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« L’amour croit tout. » Il nous faut plutôt cultiver la confiance que la méfiance, comme Dieu est plus attentif à notre devenir qu’à notre passé.
« L’amour espère tout. » Paul est convaincu qu’il y peu d’hommes foncièrement pervers, mais qu’il y a beaucoup d’hommes malheureux, blessés et qui ont besoin d’être aimés pour croire à nouveau en eux, pour progresser et révéler des possibilités insoupçonnées d’eux-mêmes.
« L’amour endure tout. » Il refuse de se laisser vaincre par les forces du mal et désire « triompher du mal par le bien » (Rm 12,21).
Il est clair que « l’amour » que décrit ainsi Paul dépasse le simple sentiment humain, mais qu’il s’agit de ce que la tradition chrétienne appelle « l’amour théologal » (agapé), c’est-à-dire de l’amour purifié et animé par les Énergies de l’Esprit.
Paul n’hésite pas à mettre celui-ci sur le même plan, et même au-dessus de la foi et de l’espérance, les deux autres « vertus théologales ». Cet « amour-agapé» dépasse la simple solidarité ou la compassion naturelle, mais il est celui qui jaillit du cœur même du Dieu Trinitaire auquel la grâce nous fait participer. Le fondement de cet amour évangélique est bien Dieu lui-même, son Esprit agissant dans le cœur de l’homme. Jésus en est le modèle le plus parfait.
N’attristez pas le Saint-Esprit, dont Dieu vous a marqués comme d’un sceau pour le jour de la délivrance. Amertume, irritation, colère, éclats de voix, injures, tout cela doit disparaître de chez vous, comme toute espèce de méchanceté. Soyez bons les uns pour les autres ; pardonnez-vous mutuellement, comme Dieu vous a pardonné en Christ.
Oui, cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes des enfants qu’il aime ; vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même à Dieu pour nous (Ep 4, 30-32 à 5,1-2).
Le Christ demeure pour Paul la référence vivante, celui qui a incarné et porté à sa perfection l’amour que les chrétiens sont appelés à vivre à leur tour.
Toutes les relations interpersonnelles, dans la vie du couple, des communautés, sont éclairées par les sentiments et les gestes du Christ.
Aussi je vous en conjure par tout ce qu’il peut y avoir d’appel pressant dans le Christ, de persuasion dans l’Amour, de communion dans l’Esprit, de tendresse compatissante, mettez le comble à ma joie par l’accord de vos sentiments : ayez le même amour, un même cœur, recherchez l’unité; ne faites rien par rivalité, rien par vaine gloire, mais avec humilité considérez les autres comme supérieurs à vous. Que chacun ne recherche pas seulement son propre intérêt, mais aussi qu’il songe aussi à celui des autres. Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus : lui, qui est de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est dépouillé lui-même, prenant condition de serviteur, devenant semblable aux hommes (Ph 2,1-8).
Que chacun ne recherche pas ce qui lui plaît, mais cherche à plaire à son prochain en vue de son bien pour édifier. Car le Christ n’a pas recherché ce qui lui plaisait (Rm 15,13).
Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Église, et s’est livré pour elle, afin de la sanctifier (Ep 5,25-26).
Paul ne fait que prolonger et appliquer l’enseignement du Christ qui résumait la « charte de la vie chrétienne » du Sermon sur la Montagne, en disant : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait (Mt 5,48) ou encore Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres (Jean 13, 31-34). »
D’ailleurs, pour Paul, puisque notre amour des autres est un reflet de l’amour de Dieu et du Christ pour nous, il n’hésite pas à utiliser les mêmes mots pour décrire les caractéristiques de l’amour du Christ et celui des chrétiens (bonté, désintéressement, miséricorde, compassion, fidélité). En fait, le chrétien n’imite pas les attitudes ou les sentiments du Christ comme on imite extérieurement un voisin, mais il se laisse habiter, façonner par l’Esprit qui le rend intérieurement conforme au Christ. Baptisés dans le Christ, nous ne faisons plus qu’un avec Lui (Ga 3,27-28).
C’est cette osmose intime entre le chrétien et le Christ, qui nous permet d’entrer en relation avec Dieu et de lui dire comme le Christ lui-même : « Abba-Père ». Le Père nous aime dans l’Esprit du même amour qu’il aime son Fils Jésus. Et le Christ, dans l’Esprit, nous aime du même amour qu’il aime son Père.
Et c’est de ce même amour dans l’Esprit que nous aimons tous les hommes, nos frères, comme le Père les aime. Selon la belle formule de Paul, désormais il n’y a plus ni Juif ni Grec ; il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous n’êtes qu’un seul vivant en Jésus Christ (Ga 3,28).
Cet amour théologal fait disparaître toutes les frontières sociales, biologiques et raciales. Nous sommes ici, dans la logique de la révélation du Christ, au centre de la théologie paulinienne qui fonde la dignité de tout être humain et toute la « morale chrétienne ».
On comprend pourquoi, selon Paul, « l’amour-agapé» vécu par les chrétiens estle meilleur « culte spirituel » qu’ils puissent rendre à Dieu. Il n’y a pas d’opposition entre l’amour de Dieu et l’amour des hommes. Tout que ce nous accomplissons pour le bien de l’homme, pour lui permettre de réaliser sa véritable destinée de fils de Dieu, rend gloire à Dieu.
Selon « Sur les traces de saint Paul », Guide historique et spirituel, Desclée De Brouwer
Michel Hubaut
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