© 2008 Alain Coulombe
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Le mot du Président | Le Lien Urantien — Numéro 42 — Printemps 2008 — Table des matières | Petite réflexion sur la puissance d'aimer (2ème partie) |
Ce n’est qu’au cours de ses années d’innocence ou s’il est parvenu, par décision personnelle, à s’épurer et à se spiritualiser quelque peu, parfois au prix de quelque rude épreuve, que l’être humain peut accorder, partiellement et le plus souvent à son insu, le passage à l’exhortation divine que délivre en son esprit le fragment du Père universel. Si limités et imparfaits soient-ils, ces contacts entre la créature et le créateur enrichissent néanmoins immensément la pensée humaine en lui permettant de forger, jour après jour, ce qui restera d’elle après la mort, son âme, cette entité pré-spirituelle, altruiste et fraternelle, libérée des pesanteurs animales et vivifiée par l’esprit de confiance et par celui de vérité. Mise en sommeil dès l’instant de la mort physique et transportée par les personnalités spirituelles sur les mondes construits à cet effet, l’âme pourra se révéler capable d’y animer un corps supramatériel et d’entreprendre alors, avec l’aide affectueuse et sûre de guides patients et dévoués, le long et fascinant voyage qui la mènera vers l’éternité. Et lorsqu’elle aura finalement vaincu le temps et l’espace, percé les mystères et maîtrisé les mécanismes de la pensée cosmique et connu Dieu dans les trois personnes infinies de sa trinité, d’autres accomplissements, plus prodigieux encore, lui seront proposés.
Si les êtres spirituels de l’Univers central bénéficient de toute éternité d’un statut de sublime et inaltérable perfection, il n’en est pas de même des créatures matérielles douées de raison qui peuplent les mondes évolutionnaires. La grandeur de ces dernières consiste, à l’inverse, à s’élever, par un effort permanent d’intelligence et de volonté, du précaire statut animal de leur origine, dominé par la brutalité, l’ignorance et la peur, jusqu’aux cimes de la connaissance, de la sagesse et de la bonté. C’est cette route ascendante, enthousiasmante et rude, que Dieu propose à ses créatures matérielles, route semée d’embûches et de fondrières mais qui, en vérité, conduira les enfants confiants et audacieux de l’Univers évolutionnaire imparfait d’aujourd’hui vers l’équilibre et la lumière des millénaires à venir. Le projet du créateur est que les créatures aient, à tout instant entière liberté de s’associer pleinement à l’oeuvre de progrès dont elles peuvent discerner sans peine le caractère d’impérieuse nécessité et puissent ainsi devenir de véritables partenaires de Dieu, co-constructrices et co-responsables d’un monde matériel et d’une société humaine dont le destin est, pour une large part, remis entre leurs mains. Dans cette entreprise, la grandeur des créatures tient à la pureté de leurs désirs et à la liberté de leur choix. Et c’est pourquoi la voix de Dieu se fait si faible et si discrète dans l’esprit humain, afin que rien ne puisse entraver le volonté souveraine de la créature qui détient ainsi les clés de son propre devenir.
Lorsque, par ses décisions morales réitérées et par sa volonté de choisir la justice et la bonté, l’être humain aura enrichi et fortifié son âme au point de devenir après sa mort, citoyen d’un monde supérieur et maître d’un corps aux potentialités inconnues, il éprouvera alors la première joie véritablement surhumaine de sa nouvelle existence. Et cette joie intense d’avoir franchi une brève mais difficile et glorieuse étape ne sera que le point de départ d’une progression sans fin vers d’innombrables conquêtes, aux cours desquelles l’étincelle de pure spiritualité, qui accompagnait naguère le mortel trébuchant d’une planète inachevée, deviendra l’éternel et inséparable compagnon du pèlerin en quête de ses créateurs. Et lorsqu’après des âges de défis et de victoires, d’accomplissements inouïs et d’inconcevables progrès, cette créature, devenue pur esprit, s’immergera enfin en toute réalité dans l’amour infini du Père Universel, elle n’aura de cesse de lui dire et de lui redire les joies prodigieuses dont elle aura été gratifiée au cours de son fabuleux voyage.
Celui qui croit à l’existence de forces infinies, celui qui discerne, au delà des turbulences du monde, un absolu de beauté et de bonté et conçoit que cet infini, parce qu’il contient tout, ne peut pas être dépourvu des attributs de la personnalité, celui là est apte à reconnaître Dieu sous la forme d’une personne parfaite, d’un père créateur de suprême bonté et donc d’un ami éternel et sûr. Et si Dieu est encore bien autre chose que cela, il est, avant tout, cette personnalité rayonnante d’un amour sans limite, forme sous laquelle il se trouve être le plus immédiatement accessible à l’esprit humain et le plus profondément enrichissant pour sa progression spirituelle.
Celui qui conçoit Dieu comme un père et comme un ami, qui sait qu’il a reçu de ce Dieu invariant et fidèle un éternel fragment de son infinie spiritualité, qui réalise que chaque être humain a pour double mission de transformer une planète fragile et inachevée en un monde meilleur et de se transformer soi-même en un partenaire de Dieu chaque jour plus généreux et plus fraternel, celui-là, quels que soient les angoisses et les drames qui le menacent, saura toujours où se trouve la voie à suivre. Si le courage vient à lui manquer, qu’il se repose un moment et reparte. Si les événements ou les hommes se liguent contre lui pour l’abattre, qu’il trouve le courage de se redresser, sans amertume et sans orgueil, et de faire face à l’adversité avec patience, intelligence, humour et détermination. Qu’il ne craigne surtout pas la mort, à laquelle il ne saura jamais se soustraire, même s’il parvient à la retarder de quelques centaines d’années dans les millénaires à venir, cette mort qui un jour deviendra, chez l’être éclairé et perspicace des civilisations futures, l’heureuse conclusion de l’aventure terrestre, le passeport attendu vers l’éternité.
En ces temps futurs de plus grand équilibre, d’entraide, de sagesse et de spiritualité accrues, lorsque la vie terrestre ne sera plus considérée comme une voie de deuil s’ouvrant sur le néant, mais comme l’indispensable, difficile, mais passionnante antichambre de la vie future, les aléas de l’existence prendront leur véritable signification, celle d’un entraînement à l’effort volontairement accepté et de la formation d’un caractère altruiste et robuste. Ne craignez pas. L’injustice n’est pas ce que vous croyez. A ceux que la vie sur cette planète encore misérable prive des conditions acceptables de décision finale, à ceux que la mort emporte prématurément, est largement et pleinement accordée, sur d’autres sphères plus parfaites et plus hospitalières, la liberté de faire le choix personnel et définitif de la survie ou de l’arrêt de l’aventure. Et peu refusent alors le chemin de la perfection.
L’amour, au sens spirituel et divin du terme, n’est pas ce que croient les créatures matérielles. Loin d’être une émotion, c’est un acte de volonté par lequel l’individu décide de porter une attention réduite à ce qui le concerne, afin de porter une attention accrue à ce qui concerne autrui. Une mère sacrifiant son bien-être pour assurer celui de son enfant offre un bel exemple d’amour et d’illumination spirituelle. Si dans ce cas comme dans d’autres, l’émotion ou le sentiment peuvent largement favoriser la décision, ils ne la créent pas. La décision, et plus encore les conséquences de celle-ci, à savoir les actes de dévouement réels et ordinaires que sa mise en oeuvre implique, résultent d’une volonté lucide et déterminée et constituent la démonstration et la concrétisation de l’acte d’amour. Ceci permet de comprendre la distance qui sépare l’amour, au sens spirituel du terme, de l’attrait sexuel et, plus encore, de l’acte sexuel qui tiennent lieu d’amour dans tant de couples humains, nécessairement éphémères.
Lorsque vous aurez atteint les limites de votre vie terrestre et que vous aurez entamé votre ascension sur les mondes supérieurs construits à cet effet, vous constaterez que les travaux auxquels vous serez conviés consisteront de plus en plus à vous occuper du bien être et du progrès d’autres êtres et de moins en moins à vous préoccuper de vous même. Avec l’aide toujours plus efficace du fragment spirituel du Père Universel auquel vous serez alors totalement associé, vous appliquerez de plus en plus parfaitement les règles de cet altruisme cosmique qui transforme chaque être désireux de s’élever en un serviteur de l’Univers et de ses créatures et en un immortel fils de Dieu.
N’est-il pas étrange que les créatures humaines acceptent de soumettre leurs relations avec Dieu à la gouverne d’organisations religieuses, souvent autoritaires et figées, alors que ces créatures possèdent en elles mêmes, sous la forme d’un fragment spirituel du Père Universel, l’ami le plus sûr et le plus fidèle, qui les assiste en permanence, attendant et espérant leurs progrès, et qui ne risquerait de les quitter que si elles venaient elles-mêmes à rejeter de manière définitive et absolue toute ombre de progrès spirituel et si elles confirmaient, par leurs actes réitérés, leur décision sans retour de choisir le mal et d’exclure le bien. Les créatures humaines ne devraient-elles pas, au contraire, apprendre à se recueillir pour tenter de discerner la voix intérieure d’essence divine, qui ne cesse d’exiger leur sincérité et de les exhorter à ta bonté, qui leur enjoint d’être justes et intègres, qui les aide à acquérir équilibre et force de caractère, qui leur apprend à apprécier la beauté et à découvrir la paix de l’esprit, mais qui leur demande aussi de s’ouvrir aux autres et de s’engager, en fonction de leurs aptitudes, avec toute l’audace nécessaire, dans la construction d’un monde parfait.
Les créatures humaines ne doivent pas attendre de Dieu qu’il leur démontre son pouvoir par des miracles ou d’autres manifestations étranges. Dieu n’a rien à démontrer aux créatures matérielles. Ce sont elles, à l’inverse, qui peuvent, si elles le désirent, montrer à Dieu leur ferme volonté de devenir ses partenaires. Certes, l’Univers présentement offert aux créatures évolutionnaires est à peine ébauché, mais il est gouverné par des lois matérielles strictes auxquelles Dieu, qui en est l’auteur, n’a nullement l’intention de contrevenir lui-même pour répondre à quelque caprice enfantin ou à de naïfs calculs. Dieu ne porte atteinte au libre arbitre d’aucune créature en lui imposant Sa preuve écrasante de son existence. Il laisse au contraire régner l’incertitude, qui laisse le champ libre à l’aide désintéressée, à l’envolée vers le spirituel salvateur, seul capable de féconder et de transcender le matériel, ombre de la réalité éternelle.
En dépit de l’extrême discrétion de Dieu, il se trouve parfois que, pour une raison ou une autre et le plus souvent lorsqu’une urgence planétaire l’exige, l’intervention brève et limitée de personnalités supramatérielles influence fortement certaines créatures humaines, créant ainsi quelques rares mais spectaculaires immixtions du spirituel dans le matériel. Il est fréquent d’ailleurs que le message transmis dans ces circonstances soit partiellement incompris et transformé par l’esprit humain qui le reçoit, mais ce n’est cependant pas toujours le cas. De façon générale, tout message contenant des propositions contraires à l’exhortation essentielle de Dieu, qui enjoint que l’on s’élève vers lui en aimant, aidant et respectant les autres créatures humaines, doit être tenu pour altéré. Voici quelques dizaines d’années est apparu sur cette planète un long message écrit qui apporte aux êtres humains une histoire actualisée des rapports de Dieu et de ses créatures et qui fournira sans doute aux générations à venir une abondante source de réflexions.
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