© 2004 Olga López
© 2004 Association Urantia d'Espagne
Je me souviens qu’à l’époque, un paragraphe du document 84, « Mariage et vie de famille », avait retenu mon attention :
« Quant aux idéaux du mariage d’un couple, la femme a finalement gagné récognition, dignité, indépendance, égalité et éducation ; mais va-t-elle se montrer digne de cette réussite nouvelle et sans précédent ? La femme moderne répondra-t-elle à cette grande libération sociale par la paresse, l’indolence, la stérilité et l’infidélité ? Aujourd’hui, au vingtième siècle, la femme subit l’épreuve décisive de sa longue existence dans le monde ! » LU 84:5.10
Ce paragraphe m’a amenée à me demander si les femmes de notre époque méritaient la reconnaissance et la dignité si souvent évoquées. Plus tard, lors de la transition de 1999 à 2000, lorsque nous avons entendu tant de réflexions et de récapitulations sur l’impact du XXe siècle sur l’histoire de l’humanité, un point a fait l’unanimité : à l’aube du XXIe siècle, les femmes n’ont pas encore atteint, même dans les sociétés les plus avancées, une pleine égalité avec les hommes. De plus, dans la plupart des nations du monde, elles sont encore considérées comme des « personnes de seconde zone ».
La pleine égalité entre hommes et femmes est sans aucun doute la question en suspens qui continuera de nous tarauder pendant une grande partie du siècle prochain. Il est vrai que, du moins dans les sociétés occidentales, les femmes ont gagné en reconnaissance, conquérant des espaces de pouvoir autrefois réservés aux hommes, mais souvent au prix d’un prix trop élevé, renonçant à la vie de famille, à la maternité… Bref, j’ai l’impression que beaucoup de femmes dans les sociétés prospères sont tombées dans le piège de rechercher l’égalité en imitant les hommes, alors qu’en réalité, je crois que la clé réside dans l’obtention de cette égalité, tout en tenant compte de nos particularités et de nos différences. Comme indiqué à la page 938, paragraphe 2 :
« Chaque sexe a sa propre sphère d’existence distincte avec ses propres droits dans cette sphère. Si la femme aspire littéralement à profiter de tous les droits de l’homme, alors une concurrence impitoyable et dépourvue de sentimentalité remplacera certainement, tôt ou tard, l’esprit chevaleresque et la considération spéciale dont beaucoup de femmes bénéficient présentement et qu’elles n’ont obtenus des hommes que tout récemment. » LU 84:5.12
Cette égalité ne doit pas être atteinte en rivalisant avec les hommes, mais plutôt en les complétant. Il ne s’agit pas de pousser la « guerre des sexes » à ses extrêmes, mais plutôt de coopérer ensemble, en tirant parti de nos dons spécifiques :
« Les différences de nature, de réactions, de points de vue et de pensée entre les hommes et les femmes, loin de causer des soucis, devraient bien plutôt être considérées comme hautement bénéfiques pour l’humanité, à la fois individuellement et collectivement. De nombreux ordres de créatures de l’univers sont créés sous des phases duelles de manifestation de la personnalité (…). Ces associations de couples multiplient grandement la variété de talents et triomphent des limitations naturelles… » LU 84:6.5
Ainsi, si les hommes et les femmes marchaient ensemble et cessaient de rivaliser et de chercher à se dominer, l’évolution sociale et spirituelle de l’humanité s’en trouverait considérablement améliorée. Hommes et femmes sont « condamnés » à se comprendre, non seulement dans cette vie, mais à toutes les étapes de notre cheminement vers le Paradis, car la « féminité » ou la « masculinité » avec lesquelles nous sommes nés ne nous abandonneront jamais complètement. Commençons donc à nous comprendre dès le début de notre cheminement.
De nombreux gouvernements tentent de créer une « fiction » d’égalité. Personnellement, je ne peux m’empêcher de trouver cela purement formaliste et « politiquement correct », l’empressement des politiciens d’aujourd’hui (du moins dans mon pays) à mettre l’accent dans leurs discours sur l’emploi de « citoyens et citoyennes », « travailleurs et travailleuses », comme si on ne se souciait pas d’eux en utilisant un seul nom. D’autre part, il existe des pratiques de « discrimination positive », comme celle qui a conduit le gouvernement français à exiger des partis politiques qu’ils incluent 50 % de femmes sur leurs listes électorales, en alternance avec les hommes. C’est une autre mesure qui, bien que bien intentionnée, ne contribuera pas, à mon avis, à l’égalité souhaitée.
Pour moi, la véritable égalité sera atteinte lorsque personne ne pensera à compter le nombre de femmes sur une liste électorale, tout comme il serait absurde de compter le nombre de blondes et de candidates aux yeux bleus. Elle sera atteinte lorsque personne ne jugera digne de mention qu’une femme participe à un vol spatial, lorsque le fait qu’une femme préside le gouvernement d’une nation puissante ne sera qu’anecdotique, comme ce serait le cas aux États-Unis. Lorsque hommes et femmes partageront les tâches ménagères à parts égales, si chacun contribue au soutien économique de la famille.
Malheureusement, je considère encore ce jour comme une perspective lointaine. Car je ne crois pas qu’il puisse être atteint dans un seul pays ou un petit groupe de pays : il doit l’être à l’échelle de la planète entière. Et aujourd’hui, malgré la « mondialisation » dans laquelle nous vivons, les différences culturelles et sociales entre les peuples sont encore bien trop marquées.
Mais des progrès ont été accomplis, et nous devons rester optimistes. L’avenir repose sur la capacité des femmes à occuper la place qui leur revient, qui leur a été refusée pendant des millénaires, et à contribuer à créer une société plus juste où règnent la paix et l’harmonie.