© 2011 Anne Morel
© 2011 Association Francophone des Lecteurs du Livre d'Urantia
NDLR: Il y a des êtres remarquables que nous côtoyions sans en avoir pleinement conscience jusqu’au jour où leur présence éclate en pleine lumière de l’amitié (de la rédaction) . Il en est ainsi d’Anne, jeune femme aussi élégante que brillante et dont la vivacité rayonne de simplicité. Sa force : l’enthousiasme dans le sens le plus noble du terme ! Pleinement femme et si proche de l’Éternel que son témoignage s’en vient clôturer merveilleusement bien le thème de l’Éternel Féminin, sujet qu’elle revisite à sa manière.
Avec abnégation et modestie, Anne a décidé de réaliser le rêve professionnel de son mari rencontré dans leurs jeunes années! « Ce que femme veut, Dieu le veut !» La foi vivante d’Anne a permis de manifester cet ambitieux projet dans la réalité, ceci prioritairement sur d’autres projets matrimoniaux. Merci Anne de nous faire partager cette intime expérience de couple!
Lors de mon mariage, j’ai promis à mon mari de le soutenir dans ce qu’il entreprendrait. En mon for intérieur, je priais pour que le Seigneur me donne la force d’honorer la promesse que j’avais faite et d’être l’épouse dont il avait besoin. Je dois dire que comme à chaque fois, j’ai été exhaussée et j’ai eu bien des occasions de me raccrocher à cette prière.
Tout a commencé en 2004 lorsque mon mari a trouvé sa voie, … celle des airs. Il a souhaité devenir pilote professionnel et pour lui comme pour moi, cela signifiait démarrer à zéro, monter un projet, trouver un financement conséquent et s’engager dans une aventure. Celle-ci a débuté en Floride avec sa première licence de Pilote Privé et s’est poursuivie sur trois ans avec entredeux un mariage, de nombreux transatlantiques et 9 mois de vie à deux sous les cocotiers.
Á l’heure du retour en Suisse, mon mari devait attaquer la dernière ligne droite de sa formation et convertir ses licences pour pouvoir exercer son métier en Europe. Cela impliqua une nouvelle logistique et une nouvelle fois je devais mettre toute mon énergie dans la même direction que lui: réussir au plus vite les 14 examens théoriques obligatoires. Plusieurs de ses amis s’y étaient déjà essayés avec plus ou moins de succès et en plus ou moins de temps. Ambitieux, mon mari décidait de passer les 14 examens à la première date possible. Ma contribution tenait donc en deux points : soutenir financièrement notre cellule familiale par mon seul travail et l’aider dans sa préparation théorique. Concrètement, je copiais-collais quelques 9000 questions sur papier afin qu’il puisse s’exercer et mémoriser la matière. La réussite fut au rendez-vous et mon mari passa brillamment ses examens du premier coup.
Quelques semaines et une dizaine de postulations plus tard, il se vit offrir une place de copilote dans une compagnie de Jet privés de la place. Cette offre était la première et je savais qu’elle nous venait de Dieu. Si son parcours avait été comme sur des roulettes jusque là, l’économie mondiale, elle, s’encoublait * et la crise de 2008 fit trébucher sa compagnie. En octobre, il reçut un appel lui annonçant qu’ils ne pourraient pas donner suite à leur offre et qu’il devait trouver une autre opportunité. Ce fut pour moi un choc car comment retrouver un autre emploi dans ce contexte économique si difficile ? S’en est suivi une année intense où notre seule ressource fut de nous accrocher l’un à l’autre. Le doute s’installa chez mon mari et par contagion chez moi : avions-nous fait le bon choix ? Que faire?
Cette même compagnie a rappelé en décembre 2009 en lui demandant s’il était toujours intéressé. Si oui, ils renouvelaient leur offre mais à de meilleures conditions: copilote sur un avion plus gros et ils finançaient eux-mêmes la qualification sur l’appareil si mon mari acceptait de s’engager pour deux ans. Á bout de souffle, ce fut une grande surprise et ce clin d’œil divin arriva alors qu’il venait juste de décider de renoncer à sa carrière de pilote.
Après maintenant deux ans en altitude de croisière, mon mari m’a proposé de relever avec lui un nouveau défi dans sa profession et je m’y attelle avec plaisir et espérons, avec succès. J’ai choisi de ne pas être un obstacle sur le parcours mais d’être un soutien, féminin, avec l’aide de l’Éternel.
* s’encoubler : terme suisse romand, se prendre les pieds, s’empêtrer dans quelque chose qui traîne par terre.
Anne Morel