« Oiseaux d’une même plume », etc. — Cette histoire que le Maître raconta alors qu’il était à Jetavana, à propos de deux frères au tempérament colérique.
Il se trouvait qu’il y avait deux Frères passionnés, cruels et violents, l’un vivant à Jetavana et l’autre à la campagne. Un jour, le Frère de la campagne arriva à Jetavana pour une mission quelconque. Les novices et les jeunes Frères connaissaient la nature passionnée de cet homme et le conduisirent dans la cellule de l’autre, tout émus de les voir se disputer. À peine s’aperçurent-ils, ces deux hommes au tempérament colérique, qu’ils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre, se caressant les mains, les pieds et le dos !
Les Frères en parlèrent dans la Salle de la Vérité. « Mon ami, ces Frères passionnés sont grincheux, cruels, en colère envers tout le monde, mais entre eux, ils sont les meilleurs amis du monde, cordiaux et compatissants ! » Le Maître entra et demanda de quoi ils parlaient là. Ils le lui dirent. Il dit : « Ce n’est pas la première fois, Frères, que ces hommes, grincheux, cruels et en colère envers tout le monde, se sont montrés cordiaux, amicaux et compatissants les uns envers les autres. C’était déjà le cas autrefois. » Et, ce disant, il raconta une histoire du passé.
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Il était une fois, lorsque Brahmadatta était roi de Bénarès, le Bodhisatta était son homme à tout faire, un courtisan qui le conseillait sur les choses temporelles et spirituelles. Or, ce roi était d’une nature quelque peu cupide ; [31] il possédait un cheval brut, nommé Mahāsoṇa, ou Grand Alezan.
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Des marchands de chevaux du nord apportèrent cinq cents chevaux ; et le roi fut informé de leur arrivée. Jusque-là, le Bodhisatta avait toujours demandé aux marchands de fixer eux-mêmes leur prix, puis de le payer intégralement. Mais le roi, mécontent de lui, convoqua un autre homme de sa cour, à qui il dit :
« Ami, fais en sorte que les hommes annoncent leur prix ; puis lâche Gros Châtaignier pour qu’il aille parmi eux ; fais-le les mordre, et quand ils seront faibles et blessés, demande aux hommes de réduire leur prix. »
« Certainement », dit l’homme ; et il le fit.
Les marchands, très irrités, racontèrent au Bodhisatta ce que ce cheval avait fait.
« N’avez-vous pas une autre brute semblable dans votre ville ? » demanda le Bodhisatta. Oui, répondirent-ils, il y en avait une nommée Suhanu, Mâchoire Forte, une brute féroce et sauvage. « Emmenez-la avec vous la prochaine fois que vous viendrez », dit le Bodhisatta ; et ils promirent de le faire.
La fois suivante, cette brute les accompagna. Le roi, apprenant l’arrivée des maquignons, ouvrit sa fenêtre pour observer les chevaux et fit lâcher Châtaigne. Puis, voyant Châtaigne arriver, les maquignons lâchèrent Mâchoire Forte. À peine les deux hommes se rencontrèrent-ils qu’ils s’immobilisèrent, se léchant les pieds !
Le roi demanda au Bodhisatta comment cela se passait. « Mon ami », dit-il, « lorsque ces deux chevaux rebelles en rencontrent d’autres, ils sont féroces, sauvages et féroces, ils les mordent et les rendent malades. Mais l’un avec l’autre, ils se tiennent là, se léchant sur tout le corps ! Quelle en est la raison ? » « La raison en est », dit le Bodhisatta, « qu’ils ne sont pas différents, mais semblables de nature et de caractère. » Et il répéta ces deux vers :
« Qui se ressemble s’assemble : Chestnut et Strongjaw sont tous deux d’accord :
En termes de portée et d’objectif, les deux sont les mêmes – je ne vois aucune différence.
[32] « Tous deux sont sauvages et vicieux ; tous deux mordent toujours leur corde ;
Ainsi, le péché avec le péché, et le vice avec le vice, doivent s’accorder.
Le Bodhisatta mit alors en garde le roi contre la convoitise excessive et le vol des biens d’autrui. Après en avoir fixé la valeur, il le fit payer au juste prix. Les marchands reçurent la juste valeur et s’en allèrent satisfaits. Le roi, obéissant aux avertissements du Bodhisatta, s’éteignit enfin et vécut selon ses actes.
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Lorsque le Maître eut terminé ce discours, il identifia la Naissance : « Les mauvais Frères étaient alors ces deux chevaux, Ananda était le roi, et j’étais le sage conseiller. »