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Éloge de la femme | Le Lien Urantien — Numéro 56 — Automne 2011 — Table des matières | Le retour de la déesse |
Quant à l’attitude de Jésus envers les femmes, elle est si inhabituelle, si surprenante et même scandaleuse que les disciples s’en étonnent : « Comment, se disaient-ils, peut-il parler avec une femme ?» ou « Comment peut-il se laisser toucher par une pécheresse?»
En effet, d’abord, contrairement aux interdictions rituelles Jésus adresse la parole aux femmes. Il les considère ainsi comme des personnes à part entière. Il leur confère égalité et dignité. Il les appelle par leur nom. Plus extraordinaire encore, les interlocutrices de Jésus sont fréquemment des étrangères, telle la « grecque d’origine syro-phénicienne »dont il guérit la fille. Et surtout, la Samaritaine, appartenant à cette nation « avec qui les Juifs n’avaient pas de rapports ». La scène de cette rencontre, longuement racontée par Jean, est significative. Non seulement cette femme vient d’un peuple méprisé, mais c’est une femme de mauvaise vie. Jésus ne se contente pas de converser avec elle; il lui demande à boire. Et cette demande renverse les rôles : le Maître devient celui qui a besoin de sa créature. Mieux : c’est à cette femme aux six « maris » qu’il révèle qui il est le Messie, et qu’il explique le culte nouveau, « en esprit et en vérité». Cette confiance transforme la Samaritaine. Elle « laisse là sa cruche » et devient la première prosélyte militante : « Bon nombre de Samaritains crurent Jésus, Sauveur du monde, sur l’attestation de cette femme. »
Jésus est si proche des femmes que c’est avec elles, comme elles, qu’il s’attendrit. Dans cette époque de valeurs viriles, il ne craint pas de manifester une sensibilité qu’on dirait féminine. Remarquant les « filles de Jérusalem qui se battaient la poitrine et se lamentaient sur lui », il déclare : « pleurez sur vous-mêmes ». «Ému de compassion « par la veuve de Naïm qui avait perdu son fils unique, il le ressuscita. « Voyant pleurer Marie », soeur de Lazare, « il éprouve un frémissement intérieur et un trouble . Et lorsqu’il entrevoit les malheurs de la fin du monde, c’est sur les souffrances des femmes qu’il s’apitoie … Est-ce cette pitié qui le pousse à guérir si souvent des femmes ? La belle-mère de Simon, les femmes qui l’accompagnaient, Marie, Jeanne, Suzanne, l’hémorroïsse qui, depuis douze ans, souffrait de pertes de sang », la fille de la « possédée d’un esprit impur » et, un jour de sabbat, la femme infirme courbée depuis dix-huit ans.
Mais la guérison est plus encore spirituelle que médicale. Thaumaturge divin, Jésus est surtout le Dieu qui pardonne. Les pécheresses autant sinon plus que les pécheurs, sont ses préférées. C’est une telle femme qu’il donne en exemple à Simon, le pharisien, car, en l’oignant d’une huile parfumée, « elle a donné de grandes preuves d’amour ». Et il dit à cette pécheresse comme à la Samaritaine: « Tes péchés te sont remis … Ta foi t’a sauvée, va en paix. » Scandalisant les justes hypocrites, avec une clairvoyance malicieuse, il les renvoie à leurs propres fautes. Souvenons-nous de l’épisode de la femme adultère. Aux scribes questionneurs répondent son silence et la fameuse répartie : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre. »Et, à la femme: « Moi non plus, je ne te condamnerai pas. Va, et désormais, ne pèche plus. ouvent enfin, ce sont des femmes que Jésus propose en modèles à ses contemporains : la Samaritaine, la pécheresse aux longs cheveux, la « veuve indigente » et l’obole qu’elle a pris sur son nécessaire; Marie qui « a choisi la meilleure part », écouter le Seigneur; l’hémorroïsse et la Cananéenne à la foi débordante …
Si, donc, le christianisme a longtemps manifesté une méfiance plus ou moins grande à l’égard des femmes, si trop souvent, il limite encore leurs fonctions et leur influence, telle n’était pas l’attitude du Christ.
Dans « Les femmes et les religions », Les éditions de l’Atelier,
Albert Samuel
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