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La Neylière et les cercles psychiques | Le Lien Urantien — Numéro 59 — Été 2012 — Table des matières | Estime de soi |
L’Illustré, me 14 décembre 2011 : Témoignage de Joseph Stutz, Le millionnaire du bonheur.
Quelques 100000 ménages romands ont reçu un petit livre dans leur boîte aux lettres. Un cadeau qui a étonné ou ravi, offert par un mystérieux retraité fortuné. « L’illustré» est allé à la rencontre de Joseph Stutz, un drôle de père Noël.
Cet ouvrage vous donne des outils précieux et utiles pour vous libérer de vos souffrances psychologiques et vous conduire vers une vie épanouie. Lorsque vous lirez ce livre, vous découvrirez comment faire pour maîtriser votre stress et pour vous sentir bien, même si parfois tout semble aller mal.
À la quête de son propre bien-être et de celui de ses proches, l’auteur a exploré, sa vie durant, les origines, les causes et les conséquences du mal-être psychologique, ainsi que les antidotes naturels possibles. Au travers de ses expériences, observations et analyses, il affirme que le mal-être et la plupart des maladies sont générés par l’homme lui-même. Il explique, de façon simple et méthodique, comment faire pour s’en libérer et trouver la joie de vivre.
En général, le père Noël travaille le 24 décembre et dépose ses cadeaux dans la cheminée. Alors, évidemment, lorsque vous recevez en novembre dans votre boîte aux lettres un livre intitulé Être Bien que vous n’avez jamais commandé, vous vous posez des questions. Témoins de Jéhovah, gourou qui va vous vendre un stage bien-être à Pétaouchnok? Vous ouvrez la lettre qui accompagne ce drôle de présent: « Chère concitoyenne, cher concitoyen, permettez-moi de vous offrir ce livre. C’est le fruit de toute une vie d’expériences, d’épreuves, d’observations et de découvertes. J’espère vivement que son contenu puisse vous être bénéfique… » Signé: Joseph Stutz.
Cent mille exemplaires de cet ovni littéraire ont été distribués en tous ménages, 75000 dans les districts de La Côte, le reste en Suisse romande. Du jamais vu! À tel point qu’on se demande au café du Commerce qui est cet homme capable de dépenser plusieurs centaines de milliers de francs pour s’offrir des lecteurs. « Merci de ne pas me retourner ce livre, ni de le jeter, offrez-le plutôt à quelqu’un de votre entourage », ajoute l’auteur, invitant ceux qui l’ont trouvé utile à faire un don à une œuvre qui s’occupe d’enfants autistes.
Intrigué, on sonne à la porte de ce Mécène (ou faut-il dire Messie?). Belle demeure de style à Givrins. Visage lunaire et souriant, teint bronzé, silhouette athlétique, ce millionnaire de 68 ans à la retraite, autrefois patron d’une fiduciaire à Genève, est visiblement bien dans sa peau. « Je ne suis pas un nouveau Christ, rassurez vous, ma démarche n’a rien de religieux ni de sectaire. J’avais besoin de transmettre aux gens les ingrédients qui m’ont réussi pour vivre mieux. »
Moïse a ramené les dix commandements, Joseph propose sept clés pour accéder au bonheur. Il s’est guéri d’un mal de dos tenace dû au stress en appliquant ses recettes. A travers la méditation, un changement d’attitude mentale. L’idée est de s’interroger sur les origines et les causes du mal-être, de corriger ce qui peut être modifié, ou sinon d’accepter la réalité et de passer à autre chose. Détachement émotionnel requis.
Rien de révolutionnaire, la méthode Coué et le bouddhisme sont déjà passés par là, mais l’ouvrage a le mérite d’être synthétique. Joseph le comptable a tenté de faire un bilan actif/passif avec le bonheur. « C’est normal, c’est mon métier! Je n’ai pas la prétention d’être un grand sage; j’ai lu quelques ouvrages, certes, mais à la différence du dalaï-lama je vis dans le quotidien et je sais ce que sont des fins de mois difficiles, des faillites économiques. A la suite d’opérations boursières malheureuses, dans les années 90, j’ai perdu toute ma fortune, les huissiers étaient à ma porte. Avec mon épouse, nous avons parcouru la Suisse au porte-àporte pour vendre 50000 cassettes vidéo. Ça m’a remis le pied à l’étrier! Depuis tout petit, je suis passionné par le secret de la réussite! »
« Je sais ce que sont les fins de mois difficiles » Joseph Stutz
Les préceptes de son livre, comme celui-ci, piqué au hasard: « l’importance d’un problème est celle que nous lui attribuons », l’ont aidé à vivre, à élever quatre enfants, dont deux adoptés, à faire face à la maladie d’Alzheimer de son épouse, décédée en 2008. « Quand elle se réveillait la nuit et me demandait qui j’étais, menaçant d’appeler la police, c’était dur ». Le portrait de cette belle femme blonde est partout dans la maison. « Sans elle, je ne serais pas ce que je suis, dit-il, ému. Je n’aurai pas écrit ce livre où j’explique que c’est dans les moments les plus difficiles qu’il est impératif de continuer à croire en soi, en la vie ». Il a, dit-il, une « peau de canard »: perméable aux bonnes choses, imperméable au négatif.
N’est-ce pas un peu plus facile, M. Stutz, quand on vit dans un vaste intérieur de 380 m 2 avec piscine et vue imprenable sur le Léman? Qu’en penserait l’ouvrier de chez Bobst fraîchement licencié ? « Je peux tout perdre demain et m’en accommoder. Simplement, j’irais plutôt vivre sur un alpage que dans un studio à Renens ! Je suis fils de jardinier, j’aime la nature! »
Ne croyez pas pourtant qu’il suffit de lire le livre pour être heureux instantanément. Ce serait trop beau. Lui se lève à l’aube tous les jours pour pratiquer la méditation. Son credo passe par l’amour et le partage. Honnête, il avoue néanmoins que ses enfants n’ont pas toujours compris cette notion de détachement, surtout après la mort de leur mère, et le fait qu’il ait reconstruit sa vie avec une autre. Le sexagénaire est tombé amoureux d’une cause et d’une femme qui l’incarne: l’autisme. Il a mis à la disposition de celle qui dirige la fondation Le Cube de verre, ellemême mère d’une enfant autiste, les loyers d’un immeuble qu’il possède. Et financé l’acquisition d’une vaste maison à Arzier, qui accueille des enfants malades. « Elle m’a appris, comme mon épouse d’ailleurs, la vraie générosité. Celle du cœur. Je suis riche, c’est vrai, mais finalement tout le monde part les mains vides ».
Sa plus grande satisfaction? Qu’aucun médecin ni psychologue ne l’ait accusé de marcher sur ses plates-bandes. Au contraire, si l’on va sur le site www.livre-etre-bien.com, l’abondance des éloges impressionne. « Merci pour ce cadeau qui m’a remis sur les rails. » « Je craignais le pire, secte, ouvrage moralisateur, ce fut tout le contraire. » Une socialiste neuchâteloise, membre de la commission santé de son parti, aimerait le faire distribuer dans les écoles. Un autre affirme qu’il devrait être remboursé par l’assurance maladie. « On enregistre 250 dons par jour, entre 5 et 400 francs, pour le Cube de verre », lance-t-il, ravi.
On le taquine sur les méfaits de l’ego qu’il dénonce dans son livre. Ne risque-t-il pas de voir le sien enfler plus que de raison? Surtout lorsqu’il se rêve en nouveau pasteur des temps modernes, capable de vaincre le virus du négatif dans toute la Suisse et « d’enrayer l’épidémie du mal-être psychologique »?
Réponse d’un monsieur qui garde cette petite distance zen avec les questions qui énervent: « Je veux juste que les gens aillent mieux ! »
«Être bien », Éditions Spirit Way. Le livre n’est plus gratuit à ce jour, mais proposé au prix de 30 francs suisses versés à la fondation Le Cube de verre.
Patrick Baumann
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