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Éditorial | Le Lien Urantien — Numéro 75 — Septembre 2016 — Table des matières | Brèves Réflexions Sur Le Temps |
Les récents massacres commis en Amérique du Nord, en Europe mais aussi au Proche Orient suscitent une vague d’incompréhension et d’indignation dans le monde entier. Cette violence islamiste liée au Djihadisme est revendiquée et justifiée au nom d’un Islam rigoureux par ceux qui commettent ces massacres de masse.
Nous avons voulu savoir comment ces évènements sont vécus par ceux qui vivent leur foi en l’Islam dans le cadre des enseignements du Livre d’Urantia et d’une manière plus directe nous avons posé la question « où va l’Islam au XXIe siècle » à Moustapha Kemal N’Diaye du groupe de Dakar (Sénégal).
UN REGARD rétrospectif sur l’actualité de ces dernières années, sans une analyse poussée pourrait entrainer indubitablement une réponse affirmative certes, mais biaisée si l’on n’élargit pas le panorama.
La première difficulté consiste dans le fait de considérer, de manière implicite l’islam comme une religion structurée à l’échelle de la planète, avec un clergé, une organisation, des points de vue centralisés, etc., ce qui permettrait de porter un jugement global valable. Tel n’est pas le cas. Il y a autant de manières de vivre l’islam que de populations musulmanes, malgré des tendances récentes de volonté d’hégémonisme à l’échelle de la planète. (En réalité il y a autant de religions que d’individus religieux)
D’autre part, pour comprendre ce qui se passe avec la violence islamiste liée au Djihadisme, il faut remonter à l’islam des débuts en Arabie. Des problèmes non résolus du passé islamique des débuts, se sont projetés, avec l’inertie typique de sociétés arabes régies par des tribus, dans l’actualité du monde contemporain, se mêlant à des éléments sociaux, culturels, à des intérêts économiques, etc. Les formes violentes de cette irruption, tant au niveau de certains discours que des actes qui les accompagnent, ont donné l’illusion d’un conflit entre civilisations ou de choc avec l’Occident, selon la propagande des initiateurs de cette vision erronée, pour tenter de justifier faussement leurs actions par des fondements moraux, éthiques ou spirituels.
L’essence du Djihadisme sous ses formes salafistes, fondamentalistes, chiites de diverses obédiences, ou autres, est d’abord liée à un problème interne arabe, entre sunnisme et chiisme, problème démultiplié par un contexte mondialisé et des moyens économiques accrus et d’autres facteurs encore. Cependant l’actualité du monde révèle de plus en plus, et de mieux en mieux, la vraie nature du problème.
Toute l’histoire de l’empire islamique, depuis la succession par les compagnons du Prophète, jusqu’à la dissolution de l’empire turc ottoman par Moustapha Kemal Attaturc, en passant par les califats omeyyades, abbassides, turcoman, l’intermède mongol, les épisodes des croisés et l’intermède du rôle de l’Egypte, entre autres, est constamment ponctuée et caractérisée par l’expression de frustrations violentes, depuis le clivage primitif entre Sunnites et Chiites, remontant aux temps du prophète, et lié à son gendre Ali. Ces antagonismes ont été amplifiés par des différences culturelles importantes entre populations arabes traditionalistes nomades et populations arabes ou non (perses, turkmène,), dépositaires des traditions plus dynamiques héritées de l’empire romain ou de cultures plus sédentaires et mieux structurées. Ces antagonismes ont fini par se cristalliser, voire par se fossiliser. Dans ce contexte, l’islam a servi aux uns et aux autres, souvent de prétexte pour compenser des frustrations, ou tenter de justifier des actes répréhensibles. Bref cette conception de l’islam est comme c’est souvent le cas, devenue une partie du problème au lieu dêtre une solution possible aux problèmes (ce qui devrait être la vocation naturelle de toute religion), comme cela fut aussi malheureusement le cas pour l’Église quelques siècles auparavant, pour des raisons différentes.
Dans la phase actuelle de reconstruction sociale de notre planète, (j’invite une relecture attentive du chapitre y afférent dans le Livre d’Urantia), il apparait clairement que l’actualité du monde ramène les choses à leur juste dimension, c’est-à-dire dans ce cas, à un problème de revendication pure et simple de pouvoir politique entre sunnisme et chiisme, sur fond de contradictions sociales modernes et sous un prétexte faussement religieux.
Cependant, nous ne voyons pas toujours un tableau aussi sombre pour l’avenir, même si nous déplorons le prix inacceptable payé au regard des attentats barbares et quasi quotidiens. Notre génération est le témoin privilégié d’un processus de résolution dans le présent, des problèmes non résolus du passé, selon des perspectives de progrès garanties pour l’avenir. En considérant l’analyse de l’activité des départements des religions (passé), de l’époque (présent) et du progrès (avenir) du gouvernement planétaire, cette situation, qui vaut de manière générale pour tous les autres aspects de nécessité de la reconstruction sociale sur terre, est plutôt un motif d’espoir. « La pression spirituelle par le haut » a entamé son travail pour un monde meilleur dans tous les domaines.
Notons simplement pour revenir au sujet de l’islam, que le Salafisme est remis en question à sa source même (Arabie saoudite et monarchies du golfe), que la mouvance des frères musulmans est de plus en plus affaiblie en tant qu’idéologie de progrès par les populations elle mêmes en Egypte et en Tunisie, que la Turquie est à la croisée des chemins. Tout cela se passe en temps réel et quasi- ment sous nos yeux en l’espace de quelques petites années.
Parmi les prémices de ce que pourrait être l’avenir, notons également que l’institution Al Azar d’Egypte a émis l’idée de réécrire le Coran pour le monde moderne, afin de l’épurer de ses parties pouvant inciter à la violence, même si cela n’est encore qu’un projet. Une telle audace pour qui connait l’islam est déjà une petite révolution. Constatons que la visite et les prières du Pape François à la grande mosquée de Bangui ont été plutôt bien perçues par le monde musulman, nous notons qu’une prière commune a eu lieu dans une mosquée de Paris avec un prêtre catholique, un imam musulman et un rabbin juif à la suite des attentats du 13 novembre, et cela est bien passé dans l’opinion. Tous ces actes auraient été qualifiés de sacrilège, et entrainé des excès, il y a peu.
La force de l’islam a résidé dans sa présentation bien nette et bien précise d’Allah comme la seule et unique Déité.
Sa faiblesse fut d’associer la force militaire à cette promulgation, et aussi de dégrader les femmes. (LU 95:7.6)
Constatons enfin le rejet de la violence et surtout de l’idéologie djihadiste qui est en train de perdre toute sympathie dans la quasi-totalité du monde musulman, ce qui nétait pas non plus le cas il y a juste quelques années. Nous sommes certains que l’islam de demain sera différent de ce qu’il est aujourd’hui, comme le monde de demain le sera de celui d’aujourd’hui.
Pour ce qui est de la manière de concilier l’islam avec les enseignements du Livre d’Urantia, question qui est souvent posée par certains lecteurs, il faut d’abord rappeler que l’islam au Sénégal est confrérique et loin de ce qu’il est en Arabie. Nous nous sommes rendu compte qu’au fil du temps, les mentalités sont plus prêtes à recevoir les vérités du Livre d’Urantia lorsqu’elles sont données avec de l’amour et de la pédagogie, c’est-à-dire, en vérité. Notons aussi que ce fut la démarche et la méthode de Jésus vis-à-vis des traditions religieuses juives de son temps, la vie est une affaire d’évolution plutôt que de révolution, autrement, nous ne serions jamais en mesure de connaitre Dieu.
Cela dit, il faut aussi noter qu’il y a des éléments d’universalité religieuse et de foi authentique intéressants dans l’islam, dont certains sont cités dans Le Livre d’Uvantia parmi les extraits puisés dans l’héritage de penseurs humains cherchant Dieu. En cela, et en guise de conclusion, citons l’une des définitions de ce qu’est être musulman, définition revenant sous les mêmes formes avec des tournures différentes, et tirée du Coran Sourate 2, La Vache Al Baqarah Verset 136. Nous le rappelons souvent à nos interlocuteurs musulmans, pour leur offrir plus d’ouverture sur les vérités formulées autrement et par d’autres, et ils n’ont aucune difficulté à l’accepter. Dis: « Nous croyons en Allah et en ce qu’on nous a révélé, et à ce qu’on a fait descendre vers Abraham et Ismael et Jacob et les tribus, et en ce qui a été donné à Moise et à Jésus, et en ce qui a été donné aux prophètes, venant de leur Seigneur. Nous ne faisons aucune distinction entre eux. Et à LUI nous sommes soumis »
« Muslim » signifie soumission à Dieu et désigne et qualifie le musulman. C’est dans ce sens, d’une meilleure compréhension de ce qu’est être musulman, que Salimata, l’une des membres du Groupe de Dakar, disait, il y a plus d’une dizaine d’années, en répondant à une question d’un membre de la Fondation, que les enseignements du Livre d’Urantia, ont fait d’elle une meilleure musulmane, en la rendant plus soumise et mieux soumise à Dieu, en clarifiant ce qu’était cette soumission d’un point de vue historique et social et ce qu’elle devait être du point de vue fondamental et personnel.
Moustapha K. Ndiaye. Dakar le 15 juin 2016
Né en 1957 et après des études primaires à Dakar, et secondaires au Prytanée Militaire de Saint Louis (à 270 Km au nord de Dakar en 1968), j’ai poursuivi mes études supérieures à l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon, où j’obtins le Diplôme d’Ingénieur en Electricité (Option Télécommunications) en 1981.
Mes études supérieures en France ont coïncidé avec un intérêt accru et très marqué pour tout ce qui concerne le sens de la vie, à travers des lectures diverses sur les ouvrages traitant d’occultisme, d’ésotérisme, de religions et spiritualités diverses, et des rencontres avec diverses personnalités. J’avais fini par ne plus savoir ce que je cherchais vraiment, à travers la diversité, et les confusions que je pressentais. C’est en suivant les travaux du Groupe d’Etudes de Dakar dirigé par mon père, (et basés sur les révélations du Livre d’Urantia), pendant les vacances universitaires, et surtout après mon retour définitif au Sénégal en 1981, que le déclic s’est produit. Je compris réellement l’importance de ces recherches arides passées, et la suite logique, ainsi que l’intérêt regard de attend de nous.
Depuis lors au gré de mes nombreuses opportunités de voyage à l’étranger dans le cadre professionnel, et des opportunités qu’elles offraient, j’ai pu davantage rencontrer des lecteurs de différents pays et continents, et établir avec mes frères en esprit du Sénégal, un cadre d’enseignement et d’éducation spirituelle dans un milieu à forte dominante islamique, mais très tolérant par culture.
Marié et père de deux garçons et d’une fille, qui ont tous été élevés, autant dans la tradition religieuse de leur pays, que dans l’ouverture au village planétaire qu’est devenu Urantia, j’essaie de trouver ce sens jadis recherché en vain dans les livres, dans une relation vivante avec le Père à travers toutes les opportunités de vie familiale, sociale ou internationale, qu’ll aura suscité en tant qu’Ajusteur dans mon mental ou en tant que Dieu Suprême dans ma destinée.
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