© 2008 Sundari
© 2008 Association Francophone des Lecteurs du Livre d'Urantia
La manière la plus sûre et la meilleure d’avancer dans la voie spirituelle, c’est de s’y engager sans fanatisme, sans exaltation… Il ne faut pas s’élancer dans la voie spirituelle avec précipitation, en voulant parcourir de longues distances en peu de temps : à courir ainsi, on finit par s’essouffler, on piétine sur place et, bien souvent, on recule.
Il faut au contraire s’y engager sans agitation, en affermissant un pas après l’autre, sans jamais regarder en arrière. Nous commettrons, certes, bien des erreurs en cours de route ; mais Jésus n’a-t-il pas dit : « Sept fois le juste tombe et sept fois il se relève ». Il importe de toujours se relever, toujours continuer notre chemin. Tant que l’on va de l’avant, il y a de l’espoir ; c’est lorsque l’on s’arrête et que l’on s’attiédit que le danger commence.
Nous devons penser, au départ, que rien n’est plus urgent que notre rencontre avec Dieu, et que notre union avec Lui. Cette pensée nous aidera à nous appuyer sur Lui et sur Lui seul. N’ayons pas cette prétention, cet orgueil spirituel qui consiste à croire en nos propres mérites. Nous savons bien que nous ne pouvons rien, que nous ne sommes rien sans Lui. Et quand Il nous a fait la grâce de développer en nous la Foi, aussitôt que nous avons répondu à son appel, laissons-Le nous diriger comme de petits enfants, en toute humilité, en toute simplicité, en nous débarrassant de toutes les entraves dues à notre imagination, à notre orgueil, à notre sens erroné de la vie telle qu’Il nous l’a donnée.
Lorsque l’on a ressenti, ne serait-ce qu’un instant, la qualité du bonheur que l’Eternel nous réserve dans son amour, on ne peut plus regarder en arrière; on sait ce que signifient la « manne cachée » et le « vin d’ambroisie ». C’est une nourriture à nulle autre pareille, qui ravitaille en même temps le cœur et le sang, et qui revitalise l’être tout entier.
Il est évident qu’au début, la voie semble trop étroite, on n’ose s’y engager ; le vieil homme a peur d’y étouffer ; il se retourne encore souvent vers la voie large qui lui sourit en lui montrant ce qu’il va perdre ; l’erreur, la corruption et toutes les tentations du monde se parent de l’image du bonheur ! Tous les coloris de ses sensations défilent devant ses regards pour lui rappeler les pauvres petits moments de plaisir qu’il a qualifiés de bonheur. Il sait ce qu’il laisse, ou du moins, il croit le savoir. C’est pourquoi il hésite à s’engager dans la voie où le bonheur est vraiment le bonheur, où la sensiblerie du monde fait place à la sensibilité divine, où le rythme du cœur de l’homme répond au rythme universel. Alors, il retarde le moment, il veut encore profiter de ces petites joies factices pour lesquelles il use son cœur, son corps, son cerveau. Il court ainsi dans le monde, son cercueil sous le bras, jusqu’à ce que la porte de la mort l’arrête. Et voilà la triste destinée qu’il s’est choisie.
Mais un jour, un « beau » jour, lorsque ses plaisirs se sont changés en épreuves, il ressent confusément le besoin de joies durables et profondes. Alors naît en lui comme un avantgoût de son éternité. C’est là que Dieu triomphe en l’homme, dans cette rencontre bénie du Créateur et de sa créature. C’est le retour de l’enfant prodigue que nous sommes tous, ou que nous avons été. C’est alors que l’homme se laisse guider par son « moi réel », son étincelle divine qui illumine sa voie nouvelle. C’est comme si Dieu éclairait le chemin pour lui en montrer la vue d’ensemble, pour réjouir son cœur qui comprend enfin que ce chemin a, comme issue, la Vie Eternelle.
A la lumière divine, tout change d’aspect : ce qu’il prenait pour le bonheur réel lui apparaît triste et insipide ; il a soif de durabilité, de vérité. Il a enfin la curiosité de sa vraie destinée, de son retour à Dieu qui lui tend les bras.
Bien entendu, le vieil homme entend garder ses prérogatives et il s’agite souvent; il y a encore quelques rappels du passé et des plaisirs qu’il goûtait avec les lèvres de chair… C’est là qu’il faut être veillant et priant, …, en établissant un contact permanent avec l’Eternel, en développant dans nos cœurs l’amour pour tous les êtres, en aimant Dieu en eux et eux en Dieu, en aimant tout ce qui vit…
Il y a un autre danger lorsque l’on s’engage dans la voie spirituelle. C’est la recherche du « merveilleux », de tout ce qui est d’un ordre émotionnel et que l’on peut confondre très facilement avec le spirituel. Or, la voie spirituelle doit se poursuivre au grand jour. Le but principal n’est pas l’obtention de certains pouvoirs de clairvoyance ou de clairaudience. Ceux qui aiment l’Eternel de tout leur cœur rechercheront en Lui leur joie et souhaiteront l’approcher toujours davantage en L’assimilant à leur vie tout entière, après avoir détourné leurs regards de la voie du monde parsemée d’épreuves. C’est ainsi que l’on s’engage dans la voie spirituelle, conscient d’y trouver la merveille des merveilles : un bonheur éternel au sein du Dieu Vivant.
Dans mon expérience personnelle, J’ai toujours désiré le contact direct avec Dieu et j’ai toujours ressenti que pour obtenir ce contact, il fallait tendre vers la perfection. Ce que Dieu m’a donné comme Il vous l’a donnée à vous aussi : c’est la conscience de la Vie Eternelle par Christ en nous, notre Vrai Moi…
Malgré les bonnes leçons reçues, j’ai souvent dévié du chemin ; mais après chaque erreur, je revenais au bercail, épuisée par les épreuves, jusqu’au moment où je compris enfin que la voie de Dieu est la voie du Bonheur véritable, où il n’y a plus ni chagrin, ni souffrance, ni mort. Et j’ai béni mes épreuves les plus cuisantes, car ce sont elles qui m’ont permis d’acquérir cette certitude. J’aurais voulu que l’Eternel m’attachât pour me fixer dans sa Maison. Mais dans la voie spirituelle, a été pour moi une lutte constante entre mon travail et mes aspirations… J’ai passé des nuits entières à « interroger » l’Eternel, au lieu de Le laisser tout simplement « diriger » les opérations… En entrant en scène, je disais : « Seigneur, c’est Toi qui vas travailler pour moi ; je Te remets d’avance le fruit de mon travail ». Et je quittais la scène dans la joie, la paix, la tranquillité intérieure, sans ressentir cette émotion malsaine que provoquent les applaudissements et qui ne fait vibrer que les cordes de la vanité humaine.
A présent, l’heure de Dieu est toujours mon heure… Je Lui dis chaque jour: « Où Tu veux ; comme Tu veux ». Et je n’ai jamais eu à le regretter, car jamais IL n’a failli à sa promesse. Je compte sur LUI plus que sur moi-même. SA Vérité est une science exacte… Avec l’Eternel, je vais de surprise en surprise. Il me comble à tous les points de vue ; mais il faut, pour cela, que je Le laisse œuvrer en moi. Puisque c’est Dieu qui fait tout, je suis est sûre qu’avec Lui, plus on donne, plus on reçoit.
Le plus grand bonheur que je souhaite à tous mes frères, c’est d’accéder aux voies divines, de s’y installer et de s’y maintenir. C’est alors que pourra s’épanouir en eux la semence de vie éternelle que Dieu a déposée au cœur de tous les hommes.
Sundari