«Apocalypse de Sophonie»
Extrait de « Les Pseudépigraphes de l’Ancien Testament, Vol. 1", James H. Charlesworth (1983)
L’« Apocalypse de Sophonie » (ou « Apocalypse de Sophonie ») est un texte juif pseudépigraphique du 1er siècle attribué à la Sophonie biblique et donc associé à l’Ancien Testament, mais non considéré comme une écriture sainte par les Juifs ou tout groupe chrétien. Il fut redécouvert et publié à la fin du XIXe siècle. Le livre canonique de Sophonie contient de nombreuses images mystiques et apocalyptiques, et ce texte de style apocalyptique traite d’un sujet similaire.
Emil Schürer écrit : « Hormis la Stichométrie de Nicéphore et la liste anonyme des Apocryphes (voir p. 126), tout ce que nous savons de cet écrit est une citation de Clément d’Alexandrie [Strom. v. 11. 77]. (La littérature du peuple juif au temps de Jésus, p. 132)
James Charlesworth écrit (The Pseudepigrapha and Modern Research, pp. 220-222) :
Ce pseudépigraphon est perdu, à l’exception d’une brève citation de Clément d’Alexandrie (Strom. 5.11, 77, 2 ; repr. par A.-M. Denis, n° 23, p. 129) et de vestiges probables dans deux séries de fragments : l’un en copte sahidique de quatorze pages sur des papyrus du début du Ve siècle et l’autre en copte akhmimique de dix-huit pages sur des papyrus de la fin du IVe siècle, tous deux édités par G. Steindorff (Die Apokalypse der Elias, Eine Unbekannte Apokalypse und Bruchstücke der Sophonias-Apokalypse : Koptische Texte, Übersetzung, Glossar [TU n. F. 2.3a] Leipzig : Hinrichs, 1899. Pp. 110-44 [Texte sahidique ; cf. pp. 169f. pour la traduction du premier page], 34-65 [Texte akhmimique ; cf. pp. 149-55 pour trad.]). Une traduction anglaise, littéralement liée au copte, a été publiée par HP Houghton (« The Coptic Apocalypse », Aegyptus 39 [1959] 40-91, 170-210 ; voir notamment pp. 42-67 [transl . de Sah. frag.], pp. 76-83, 87-91 [traduction de Akh. text]).
Le terminus ad quemi du premier pseudépigraphon juif est clairement la fin du deuxième siècle après JC puisque Clément d’Alexandrie l’a cité nommément (hupo Sophonia) ; mais il est impossible de connaître la date de composition. L’étendue du travail, selon Nicéphore, était de 600 lignes. L’Apocalypse de Sophonie est également mentionnée dans la Liste des soixante livres, la Liste du pseudo-Athanase et la Liste slave.
Certaines questions extrêmement importantes nécessitent des recherches. Les feuilles sahidiques représentent-elles le même texte ? Ce texte est-il l’Apocalypse de Sophonie comme le suggère Houghton (contrairement à Steindorff et Riessler) ? Si tel est le cas, pourquoi le nom de Sophonias n’apparaît-il que sur le premier feuillet ? Quel est le lien entre les deux ensembles de fragments coptes ? Les fragments akhmimiques, que l’on appelle fréquemment l’Apocalypse anonyme, sont-ils une autre recension de l’Apocalypse de Sophonie, comme le suggèrent MR James (LAOT, p. 73) et P. Riessler (n° 62, p. 1274) ? Les parallèles entre ces ensembles de fragments coptes et l’Apocalypse de Paul sont parfois frappants (comparez le texte Akh. 7:5ff. avec ApPaul 10:31 ; cf. R. Meyer, n° 1469). Quel est le rapport entre les traditions ? A. Harnack avait-il raison de supposer que l’Apocalypse de Paul dépendait de la rédaction chrétienne de l’Apocalypse de Sophonie datant d’avant le Ve siècle (cf. Geschichte der altchristlichen Literatur bis Eusebius de Harnack, 2e éd. Leipzig : Hinrichs, 1958. Partie 2, vol. 1, p. 571-73) ? Alors que les fragments coptes révèlent une influence considérable des chrétiens (cf. H. Weinel dans Gunkel Festschrift, p. 163), il existe un original juif (cf. JB Frey dans DBSup 1 [1928] col. 457). Dans quelle mesure ces fragments préservent-ils fidèlement le texte juif original ? Espérons qu’un jour nous serons plus près de répondre à ces questions.
Il pourrait être utile de résumer les caractéristiques des trois sources qui pourraient dériver finalement de l’Apocalypse de Sophonie ; la citation de Clément, les fagments sahidiques et le texte akhmimique. Clément fait appel à un texte attribué à Sophonie (nom grec de Sophonie) dans lequel le prophète est élevé au cinquième ciel où il voit des anges, appelés seigneurs (kurious), qui habitent dans des temples du salut chantant des hymnes à Dieu. Cette tradition n’est pas sans rappeler certains passages du Testament de Lévi, 2 Enoch, 3 Baruch, et surtout l’Ascension d’Isaïe.
La première page sahidique décrit ce que voit Sophonias (anok Sophonias) : une âme écorchée par 5 000 anges pour ses péchés. L’Ange du Seigneur l’emmène alors dans une vaste région dans laquelle il voit d’innombrables anges aux apparences effrayantes. La deuxième page est malheureusement illisible.
Les douze pages sahidiques restantes contiennent des prédictions sur le roi d’Occident, qui tuera le roi de la gratuité. Malgré les apparences contraires, il est le Fils de l’anarchie. La Vierge lutte contre cet imposteur et est rejointe par soixante justes qui démontrent que le Fils de l’anarchie n’est pas l’Oint. L’Oint envoie finalement des anges du ciel. Le texte se termine par une vision apocalyptique du jugement et de la fin de la terre.
Le texte akhmimique plus long ne mentionne pas Sophonie (ou Sophénia) mais décrit comment le Voyant, dirigé par l’Ange du Seigneur, voit la terre entière et apprend que les justes défunts habitent dans un lieu de lumière perpétuelle. Presque toute l’apocalypse décrit les tortures des méchants, dont certains sont identifiés (notamment les trois fils du prêtre Joatham).
O.S. Wintermute écrit : « Grâce aux arguments précédents, nous pouvons fixer la date de cet écrit quelque part entre 100 avant JC et 175 après JC. En commentant l’utilisation par l’auteur du Mont Séir dans 3 : 2, nous avons spéculé sur la période historique au cours de laquelle un tel contexte serait le plus susceptible de se produire, concluant que les motifs d’une tradition pro-Édomite peuvent avoir persisté jusqu’à la chute de Jérusalem en 70 après JC. Si l’auteur de ce texte est responsable de la tradition qui place la vision du voyant sur le mont Sier , alors il a probablement écrit avant 70 après JC. (Le Pseudepigrapha de l’Ancien Testament, vol. 1, pp. 500-501)