cœur joie. D’ailleurs, je me suis laissé dire par mon ami Georges qu’un serait confectionné sur l’ensemble de ces journées avec de nombreuses photos.
Voici donc, très résumé, le récit de mes impressions de Dourdan en ce qui concerne les aspects physiques et mentaux, si tant est que la présence des personnes et ce qu’elles dégagent de sentiments forts et raisonnés ont à voir avec ces deux niveaux de notre réalité dans la société. Mais il est un autre niveau de cette réalité auquel nous aspirons tous et qui nous est en permanence sous-jacent, du moins au travers de nos aspirations secrètes, celles que nous enfermons soigneusement dans notre bagage d’éternité, nos aspirations spirituelles.
Devant ce niveau plus confus, nous nous sentons plus évasifs lorsqu’il s’agit d’en déterminer les valeurs. Celles-ci ne se livrent pas d’ordinaire à l’analyse ou qu’exceptionnellement. Et je dois dire que j’en ai cependant ressenti les effluves en quelques occasions, et notamment lors de l’exposition du thème de la personnalité. J’en ai de suite déterminé la cause, car l’orateur, Georges, ne s’en est pas caché, elle émanait directement d’un personnage haut en couleur qui était parmi nous et dont je veux maintenant vous parler.
Moussa était venu du Sénégal et c’est à son atelier que je me rendis dès le premier jour, et c’est aux séances qu’il mena ensuite que j’allai jusqu’à mon départ. A vrai dire, Moussa a recouvert d’un manteau de spirituelle amitié tout mon séjour. Aborder ce thème de l’amitié spirituelle ne m’est pas familier, et je crois bien que c’est la première fois que je la ressens avec cette intensité. Comment vous en parler? Les derniers ateliers de Moussa durent se dérouler dans une salle plus grande car de plus en plus de personnes voulaient y assister. C’est là la manifestation physique de son impact sur une société.
Moussa est la simplicité même, la gentillesse même, il est à l’écoute autant qu’à la communication. Je l’ai observé. Lorsqu’il passe d’une phase durant laquelle il expose à une phase durant laquelle il écoute; son visage change du tout au tout. Moussa a un infini respect pour ce qu’on lui dit, et il inspire un infini respect pour ce qu’il dit. C’est pourtant au travers de choses simples et que je connais pourtant par cœur à propos de ce qui nous est présenté dans le Livre d’Urantia, qu’il a su capter mon attention. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de lui poser des questions et toujours il a su y répondre avec une parfaite sérénité et une claire vision, et de la question et de la réponse à y apporter. Tel est son impact mental sur son auditoire.
Moussa, lorsqu’il ne travaille pas, car visiblement ces séances sont pour lui un travail qui le passionne mais aussi auquel il apporte une intensité d’attention et d’intention constante, est une personnalité qui rayonne. C’est dans ces occasions de délassement et d’observation de la société autour de lui, alors que personne ne prête particulièrement attention à lui, que j’ai pu observer cette personnalité spirituelle. Son calme, je dirais sa présence intérieure émane de sa personne et c’est la première fois qu’une telle impression m’a saisi.
J’ai revu Moussa quelques jours plus tard au siège de l’AFFLU avec son fils Mustapha et ses deux nièces Fatou et Monique. J’ai pu là encore apprécier avec une quinzaine d’autres personnes les bienfaits de cette présence que je souhaite à tous de rencontrer un jour, car j’estime que le Livre d’Urantia se complète et se parfait de l’approche d’une telle personnalité qui met réellement et profondément dans sa vie les enseignements de Jésus.
Jeanmarie Chaise