© 2011 Chistine Baussain
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Jésus et les femmes | Le Lien Urantien — Numéro 56 — Automne 2011 — Table des matières | Symposium de Chicago 2011 - Photos |
Quelle représentation de la femme n’a jamais subi une transformation aussi effroyable que celle de la sorcière ? De l’initiée aux sagesses antiques, intime des secrets de guérison et des pratiques divinatoires, de la femme sage à la prêtresse des temps d’avant la dictature du mâle, ne reste plus dans l’imaginaire collectif que la hideuse et méchante souillon qui fait peur aux petits enfants.
L’Église est passée par là. Dans le monde entier les religions institutionnelles ont éradiqué, avec une obstination violente, les pratiques ancestrales naturelles par lesquelles l’Hommes se reliait aux puissances d’en haut. Un peu plus et elles gagnaient… Mais les temps changent, les Églises s’essoufflent, et au fond des cœurs se réveillent des souvenirs venus du fond des âges, et des aspirations qui parlent d’harmonie entre l’Homme et la nature, entre l’homme et la femme, d’harmonie avec soi-même. Partout les « nouveaux païens », wiccans, chamanes, praniques, quittent discrètement les systèmes pour aller donner vie à des alternatives spirituelles plus individuelles, et qui, toutes, remettent l’Éternel Féminin au centre de sa gloire retrouvée.
Il ne s’agit pas d’un retour en arrière. Le matriarcat a autant vécu que bientôt le patriarcat. Et la Science aussi est passée par là. Il est impossible d’ignorer ce que des siècles d’expériences et de découvertes nous ont appris. L’ « ancienne religion », comme on l’appelle, qui est en train de renaître de ses cendres autour de sa figure centrale, la prêtresse, n’en fait pas l’économie. Débarrassée des superstitions, épurée, elle n’est en fait qu’une vaste communauté de chercheurs éclairés, guidés par leur expérience personnelle du divin. Les recettes de potions s’échangent sur Internet, et les textes immémoriaux, extirpés de leurs cachettes, sont traduits, dupliqués et diffusés presque à la vitesse de la lumière.
Un des plus connus de ceux-ci est la célèbre Charge de la Déesse. Le mot « charge » signifie ici « proclamation », « discours ». C’est par ce texte que la prêtresse (la sorcière) ouvre les rituels de pleine lune et les sabbats. Par sa bouche, c’est la Déesse qui s’exprime. Écoutons-la, tout est dit :
« Écoutez les paroles de la Grande Mère ; celle qui, jadis, était appelée parmi les hommes Artémis, Astarté, Athéna, Diane, Mélusine, Aphrodite, Cerridwen, Dana, Arianrhod, Isis, Bride et par de nombreux autres noms. »
« Lorsque vous aurez besoin de quoi que ce soit, une fois par mois, surtout quand la lune est pleine, vous vous réunirez en quelque endroit secret et adorerez mon esprit, moi qui suis la Reine de toutes les Sorcières. Lors de ces assemblées, vous qui désirez apprendre toute sorcellerie, mais n’avez pas encore atteint ses plus profonds secrets, à vous j’enseignerai les choses qui sont encore inconnues. Et vous serez libérés de l’esclavage ; et en signe de votre réelle liberté, vous serez nus dans vos rites ; et vous danserez, jouerez de la musique et ferez l’amour, tout cela pour me rendre hommage. Car mienne est l’extase de l’esprit, et mienne aussi est la joie sur terre ; car ma loi est l’amour pour tous les êtres. Gardez pur votre plus haut idéal ; efforcez-vous de tendre toujours vers lui ; ne laissez rien vous arrêter ni vous détourner de lui. Mienne est la porte secrète qui ouvre sur le Pays de la Jeunesse, et mienne est la coupe de vin de la vie, et le Chaudron de Cerridwen, qui est le Saint Graal de l’immortalité. Je suis la gracieuse Déesse, qui offre à tous les coeurs des hommes le présent de la joie. Sur terre, je donne la connaissance de l’esprit éternel ; et au-delà de la mort, je donne la paix et la liberté, et les retrouvailles avec ceux qui vous ont précédés. Je ne demande aucun sacrifice ; car sachez que je suis la Mère de tout ce qui vit, et mon amour se répand sur la terre. »
« Écoutez les paroles de la Déesse Étoile ; celle dont le corps encercle l’univers et dont la poussière des pieds abrite les hôtes célestes. »
« Je suis la beauté de la verte terre, et la blanche Lune parmi les étoiles, et le mystère des eaux, et le désir du cœur de l’homme. Je t’appelle en ton âme. Lève-toi et viens à moi. Car je suis l’âme de la nature, qui donne la vie à l’univers. De moi toutes choses proviennent, et à moi toutes choses doivent retourner ; et devant mon visage, bien-aimé des Dieux et des hommes, que ton moi divin le plus profond soit enveloppé par l’extase de l’infini. Que mon culte soit dans le cour qui se réjouit ; car sache que tous les actes d’amour et de plaisir sont mes rituels. Et pour cette raison, qu’il y ait en toi de la beauté et de la force, du pouvoir et de la compassion, de l’honneur et de l’humilité, de la gaieté et du respect. Et toi qui penses me chercher, sache que ta quête et ton ardent désir ne te serviront pas à moins que tu ne connaisses le mystère, car si ce que tu cherches tu ne le trouves pas en toi, tu ne le trouveras jamais à l’extérieur de toi. Car sache que j’ai été avec toi depuis le commencement ; et je suis ce qui est atteint lorsque le désir prend fin. »
Il était temps. Bienvenue enfin, divine sorcière.
Chistine Baussain
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