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La philosophie qui sauve | Le Lien Urantien — Numéro 51 — Été 2010 — Table des matières | Léger, léger ! |
Dans les 7 effusions qu’il fit sur les mondes qu’il avait lui-même créés, Micaël de Nebadon s’est montré un souverain compréhensif et compatissant. Les Melchizédeks, par exemple, ont dit de lui : « Il nous a aimés, il nous a compris, il a servi avec nous et nous sommes pour toujours ses loyaux et dévoués compagnons. » (LU 119:1.5)
Sur notre Terre aussi, il a partagé notre condition humaine, de la naissance jusqu’à la mort, et même plus loin : jusqu’à ressusciter, pour nous montrer le chemin inspiré qu’il a suivi, et ainsi nous aider. Avec les femmes, son attitude est claire tout au long de sa vie : les femmes sont les collaboratrices des hommes. Voyons. Dans quel milieu arrive-t-il ?
« Les parents humains de Jésus étaient des gens moyens de leur époque et de leur génération et ce Fils de Dieu incarné naquit donc d’une femme et fut élevé à la manière ordinaire de cette race et de cet âge. » LU 119:7.8
« Les femmes avaient plus de liberté dans tout l’empire romain qu’en Palestine avec leur statut limité, mais la dévotion familiale et l’affection naturelle des Juifs surpassaient de loin celles du monde des Gentils. » LU 121:4.1
Sa mère, Marie, était : « une personne d’humeur aventureuse et très dynamique » 1350.5, mais quand Jésus eut 8 ans, le Livre dit d’elle : « s sa mère était devenue exagérément soucieuse de sa santé et de sa sécurité. » (LU 123:6.2)
« Avant qu’il eût huit ans, il était connu de toutes les mères de famille et jeunes femmes de Nazareth ; elles l’avaient rencontré et avaient causé avec lui a la fontaine proche de chez lui, qui était l’un des centres sociaux de rencontre et de commérage de la ville entière. » LU 123:5.15
Quand Joseph décède, Jésus devient l’éducateur, avec sa mère, de ses frères et soeurs plus jeunes. On dit de lui à la page (LU 127:4.3-5), alors qu’il est dans sa dix-neuvième année : « …Jésus avait complètement gagné sa mère à ses méthodes d’éducation pour les enfants… » C’est-à-dire qu’il pratiquait l’injonction positive de « bien faire » au lieu d’interdire de « mal faire ». « Il ne châtiait jamais arbitrairement ses frères et sours. Son impartialité constante et sa considération personnelle rendirent Jésus très cher à toute sa famille. » Comment se comporte-t-il avec sa maman ? Prenons deux exemples signifiants :
Depuis sa treizième année jusqu’à ses dix-sept ans, celle-ci fait pression « de toutes les manières possibles » pour le pousser dans un rôle politique, patriotique et nationaliste (LU 125:6.13) et (LU 127:2.4) : « Marie fit de son mieux pour l’inciter à s’enrôler, mais elle ne put le faire céder le moins du monde. Elle alla jusqu’à lui signifier que son refus d’épouser la cause nationaliste, comme elle le lui ordonnait, était de l’insubordination, une violation de sa promesse faite à leur retour de Jérusalem d’étre soumis à ses parents. En réponse à cette insinuation, Jésus posa seulement sur son épaule une main bienveillante, la regarda en face et lui dit ; « Ma mère, comment peux-tu?» Et Marie se rétracta. »
An 26, aux noces de Cana, Marie et les apôtres cherchent à pousser Jésus à se manifester en tant qu’être surnaturel, mais « ils virent qu’ils avaient suscite son indignation caractéristique »… «…l’éloquence de son reproche résidait dans l’expression de son visage. » (LU 137:4.4) Et à la fin du repas quand Marie apprend par la mère du marié que la provision de vin était épuisée, malgré̉ le blâme reçu quelques heures auparavant, elle s’adresse à Jésus qui se tient seul dans un coin du jardin et dit « Mon fils, ils n’ont plus de vin ». « Ma bonne mère, en quoi cela me concerne-t-il ?, » Marie dit : « Mais je crois que ton heure est venue. Ne peux-tu nous aider? ». Jésus réplique : « De nouveau, je déclare que je ne suis pas venu pour agir de cette manière. Pourquoi me déranges-tu avec de pareilles affaires?»
Alors, fondant en larmes, Marie le supplia: « Mais mon fils, je leur ai promis que tu nous aiderais? Ne veux-tu, s’il te plaît, faire quelque chose pour moi? » Et Jésus dit alors : « Femme, pourquoi te permets-tu de faire de telles promesses? Veille à ne pas recommencer. En toutes choses, il faut que nous servions la volonté du Père qui est aux cieux. »
Marie, la mère de Jésus, fut accablée ; elle était abasourdie ! Tandis qu’elle se tenait immobile devant lui et qu’un flot de larmes coulait sur son visage, le cœur humain de Jésus fut ému d’une profonde compassion pour la femme qui l’avait porté dans son sein.
I1 se pencha vers elle, posa tendrement sa main sur sa tête et lui dit : « Allons, allons, Maman Marie, ne te chagrine pas de mes paroles apparemment dures. Ne t’ai-je pas dit maintes fois que je suis venu uniquement pour faire la volonté de mon Père céleste? Je ferais avec joie ce que tu me demandes si cela faisait partie de la volonté du Père… » Et Jésus s’arrêta court. Il hésitait. Marie parut avoir le sentiment qu’il se produisait quelque chose. Se relevant d’un bond, elle jeta ses bras autour du cou de Jesus, l’embrassa et se précipita dans la salle des serviteurs en leur disant : « Quoi que mon fils vous dise, faites-le. » Mais Jésus ne dit rien. Il se rendait maintenant compte qu’il en avait déjà trop dit — ou plutôt qu’il avait trop désiré en pensée. (LU 137:4.8, LU 137:4.9)…On connaît la suite. L’eau est changée en vin sans plus d’intervention de Jésus, lui qui fut le plus surpris de tous!
Observons maintenant Jésus en présence d’autres femmes à différentes occasions de sa vie.
Par exemple, lorsque Rébecca, la fille aînée d’un riche marchand de Nazareth, est amoureuse de lui. Jésus a 19 ans à cette époque, Marie et la famille de la jeune fille lui font part de leur désir légitime de mariage. Le Livre d’Urantia dit ceci : Commence alors avec Rebecca un entretien mémorable :
Après l’avoir écouté attentivement, il remercia sincèrement Rébecca pour l’admiration qu’elle lui exprimait et ajouta : « Cela m’encouragera et me réconfortera tous les jours de ma vie. » Il expliqua qu’il n’était pas libre d’avoir, avec une femme, d’autres relations que celle de simple considération fraternelle et de pure amitié. Il précisa que son premier et plus important devoir était d’élever la famille de son père, qu’il ne pouvait envisager de mariage avant que cela fût accompli ; et alors, il ajouta: »Si je suis un fils de la destinée, je ne dois pas assumer d’obligations d’obligations pour la durée de la vie avant que ma destinée soit rendue manifeste. »
Rébecca eut le cœur brisé. Elle refusa d’être consolée et harcela son père pour quitter Nazareth jusqu’à ce qu’il consentît finalement à s’installer à Sepphoris. Au cours des années suivantes, Rébecca répondit toujours, aux nombreux hommes qui la demandèrent en mariage, qu’elle vivait dans un seul but — attendre l’heure où celui qui était pour elle le plus grand homme qui ait jamais vécu, commencerait sa carrière de maître enseignant la vérité vivante. Elle le suivit avec dévotion à travers les années mouvementées de son ministère public. Elle était présente (inaperçue de Jésus) le jour où il entra triomphalement à Jérusalem, et elle était debout « parmi les autres femmes » à côté de Marie, ce tragique et fatal après-midi où le Fils de l’Homme fut suspendu à la croix. Pour elle aussi bien que pour d’innombrables mondes d’en haut, il était « le seul entièrement digne d’être aimé et le plus grand parmi dix mille ». LU 127:5.5-6
Maintenant, nous sommes à Tarente, Jésus est alors dans sa vingt-neuvième année et revient de Rome avec ses amis, Ganid et son père Gonod. Les voyageurs remarquèrent un homme qui maltraitait sa femme. Selon son habitude, Jésus intervint en faveur de la personne attaquee. Il s’avança derrière le mari furieux, lui tapa gentiment sur l’épaule et lui parla longuement et le cœur de l’homme fut touché, moins par les paroles de Jésus que par le regard affectueux et le sourire compatissant accompagnant la conclusion de ses remarques. L’homme lui dit entre autre être reconnaissant de l’avoir réfréné, d’autant que sa femme est une brave femme, mais qu’elle l’irrite par la manière dont elle lui cherche noise en public, ce qui lui fait perdre son sang-froid (…)
(…) Alors, en lui disant adieu, Jésus ajouta: « Mon frère, n’oublie jamais que l’homme n’a pas d’autorité sur la femme à moins que la femme ne lui ait spontanément et volontairement donné cette autorité (…) La considération et les soins affectueux qu’un homme est disposé à accorder à sa femme et à ses enfants indiquent la mesure dans laquelle cet homme a atteint les niveaux supérieurs de conscience de soi, créative et spirituelle. Ne sais-tu pas que les hommes et les femmes sont partenaires de Dieu, en ce sens qu’ils coopèrent pour créer des êtres qui grandissent jusqu’à posséder le potentiel d’âmes immortelles? Le Père qui est aux cieux traite comme un égal l’Esprit-Mère des enfants de l’univers. C’est ressembler à Dieu que de partager ta vie et tout ce qui s’y rapporte sur un pied d’égalité avec la mère et compagne qui partage pleinement avec toi cette expérience divine de vous reproduire dans la vie de vos enfants. Si seulement tu peux aimer tes enfants comme Dieut’aime, tu aimeras et tu chériras ta femme comme le Père qui est aux cieux honore et exalte l’Esprit Infini, mère de tous les enfants de l’esprit d’un vaste univers. (LU 133:2.2)
Plus tard, quand Jésus commence son œuvre publique, le livre dit de lui ceci : « Il exerçait une grande influence sur ses semblables à cause de la combinaison de charme et de force de sa personnalité. (…) Jésus était simple, viril, honnête et sans peur. Accompagnant toute l’influence physique et intellectuelle manifestée dans la présence du Maître, il y avait aussi tous les charmes spirituels de l’être désormais attachés à sa personnalité — la patience, la tendresse, la mansuétude, la douceur et l’humilité.
Jésus de Nazareth était vraiment une personnalité vigoureuse é énergique ; il était une puissance intellectuelle et une forteresse spirituelle. Non seulement sa personnalité attirait, parmi ses disciples, des femmes enclines à la spiritualité, mais aussi bien d’autres hommes et femmes de toute condition, des robustes et rudes pêcheurs Galiléens, des hommes instruits et intellectuels, etc. LU 141:3.4
(…) Jésus ne posait pas au mystique doux, agréable, gentil et aimable. Son enseignement avait un dynamisme galvanisant. LU 141:3.7 (…) LU 142:3.14 Il a dit: « Je ne désire pas que l’harmonie sociale et la paix fraternelle soient achetées par le sacrifice de la libre personnalité et de l’originalité spirituelle. Et Jésus parlait directement, à l’âme des gens. La rencontre avec une Samaritaine au puits de Jacob à la fin de juin de l’an 27, est significative à ce sujet : (LU 143:5.2) …en ces temps-là on n’estimait pas convenable, pour un homme qui se respectait, de parler en public a une femme, et encore bien moins pour un Juif d’adresser la parole à une Samaritaine.
La scène est longue, LU 143:5.3-6, je la résume très fort : Il est bienveillant, elle croit qu’il lui fait des avances. Or Jésus la regarde droit dans les yeux et lui parle d’eau vivante et éternelle. Elle cherche à éviter le contact direct de son âme avec lui, mais il la traite avec patience en lui expliquant de quoi il parle.
Page LU 143:5.8, le texte dit : Interrompant Nalda, Jésus lui dit avec une assurance impressionnante : « Moi, qui te parle, je suis celui-là», celui que l’on appelle Le Libérateur. Et le texte poursuit: Ceci était la première proclamation directe, positive et franche de sa nature et filiation divine que Jésus ait faite sur terre.
Et elle fut faite à une femme, à une Samaritaine, et à une femme dont la réputation était jusqu’alors douteuse aux yeux des hommes.
Les apôtres ne cessèrent jamais d’être choqués par la bonne disposition de Jésus a parler aux femmes, à des femmes de réputation douteuse, ou même immorales. Il fut très difficile à Jésus d’enseigner à ses apôtres que les femmes, même qualifiées d’immorales, ont une âme qui peut choisir Dieu pour Père, et qu’elles peuvent devenir ainsi les filles de Dieu, candidates à la vie éternelle. LU 143:5.11
Le trait le plus étonnant et le plus révolutionnaire de la mission terrestre de Micaël fut son attitude envers les femmes. A une époque et dans une génération où il était malséant pour un homme de saluer en public même sa propre femme, Jésus osa emmener des femmes pour enseigner l’évangile en liaison avec sa troisième tournée de prédication en Galilée. Et il eut le courage suprême de le faire en dépit de l’enseignement rabbinique qui proclamait : « Mieux vaut brûler les paroles de la loi que de les remettre à des femmes. » LU 149:2.8
En une seule génération, Jésus fit sortir les femmes d’un oubli irrespectueux et les libéra des corvées serviles des âges primitifs. C’est à la honte de la religion qui osa se qualifier du nom de Jésus, de n’avoir pas eu le courage moral de suivre ce noble exemple dans son attitude ultérieure envers les femmes.
Parmi tous les actes audacieux accomplis par Jésus en liaison avec sa carrière terrestre, le plus stupéfiant fut son annonce soudaine, dans la soirée du 16 janvier de l’an 29 : « Demain matin, nous sélectionnerons dix femmes pour travailler au ministère du royaume. » (…) Jésus pria David d’envoyer des messagers convoquant, à Bethsä̈de, dix femmes dévouées qui avaient précédemment servi dans l’administration du camp et à l’infirmerie dans les tentes. Ces femmes avaient toutes écouté les leçons données aux jeunes évangélistes, mais jamais ni elles ni leurs instructeurs n’avaient imaginé que Jésus oserait charger des femmes d’enseigner l’évangile du royaume et de soigner les malades. LU 150:1.1
… La mission que Jésus confia à ces dix femmes, en les sélectionnant pour l’enseignement et pour le ministère de l’évangile, fut la proclamation d’émancipation qui libérait toutes les femmes pour toujours ; les hommes devaient cesser de considérer les femmes comme spirituellement inférieures à eux. Ce fut nettement un choc, même pour les douze apôtres. Ils avaient maintes fois entendu le Maître dire que « dans le royaume des cieux, il n’y a ni riche ni pauvre, ni homme libre ni esclave, ni homme ni femme, mais tous sont également les fils et les filles de Dieu ». LU 150:1.3
Malgré cela, les apôtres furent littéralement frappés de stupeur lorsque Jésus proposa officiellement de nommer dix femmes comme éducatrices religieuses, et même de leur permettre de voyager avec eux. Tout le pays fut mis en émoi par cette façon d’agir, et les ennemis de Jésus tirèrent grand parti de cette décision. Mais, partout, les femmes qui croyaient à la bonne nouvelle soutinrent résolument leurs sœurs choisies et approuvèrent partout, sans hésitation, cette reconnaissance tardive de la place des femmes dans l’œuvre religieuse.
Ultérieurement et immédiatement après le départ définitif du Maître, les apôtres mirent en pratique cette libération des femmes en leur accordant la place qui convenait, mais les générations suivantes retournèrent à leurs anciennes coutumes. Durant toute l’époque primitive de l’Eglise chrétienne, les femmes éducatrices et ministres furent appelées « diaconesses », et on leur accorda unẹ récognition générale. Quant à Paul, il accepta bien la chose en théorie, mais ne l’incorpora jamais réellement dans son comportement et trouva personnellement difficile de la mettre en pratique.
Revenons en arrière : Lorsque la compagnie des disciples et des apôtres arriva un jour à Magdala, ces dix femmes furent libres d’entrer dans les mauvais lieux et quand elles visitèrent les malades, elles entrèrent dans l’intimité de leurs sœurs éprouvées. C’est dans cette ville que Marie la Magdaléenne qui avait échoué dans un de ces mauvais lieux, fut gagnée au royaume. Marie crut et elle fut baptisée le lendemain par Pierre.
Elle devint l’éducatrice la plus efficace de l’évangile parmi les douze femmes évangélistes. Marie, Rébecca et leurs compagnes travaillèrent fidèlement jusqu’au bout.
Françoise Burniat
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