L’objectif particulier de ce livre – si ce n’est son seul motif raisonnable de publication – est de tenter de réaliser ce qu’aucun ouvrage sur la vie du Christ n’a encore accompli de manière satisfaisante. Nous avons tenté de présenter la vie, l’œuvre et l’enseignement de Jésus sous une forme lisible et intéressante, tout en nous appuyant sur les résultats raisonnablement sûrs de la critique historique.
Il n’est pas facile de combiner le « savant » et le « populaire » dans l’écriture d’un livre, quel qu’il soit ; raconter la vie de Jésus l’est encore plus. Une Vie du Christ « populaire » peut dégénérer en des centaines de pages de sentimentalité, s’écoulant aisément en un flot continu qui devient moins profond à mesure que son cours s’élargit. À l’inverse, une Vie « savante », si elle n’est pas totalement incompréhensible pour le profane, risque d’être d’un style mortellement ennuyeux et d’une méthode technique aussi sèche que la poussière. Elle traite nécessairement de variantes textuelles, de critique littéraire, de crédibilité historique, de formes, de légendes, de mythes, etc.
Nous avons essayé de raconter l’histoire de Jésus simplement, sans trop de sentimentalisme et sans faire un usage trop libre de la faculté d’imagination ; cherchant plutôt à écrire avec la réserve et la retenue qui caractérisent les récits évangéliques ; nous efforçant de raconter une histoire simple et directe, [ p. vii ] en évitant les belles phrases et certainement sans forcer sur l’effet.
Nous avons tenté, en même temps, de fonder ce récit sur la meilleure étude critique des Évangiles, en acceptant ouvertement les méthodes critiques et leurs conclusions raisonnables. Bien entendu, l’échafaudage a été démonté après la construction de l’édifice. Nous ne laissons pas en évidence une accumulation de recherches critiques.
En d’autres termes, nous avons tenté de raconter une histoire d’un intérêt vital, sans la lire comme un compte rendu judiciaire, avec un verdict rendu après interrogatoire, contre-interrogatoire et résumé des preuves par le juge. Notre objectif est de présenter, dans le langage de l’homme ordinaire, une Vie du Christ qu’il puisse lire facilement et, nous l’espérons, avec intérêt, et dont il puisse être sûr qu’elle n’élude pas les problèmes, ne cligne pas des yeux devant les difficultés et ne s’appuie que sur des documents raisonnablement certains. Nous croyons que les faits historiques, revus de manière critique, peuvent, dans le cas de Jésus-Christ, assurer à l’homme moyen que les faits d’expérience reposent sur une base historique solide.
Nous espérons également que le récit des enseignements de Jésus, résumé ici, sera particulièrement utile. Nous nous sommes efforcés de rendre ce résumé clair, concis, plein de bon sens et rédigé de manière à l’adapter aux problèmes actuels.
Le livre est exactement ce que son titre suggère : premièrement, une étude minutieuse de ce que Jésus a enseigné ; deuxièmement, un examen franc des faits de sa vie – l’histoire de ce qu’il a fait ; troisièmement, bien que brièvement, un compte rendu de ce que ses [ p. viii ] premiers disciples croyaient à son sujet, et un exposé juste des motifs sur lesquels ils croyaient, en insistant sur les valeurs vitales d’une telle foi.
La genèse du livre se trouve dans « Le Christ que nous connaissons » (The Christ We Know), [1] dont des extraits ont été reproduits, avec peu de modifications, dans le présent volume. Ceux qui souhaitent une analyse plus approfondie des problèmes religieux peuvent s’y référer. Les présupposés critiques sont ceux de « L’Évangile avant les Évangiles » (The Gospel Before the Gospels). [2] Les passages qui semblent douteux ont été omis, bien qu’il ne s’ensuive nullement que chaque passage omis soit réellement considéré comme douteux. Le quatrième Évangile a été utilisé principalement à des fins d’interprétation.
L’évaluation du pharisaïsme est fondée sur les thèses de spécialistes tels que M. R. T. Herford et le Dr. G. F. Moore, ainsi que sur les reconstructions des experts juifs. Pour présenter les motivations des enseignements éthiques de Jésus, une attention similaire a été portée aux travaux allemands les plus récents, tels que ceux des Dr. Rudolf Bultmann et Hans Windisch. Le fait que nous n’ayons pas pu accepter leurs principales conclusions ne diminue en rien notre dette envers ces spécialistes.
Charles Fiske, Burton Scott Easton