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L’année 1955, le Livre d’Urantia….et le poète | Le Lien Urantien — Numéro 55 — Été 2011 — Table des matières | Lumière 04-06 mai 2011 (01) |
Sæurs jumelles : Il y aurait des milliards d’exoterres dans notre galaxie. Qui trouvera la première ?
Décodage : Qui découvrira la première planète habitable? La recherche d’exoplanètes est passée d’un passe-temps artisanal à une compétition où de gros moyens sont engagés
La nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre: une équipe américaine, Steven Vogt et Paul Butler, annonce fin septembre avoir trouvé une autre planète habitable, hors de notre système solaire, autour d’une étoile au nom de Gliese 581. Un astre sur lequel « il y aurait 100% de chance de trouver de la vie », a déclaré Steven Vogt. Patatras: deux semaines plus tard, l’équipe de l’Observatoire de Genève, qui avait elle-même annoncé la découverte d’une planète dans une zone habitable en 2007, profite d’un symposium à Turin pour avancer que l’objet observé n’existe pas! La quête de la « vie ailleurs » échaufferait-elle les esprits dans la communauté scientifique? Une chose est sûre: la recherche d’exoplanètes est passée d’un quasi-passe-temps artisanal à une compétition où de gros moyens sont engagés et aux enjeux scientifiques colossaux.
Plus de concurrents mais toujours deux ligues
« En astrophysique comme dans d’autres sciences règne une concurrence qui tend parfois à la malhonnêteté intellectuelle », commente Serge Brunier, spécialisé dans la vulgarisation de l’astronomie, auteur de nombreux ouvrages et collaborateur au magazine Science & Vie. « Même si officiellement, tout va bien dans le meilleur des mondes. »
Les premières années de la chasse aux planètes hors de notre système
La première exoplanète, leurs concurrents américains Paul Butler et Geoffrey Marcy avaient dans le viseur 65 étoiles. Coiffés au poteau par deux « petits Suisses », ils doivent se contenter de confirmer la découverte. Durant dix ans, les deux groupes se partageront le marché des exoplanètes, comptabilisant leurs succès respectifs et multipliant, surtout côté américain, les effets d’annonce.
L’Observatoire de Genève conservera une longueur d’avance
« Depuis cinq ans, les choses ont changé, affirme Didier 'Queloz. Il y a désormais une volonté collaborative évidente, poussée par le fait qu’il faut regrouper nos moyens.
En outre, beaucoup de nouvelles équipes ont émergé dans le domaine. » D’une cinquantaine de chasseurs de planètes en 1995, ils sont aujourd’hui plus de 500, essentiellement en Europe et aux États-Unis. « Certes, admet Serge Brunier. Mais il y a la Première ligue et les autres. Ceux qui utilisent les meilleures technologies et ceux qui n’y ont pas accès. »
Escalade technologique pour scruter Ia galaxie
Car quinze ans après la découverte de la première exoplanète, la technologie a considérablement évolué. Outre le développement des télescopes terrestres toujours plus perfectionnés, comme le projet de l’E-ELT (European Extremely Large Télescope) dans le désert d’Atacama au Chili, c’est dans l’espace que se joue la concurrence avec le lancement de télescopes spécifiquement conçus pour la traque des exoplanètes.
Côté européen, le programme CoRot, qui a débuté en 2007, scrute la galaxie vers les constellations de l’Aigle et de la Licorne. Côté américain, la NASA réplique avec Kepler en 2009 pour étudier les 156000 étoiles de la constellation du Cygne. Son avantage technologique est certain: plus puissant, Kepler devrait ramener beaucoup plus d’images que CoRot. « C’est vraisemblablement du côté américain et de Kepler qu’on aura ces prochains mois les annonces les plus importantes », estime ainsi Serge Brunier.
«Étant donné la propension qu’a la vie, à s’épanouir partout où elle le peut, je dirais que la probabilité qu’il y ait de la vie sur Gliese 581g est de 100%» Steven Vogt, astrophysicien a l’Université de Californie à Santa Cruz.
« S’il y avait une indication dans nos données permettant de conclure à l’existence de Gliese 581g, nous aurions été capables de la trouver » Francesco Pepe, astrophysicien à l’Observatoire de Genève.
« La science, c’est tout sauf la guerre. Il y a des aspects compétitifs mais plutôt du type de ceux qu’on retrouve dans les Jeux olympiques » Didier Queloz, astrophysicien à l’Observatoire de Genève.
Données secrètes et guerre de l’information
Les scientifiques disent volontiers partager leurs informations, mais tout de même, chaque camp conserve en général un laps de temps privilégié pour étudier en primeur les données de « ses » instruments.
Affaire significative: en juin dernier, une commission de la NASA autorisait les astronomes du programme Kepler à tenir secrètes leurs données six mois de plus que prévu, jusqu’en février 2011, ce qui n’a pas manqué de soulever quelques critiques chez d’autres scientifiques américains. « Le premier astronome qui pourra prouver la découverte d’une planète similaire à la Terre va gagner beaucoup de prix et d’estime. Il est logique que la NASA cherche à ce qu’une de ses missions trouve cette fameuse planète », se défendait en juin dans le New York Times Josh Huchra, président de la commission de la NASA, qui avait pris la décision d’accorder ce délai supplémentaire. Mais ce temps réservé est peut-être aussi une garantie d’information fiable. Car dans ce climat de course à la découverte, il est tentant de communiquer à la moindre avancée, quitte à se tromper. Du côté européen, on qualifie ce penchant de « très américain ». Il serait directement lié au système d’obtention de crédits pour la recherche : aux États-Unis, sans publicité médiatique favorable, adieu les financements. « Lorsque nous avions découvert 51 Peg b, un scientifique canadien a passé son temps à essayer de prouver que tout était faux, raconte Didier Queloz. Conséquence: l’équipe américaine de Marcy a vu ses crédits coupés durant deux ans. »
La vie ailleurs, l’enjeu qui fait tourner les têtes
En attendant, sur le site de la NASA le compteur tourne: 490 planètes extrasolaires découvertes à ce jour. La multiplication et surtout la diversité des astres révélés ont déjà révolutionné la planétologie et la cosmologie. Á commencer par le fait que notre système solaire n’est pas un modèle d’organisation planétaire mais un échantillon très limité de ce qui constitue l’Univers. Mais le nombre a de moins en moins d’importance. « Trouver une planète ou dix n’est pas l’essentiel aujourd’hui, relève Didier Queloz. Ce qui compte, c’est d’avancer dans la compréhension de notre Univers. Notre système solaire est-il unique? Y a-t-il des terres ailleurs? La vie peut-elle exister sur ces objets?» La vie, le mot est lâché. C’est ce qui motive, in fine, les chasseurs de planètes et qui fascine depuis la nuit des temps Y Homo sapiens. Elle explique qu’en 2007, l’annonce, par l’équipe genevoise, de la découverte de la première « Terre habitable » a eu l’effet d’une bombe. Durant une semaine, sept chercheurs à plein-temps ont répondu aux journalistes!
Et la prochaine étape sera de s’accorder sur les critères pour qualifier une super-Terre d’habitable. Première condition: que celle-ci se situe à une distance de son étoile telle qu’elle ne soit ni trop chaude ni trop froide pour permettre la présence d’eau liquide à sa surface. « Ces seules conditions ne sont sans doute pas suffisantes », rappelait Michel Mayor dans une interview de Science & Vie en janvier dernier. « Des débats complexes agitent la communaté scientifique pour définir les conditions nécessaires à l’apparition de la vie. »
Anne-Muriel Brouet Cathy Macherel/ journal 24 Heures
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