© 1996 François Dupont
© 1996 Association Francophone des Lecteurs du Livre d'Urantia
Les fins de siècle, les fins de millénaire et à plus forte raison les fins de civilisation, ont toujours suscité des réactions de peur, d’angoisse, en face de ce qui allait arriver. C’est comme si chaque transition séculaire de millénaire ne pouvait apporter que des bouleversements profonds et durables. Peut-être que ce que l’on craignait le plus, dans ce changement de l’état des choses, était le fait de ne pouvoir s’y adapter, ou bien l’idée qu’inévitablement, de nouvelles catastrophes allaient surgir de derrière les horizons menaçants de cette fin de période.
Ainsi savons nous que la fin du XVIII ème siècle fut caractérisée par l’avènement de la Révolution Française, elle-même débouchant sur les guerres napoléoniennes, faisant régner un nouvel ordre dans la plupart des États européens. La fin du XIXème siècle a préparé la première guerre mondiale et, son rejeton, la seconde guerre mondiale qui ont entraîné, chacune, des boucheries inutiles et un nouvel ordre social.
Que nous réserve la fin de ce XXème siècle qui est en même temps la fin du 2ème millénaire de notre ère ? Comme au siècle précédent les sectes religieuses foisonnent, les cercles politiques abondent, les bandes de terroristes se multiplient…Où allons-nous ?
Voici ce qu’en pense le célèbre psychologue Bruno Bettelheim :
Bruno Bettelheim, page 128 — « Une fois de plus, si la société est devenue plus puissante, c’est au détriment du citoyen. La société étant plus puissante que jamais, et l’individu plus angoissé qu’il ne l’a jamais été à aucun moment dans le passé, il doit s’en remettre, pour sa survie, à ceux qui dirigent cette société. La distance physique qui sépare l’individu de ceux qui le dirigent, empêche l’individu de vérifier si sa confiance en leur bonne volonté est justifiée, processus qui risquerait d’être désastreux pour son sentiment de sécurité économique et sociale.»
L’espoir -la noblesse de la confiance-est-il désirable ? Alors il faut que l’existence humaine soit sans cesse confrontée aux incertitudes renouvelées et aux insécurités. LU 3:5.6
Le courage -la force de caractère-est-il désirable ? Alors il faut que l’homme soit élevé dans un environnement qui l’oblige à s’attaquer à de dures épreuves et à réagir aux désappointements. LU 3:5.8
Ce discours plutôt pessimiste est nuancé par ce qu’il dit un peu plus loin :
Bruno Bettelheim, page 145 — « Une époque qui incite l’homme à laisser la machine pourvoir à ce qui est essentiel à son existence, exige, plus qu’aucune autre, que l’homme discerne clairement ce qui est essentiel et ce qui est contingent, notion dont il n’avait guère besoin lorsque le superflu était rare. De même qu’une démocratie exige qu’une population ait plus de culture et de sens moral que dans les formes plus primitives de la société, de même l’homme moderne a besoin d’une affectivité plus développée pour ne pas succomber aux tentations inhérentes à l’âge des machines. Plus le monde qui nous entoure est mécanisé et fragmenté, plus nous devons mettre d’humanité dans nos relations personnelles; plus nous vivrons dans une société de masse, mieux nous devrons savoir comment nouer des relations intimes. »
Mais, de son côté, le Livre d’URANTIA nous donne l’assurance que nos tribulations sont un mal nécessaire :
« Quand l’anxiété devient réellement douloureuse, elle inhibe l’activité et provoque infailliblement des changements évolutionnaires et des adaptations biologiques. La douleur et la souffrance sont essentielles à l’évolution progressive.» LU 86:2.1
Il nous dit même ce qui est à corriger dans notre attitude vis à vis de ces souffrances mentales :
« Trop souvent, beaucoup trop souvent, vous gâchez votre mental par défaut de sincérité, et vous le flétrissez par manque de droiture; vous le soumettez à la peur animale et vous le déformez par des anxiétés inutiles.» LU 9:6.1
Personnellement je pense que, parmi les lecteurs assidus et les étudiants persévérants du Livre d’URANTIA, il n’y a pas ou il ne pourrait y avoir de vrais angoissés, ayant peur d’un avenir, en somme, assez proche, tremblant pour leurs enfants, hésitant à s 'engager dans n’importe quoi.
Mais je me trompe peut-être. Les prévisions et les problèmes personnels ne seraient-ils pas plus complexes suivant le type de fonctionnement mental des lecteurs ?
Qui accepterait le défi de se lancer à l’eau et de coucher sur le papier ses propres pensées et réactions vis à vis de cette question brûlante ?
François Dupont — Bruxelles