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Carte de la conscience | Le Lien Urantien — Numéro 69 — Hiver 2014 — Table des matières | L'équipe Shamengo |
Le Mouvement Colibris tire son nom d’une légende amérindienne : Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »
Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. nitiateur du Mouvement Colibris, reconnu expert international pour la lutte contre la désertification, Pierre Rabhi est l’un des pionniers de l’agriculture écologique en France. Depuis 1981, il transmet son savoir-faire en Afrique en cherchant à redonner leur autonomie alimentaire aux plus démunis et à sauvegarder leur patrimoine nourricier.
Auteur, philosophe et conférencier, il appelle à « l’insurrection des consciences » pour fédérer ce que l’humanité a de meilleur et cesser de faire de notre planète-paradis un enfer de souffrances et de destructions. Devant l’échec de la condition générale de l’humanité et les dommages considérables infligés à la Nature, il nous invite à sortir du mythe de la croissance indéfinie, à réaliser l’importance vitale de notre terre nourricière et à inaugurer une nouvelle éthique de vie vers une « sobriété heureuse ».
1938 : Fils d’un forgeron du sud algérien, Pierre est confié à l’âge de 5 ans, après le décès de sa mère, à un couple d’Européens. Il reçoit une éducation française tout en conservant l’héritage de sa culture d’origine.
1981 : Il met en place plusieurs programmes de formation en France, en Europe et en Afrique. Invité au Burkina Faso où les paysans souffrent d’un marasme écologique (sécheresses répétitives) et économique (cherté des engrais et pesticides), Pierre Rabhi développe sa première action agroécologique.
1988 : Pierre Rabhi est reconnu comme expert international pour la sécurité alimentaire et la lutte contre la désertification.
1997-98 : Á la demande de l’ONU, Pierre Rabhi intervient dans le cadre de l’élaboration de la Convention de lutte contre la désertification (CCD) et est appelé à formuler des propositions concrètes pour son application.
1999-2000 : Création de Terre & Humanisme. Cette nouvelle structure doit permettre d’élargir l’action en faveur de pratiques écologiques autonomes et d’une solidarité internationale. Lancement de nouvelles actions de développement au Niger, au Mali et au Maroc. Création par sa fille, Sophie Rabhi, de la Ferme des enfants qui propose une pédagogie Montessori à la ferme pour la maternelle, le primaire et le collège.
2004 : Naissance du projet de création d’un centre agroécologique, Les Amanins, à la Roche-sur-Grâne, dans la Drôme. Ce lieu d’accueil, d’hébergement et de pédagogie voué à l’écologie est porteur des valeurs de Terre & Humanisme. L’école à la ferme s’ouvre sur la société avec la création du Hameau des Buis, véritable oasis de vie et laboratoire d’expérimentations d’intérêt général.
2006 : Lancement de Colibris, Mouvement pour la Terre et l’Humanisme afin d’aider chacun à construire, à son échelle, de nouveaux modèles de société fondés sur l’autonomie, l’écologie et l’humanisme.
« Toutes les choses sont reliées entre elles. Vous devez apprendre à vos enfants que la terre sous leurs pieds n’est autre que la cendre de nos ancêtres, que la terre est notre mère et que tout ce qui arrive à la terre arrive aux enfants de la terre. Ceci nous le savons : la terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre. Toutes les choses sont reliées entre elles comme le sang est le lien entre les membres d’une même famille. » Chef indien Seattle, 1854.
La modernité a édifié une civilisation souvent « hors-sol », déconnectée des lois et des rythmes du Vivant. Pourtant, le moindre de nos actes — manger, boire, se chauffer, s’habiller, se loger, lire, écrire, etc. — plonge ses racines, dans la terre, l’eau de nos rivières, le bois de nos forêts, l’air de notre atmosphère.
Interconnexion de tous les êtres vivants : l’humain inclus dans la nature
Toutes les espèces vivantes sont liées les unes aux autres par des relations d’interdépendance. Chacune d’entre elles joue un rôle spécifique dans l’équilibre de l’écosystème et les différents écosystèmes s’interconnectent pour former la biosphère et permettre la vie sur terre. Toute espèce qui disparaît est comme une maille du tricot de la vie qui saute et qui fragilise l’ensemble. Aujourd’hui, le rythme d’érosion de la biodiversité est 100 à 1000 fois supérieur à ce qu’il serait sans l’empreinte de l’Homme. Nous vivons la sixième extinction majeure de la biodiversité terrestre et pour la première fois, celle-ci s’explique par l’impact d’une seule espèce sur toutes les autres. L’humain, par son empreinte écologique démesurée, est en train de mettre en péril l’équilibre du Vivant et de compromettre ainsi sa propre survie.
Le cycle de la vie : rien ne se perd, tout se transforme
Le bien-fondé du cycle de la vie fait que, dans la nature, rien ne se perd et tout se transforme. C’est ainsi que les déjections des animaux nourrissent à leur tour la terre; les végétaux absorbent le gaz carbonique que nous rejetons et rejettent l’oxygène indispensable à notre vie, etc. Là encore, la cohésion de l’ensemble du Vivant est la condition de sa pérennité. Avec la modernité sont apparus des déchets innombrables et pour certains non biodégradables qui ne peuvent plus s’inclure dans ce cycle naturel. Il s’agit là d’une rupture inédite dans l’histoire de la vie sur terre. Chaque français jette 360 kg d’ordures par an dont seulement 20% sont recyclés. L’un des déchets les plus dangereux rejetés par l’humain, et pour lequel aucune solution de traitement ou de recyclage n’a encore été trouvée, est celui issu de l’électricité nucléaire. Fortement radioactif, il demeure toxique pendant des millions d’années. Que faire ?
Reconsidérer la chaîne du Vivant, c’est prendre conscience que nous ne pouvons pas vivre sans respecter l’ensemble de la nature à laquelle nous appartenons. En réduisant notre empreinte écologique et en réadaptant nos modes de vie au rythme et à la capacité biologique de la terre, il est possible de retrouver l’équilibre. L’agroécologie est une alternative fondamentale permettant de replacer l’humain au cœur d’un système intégré, en harmonie avec la terre, le végétal et l’animal. La reconnexion à la nature et à la terre nourricière permet de savoir comment organiser nos sociétés pour que les lois de la vie soient respectées et puissent se perpétuer.
Nous pouvons affirmer objectivement que la Terre est une mère. Il a fallu des millénaires pour que la mince couche de terre arable à laquelle nous devons la vie puisse se constituer. Siège d’une activité intense et silencieuse, générée par des microorganismes, champignons, levures, vers de terre, etc., c’est en elle que s’élaborent les substances qui permettront aux végétaux de se nourrir, de s’épanouir et de se reproduire. Et c’est aux végétaux que les animaux et les humains doivent leur propre survie. La terre, le végétal, l’animal et l’humain, sont de cette manière unis et indissociables. Ainsi, la vie s’est-elle perpétuée depuis la nuit des temps grâce à cette logique fondée sur la cohésion de l’ensemble du Vivant. Vouloir l’oublier, la dominer ou la transgresser est irréaliste.
La Terre a besoin de temps pour renouveler les ressources que nous prélevons et pour absorber les déchets que nous rejetons. Pour satisfaire les objectifs de production de l’économie mondialisée, nous avons cherché à produire toujours plus et toujours plus vite. En agriculture, la terre est dopée et maltraitée pour fournir de tout, toute l’année et en quantité industrielle. Cette exigence de rendement à outrance n’est plus compatible avec les rythmes de la nature. En France, l’empreinte écologique s’élève aujourd’hui à 5 hectares par habitant. Or, la capacité biologique de la terre disponible par personne est de 1,9 hectares. Ce surrégime est insoutenable pour la planète. La frénésie d’existence des temps modernes est déconnectée de la cadence juste des cycles naturels. Il en résulte chez l’être humain dans la modernité une augmentation des maladies, du stress et des troubles du comportement.
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