© 2009 Robert Seubert
© 2009 La Fellowship du Livre d'Urantia
Le livre - un poème | Volume 10, numéro 1, 2009 (été) — Table des matières | Le troisième cercle cosmique |
Il y a plusieurs années, j’ai lu le livre Flowers for Algernon de Daniel Keyes. Il s’agissait d’un roman de fiction sur un homme qui avait un QI très faible et qui avait été sélectionné pour faire partie d’une expérience scientifique visant à accroître son intelligence. L’expérience avait été assez réussie avec une souris de laboratoire nommée Algernon. L’expérience a transformé l’homme en un super-génie. Je ne pouvais pas lâcher le livre et je ne pouvais pas arrêter d’en parler.
Un jour, pour mon anniversaire, un ami m’a offert un cadeau très surprenant et inédit. Dans une cage de la taille d’une cage à oiseaux se trouvait une petite souris noire qu’elle avait achetée dans une animalerie. J’ai d’abord été sidéré par ce cadeau, puis j’ai commencé à sourire puis à rire. Mon ami a regardé mon visage avec joie et m’a ensuite suggéré de nommer la souris Algernon. Et c’est ce que j’ai fait. J’avais maintenant un nouvel ami, Algernon, une petite souris noire. J’ai rapidement appris à l’apprécier, puis à l’aimer.
Il y avait un petit livre qui accompagnait l’animal, que j’ai lu pour pouvoir prendre soin de mon petit ami. Le livre disait que la souris viendrait dans ma main, grimperait sur mon bras et irait même dans la poche de ma chemise si je le laissais. Cette pensée me ravissait et j’avais hâte de mieux connaître Algernon. J’ai ouvert la porte de la cage, j’ai mis ma main et je l’ai attrapé. À ma grande consternation, Algernon a frénétiquement essayé de s’éloigner de moi. Il a couru vers un coin de la cage puis vers un autre, essayant désespérément de m’échapper. Il était terrifié.
Je restais là, abasourdi. J’ai été déçu et, aussi bête que cela puisse paraître, pendant un très bref instant, je me suis même senti rejeté. J’ai commencé à m’imaginer à sa place et je me suis demandé ce que je ressentirais si un grand géant, environ dix mille fois plus grand que moi, tendait la main vers moi pour essayer de me saisir.
Je restai longtemps debout à regarder le pauvre petit animal respirer si fort dans le coin de sa cage. Après mûre réflexion, j’ai décidé d’adopter une nouvelle approche. Je plaçais lentement ma main dans la cage et la posais sur le sol de la cage avec la paume vers le haut et je la maintenais là pendant environ dix minutes, deux ou trois fois par jour aussi longtemps qu’il le faudrait pour montrer à Algernon que je ne lui ferait pas de mal.
Le lendemain, j’ai ouvert la porte de la cage et, très lentement, j’ai placé ma main dedans et je l’ai posée sur le sol de la cage. Encore une fois, la souris s’est précipitée pour s’éloigner de moi. Dans une lutte désordonnée, il s’est écrasé contre les parois de la cage pour tenter de m’échapper. Mais je n’ai pas bougé. Je suis resté là comme une statue jusqu’à ce que mon bras ait l’impression qu’il allait tomber. Je retirais ma main et plusieurs heures plus tard je revenais pour recommencer.
J’ai continué à faire cela deux et même trois fois par jour. Alors que je tenais ma main dans la cage, j’ai découvert que j’essayais de parler à Algernon d’une voix très basse et douce. «Allez, petit homme. Je ne te ferai pas de mal. Je vous promets." J’ai tenu ma main aussi immobile que possible. Je lui ai parlé doucement et je ne l’ai jamais quitté des yeux.
Plusieurs jours se sont écoulés et, à mesure que je poursuivais mes efforts, j’ai commencé à remarquer qu’il n’était pas aussi frénétique. Encouragé, j’ai parlé à Algernon : « C’est un bon petit homme. Vous voyez que je ne vous ferai pas de mal. Je suis ton amie, petite souris.
Un matin, j’ai mis ma main dans la cage et il ne m’a pas du tout fui. Il est resté là. J’étais ravi et très encouragé. « C’est ça, Algernon. » J’ai murmuré : « Pas besoin d’avoir peur de moi. Je suis ton ami. Sois aussi mon ami. N’ayez pas peur.
Puis un jour, alors que j’ai mis ma main dans la cage, il s’est approché de ma main, a rapproché son nez de mon doigt et l’a reniflé. Puis il s’éloigna. Je ne pouvais pas croire à quel point je me sentais heureux. Je n’aurais jamais cru qu’une chose comme celle-ci serait importante pour moi, mais c’était le cas. C’était mon désir d’investir encore plus de temps dans cette relation. Le lendemain, quelque chose d’encore plus important s’est produit. Avec ma main dans la cage, Algernon s’est approché de moi et a posé sa patte avant sur mon doigt. J’étais encore plus ravi. Il le garda là pendant un moment puis s’éloigna lentement.
Peu de temps après, le grand jour arriva. Alors qu’une fois de plus je tenais ma main paume vers le haut dans la cage, Algernon s’est approché de moi et… il est entré dans ma main. Il est resté là pendant environ une minute, puis s’est allongé dans ma main. Mes yeux étaient rivés sur lui tandis qu’une larme coulait sur mon visage. Pendant un instant, j’ai eu l’impression qu’une vague apaisante d’électricité traversait mon corps. J’ai été extrêmement ému en réalisant que cette petite créature impuissante me faisait suffisamment confiance pour me prendre la main. J’ai ressenti un immense sentiment d’honneur et je savais que j’avais appris une leçon de vie très précieuse, une leçon sur l’amour, l’amitié et la confiance.
J’ai appris ce que signifiait être digne de confiance. J’ai appris qu’être digne de confiance était entièrement en mon pouvoir. C’était quelque chose que je pouvais choisir de faire. Peut-être que les choses les plus grandes et les plus belles de la vie sont en notre pouvoir. J’ai appris cette leçon inestimable sur le caractère sacré de la confiance d’une souris… une petite souris sans défense nommée Algernon.
Robert Seubert a reçu Le Livre d’Urantia comme cadeau de Noël en 1974, et se considère maintenant comme un humble étudiant novice et un praticien maladroit des enseignements de Jésus sur l’amour.
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