© 2022 Éric Tarissan
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Éric Tarissan
Québec
Les chiffres forment une famille de dix membres.
Chacun est unique, a sa propre valeur, signification, poids, qualités, coordonnées et identité.
Si Zéro est le premier chiffre, UN serait donc le second ou, un ‘second premier’!
Quel rôle affreux qu’être le second violon, pensant avoir toujours joué le rôle principal !
Car même s’il ne paie pas de mine, il est bien vrai que Zéro ne représente rien sinon le néant ou, si vous préférez, le vide absolu. Pourtant, il n’en demeure pas moins qu’il rend possible, par sa seule présence, la succession et l’élévation des nombres par tranche de dix, de l’infiniment grand jusqu’à l’infiniment petit et ce, sans aucune limite, à l’infini.
Mais voilà !
Comment ce Zéro parti de rien, ce premier chiffre sans valeur et sans abri, ce nul patriarche de la famille et maitre absolu du vide, éternel représentant du néant et seigneur incontesté de ce qui n’existe pas, n’a jamais été et n’existera jamais — a-t-il pu donner naissance à son suivant, le seul et unique : Un, le second?
Mais passons ce mystère incalculable où l’on voudrait nous faire croire que l’infini peut naître de rien, et continuons notre chemin!
UN représente quand même le point de départ, le commencement de tout et, en même temps, représente, signifie et identifie l’unicité. Le fait d’être une personne unique.
Car c’est bien grâce à lui, en s’additionnant lui-même à chaque fois, qu’UN donnera naissance à tous les autres chiffres jusqu’à NEUF, formant ainsi cette belle famille de dix !
Malgré tout, UN est bien heureux d’avoir une valeur, car même s’il représente la plus petite de tous les chiffres de la famille, il ne fait pas de doute que dès le départ cette valeur est déjà infiniment plus grande que celle de son prédécesseur Zéro qui, de lui-même et par lui-même, n’en a pas et n’en contient aucune!
Pourtant, UN devra tout de même concéder à son prédécesseur qu’en lui tendant la main, en le plaçant à sa droite, Zéro passa l’arme à gauche, voyant aussitôt mourir toute son insignifiance, son mal de vivre et son vide intérieur. Donnant à UN , son premier voisin, une valeur dix fois supérieure qui, autrement, serait restée néant ; l’élevant dès lors et comme par miracle à ce premier rang des nombres ainsi crées !
UN plaçant amicalement Zéro à ses côtés, tel un frère d’arme, formaient ensemble une belle paire dont l’union, parti de rien, créa une nouvelle réalité, celle des nombres sans fin!
Comment expliquer autrement que Zéro, ce bon à rien qui, au départ, ne laissait présager rien de bon, pouvait, comme ça, comme par enchantement, faire de chacun d’eux, chacun de ces chiffre solitaires, égoïstes et prétentieux un nombre dix fois, mille fois, un million de fois supérieur bref, autant de fois que Zéro voudra bien se répéter. Et croyez-moi, pour se répéter, il peut le faire à l’infini car, comme tous ses frères Chiffre, aucun de ces dix membres bien particuliers n’échappent à cette qualité, à ce don inné de pouvoir à l’infini se répéter sans fin, éternellement et sans aucune limite !
Ainsi Zéro acquit-il ses lettres de noblesse et devint un partenaire inestimable pour chacun d’eux. Devenant une figure légendaire, respectée et incontournable et ce, bien au-delà du vide qu’il représentait et qui, dans le coeur et l’esprit de chacun, tomba aux oubliettes.
Vraiment, la lourde, pénible et tragique situation de Zéro tomba à néant quand tous les membres de sa famille comprirent que sans lui, aucun d’eux ne pourrait jamais grandir ni s’élever plus haut que leur première et véritable valeur intrinsèque, constitutive et individuelle.
Cette bonne nouvelle se répercuta d’un bout à l’autre de l’univers des chiffres, qui sautèrent de joie en apprenant qu’ils pouvaient désormais tous devenir infiniment plus que tout ce qu’ils avaient jamais pu imaginer jusque là et ce, simplement en mettant Zéro de l’avant. Je veux dire, en mettant Zéro à la droite du père qu’ils devenaient tous en l’adoptant, plutôt qu’en l’abandonnant derrière eux, tapis dans l’ombre en sombrant dans le gouffre infini du vide à brouiller du noir !
Puisqu’à cette époque, personne ne pensait à rien… je veux dire, à Zéro! Tous trop centrés sur eux-mêmes pour discerner le pouvoir qu’ils avaient ensemble et l’infini qu’ils formaient.
Ils n’avaient donc plus rien à perdre, bien au contraire !
En devenant tous partenaires avec Zéro leur frère, ils avaient tout à gagner puisque grâce à lui (l’enfant chéri qui ne disait rien et dont tout le monde pensait qu’il ne ferait jamais rien, simplement parce qu’il ne valait rien) — tout devenait possible. Chacun su dès cet instant, et sans rien enlever à qui que ce soit, que grâce à leur précieux allié Zéro, ils pouvaient désormais tous devenir aussi grand, élevé et gros qu’ils le voulaient, et que l’infini éternel ou, si vous préférez, l’éternelle infinité, loin d’être une chimère utopique ou une légende fantastique, devenait accessible et bel et bien réelle !
Oui ! Ensemble, ces dix chiffres, tous uniques et singuliers, devenaient l’infini ! Accédant ainsi à un bonheur incalculable et une félicité illimitée qu’autrement, isolés et divisés, ils n’auraient jamais pu accéder, vivre et connaître !
C’est en ce jour lointain et inoubliable, tous réunis, qu’ils donnèrent naissance à la science, fruit de leur collaboration inespérée, révélant depuis leurs fondements, une structure parfaite et symétrique qui, depuis lors, ne cesse de découvrir la vérité et l’intelligence de leur Créateur. Ce Créateur Absolu qui, dès l’origine, les avait tous divinement et naturellement créés à son image : parfaits, uniques et infinis.
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