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Le Projet de Vie | Le Lien Urantien — Numéro 66 — Printemps 2014 — Table des matières | Les causes, les effets IV |
« L’important dans la vie, ce n’est point le triomphe, mais le combat. L’essentiel n’est pas d’avoir vaincu, mais de s’être bien battu. »
« Le succès n’est pas un but mais un moyen de viser plus haut. »
« Voir loin, parler franc, agir ferme. »
« Le sport va chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre. »
« Chaque difficulté rencontrée doit être l’occasion d’un nouveau progrès. »
« L’important, c’est de participer. »
« Plus fort, plus haut, plus vite. »
Comme beaucoup d’entre vous, je considère le premier de l’An comme le moment idéal pour réfléchir au passé et regarder vers l’avenir. Cela est d’autant plus vrai aujourd’hui qu’en ce 1er janvier 2013, nous fêtons le 150e anniversaire de la naissance du fondateurdes Jeuxolympiques modernes, le baron Pierre de Coubertin.
Sa devise personnelle était : « Voir loin, parler franc, agir ferme », mais même lui n’aurait pu prédire à quel point sa vision des Jeux allait transformer cette manifestation en l’un des événements culturels les plus importants de notre histoire, touchant des milliards de personnes sur terre et s’invitant dans presque chaque foyer de la planète.
Certes, Pierre de Coubertin aurait été ravi de savoir que 118 ans après la création du Comité international olympique (CIO), le Mouvement olympique est plus fort que jamais…Des étapes importantes ont par ailleurs été franchies s’agissant notamment de la participation des femmes dans le sport, de l’héritage et de l’environnement.
Les initiatives visant à diffuser les valeurs olympiques se sont multipliées, en particulier celles lancées en coopération avec les Nations unies pour mettre le sport au service du développement. Nous avons également redoublé et intensifié nos efforts pour protéger l’intégrité du sport… Il serait aisé d’oublier la tâche herculéenne que Pierre de Coubertin a dû mener pour rétablir, à lui tout seul ou presque, les Jeux olympiques à la fin du XIXème siècle. Il a toujours affirmé que le sport organisé permettait de renforcer non seulement le corps, mais aussi la volonté et l’esprit, tout en encourageant l’universalité et le fair-play, des idées largement acceptées aujourd’hui…
Malgré tous ces obstacles, il continua d’œuvrer avec détermination, offrant de son temps et de sa fortune pour donner un nouveau souffle aux Jeux olympiques de l’Antiquité. Non à des fins personnelles mais pour le bien de l’humanité, car il était convaincu que le sport véhiculait des valeurs telles que l’excellence, l’amitié et le respect. Fort de sa remarquable intelligence, de son absolue certitude et de sa grande force de caractère, il gagna progressivement le soutien et la confiance de groupes d’individus partageant le même état d’esprit que lui. Dans un délai étonnamment court, ceux-ci allaient devenir les membres fondateurs du CIO en 1894…
Pierre de Coubertin fut le deuxième président du CIO et son mandat de vingt-neuf ans (1896-1925) le plus long de l’histoire olympique. Il consacra l’essentiel du reste de sa vie à veiller au maintien des Jeux et à la pureté de la compétition. Le Mouvement olympique a eu sa part de difficultés, mais grâce à Coubertin, il a survécu, laissant un héritage dont des milliards de personnes continuent de bénéficier. Outre les Jeux olympiques, il nous a donné les anneaux olympiques — l’un des symboles les plus facilement identifiables dans le monde — les cérémonies d’ouverture et de clôture, le serment des athlètes, le Musée olympique et la Charte olympique rédigée par ses soins… C’est en effet le texte qui nous distingue de toutes les autres organisations sportives. Le CIO n’existe pas uniquement pour organiser une grande manifestation sportive tous les deux ans. Notre mission consiste à mettre le sport au service de l’humanité, les compétitions nous aidant à tirer parti de ce qu’il y a de meilleur dans notre société et à lutter contre ses éléments pernicieux. Les valeurs olympiques sont encore aujourd’hui le fil rouge qui guide tout ce que nous entreprenons.
Pierre de Coubertin serait-il heureux des développements qui ont eu lieu depuis sa mort en 1937 ? La réponse est évidemment non. Nous avons eu notre lot de turbulences, mais c’est parce que nous avons pu compter sur ce guide moral et éthique qu’est la Charte olympique que nous sommes parvenus à les traverser. Mais il serait ravi que ses valeurs fondamentales perdurent. Celles-ci sont même encore plus pertinentes de nos jours. Tout ce que nous avons admiré dans l’Olympisme en 2012 n’aurait pas été possible sans son œuvre. Il nous appartient à présent de veiller à ce que les Jeux conservent leur intérêt et leur intégrité pour 118 nouvelles années et plus.
Pierre de Coubertin s’est dévoué corps et âme à cette cause. En cette veille de 1er janvier, le Mouvement olympique salue l’homme par qui tout a commencé.
Joyeux 150e anniversaire !
Jacques Rogge
Pierre de Coubertin (1863-1937) est né le 1er janvier 1863, dans la région havraise, d’un père peintre de genre. Scolarisé chez les jésuites de l’externat de la rue de Madrid à Paris et admissible à Saint-Cyr, il se destine à la carrière militaire, mais, en raison d’un déclin politique et militaire national, c’est l’éducation qu’il choisit.
Inscrit à l’École libre des Sciences Politiques, il effectue un long séjour d’étude en Angleterre dont il revient admiratif de l’œuvre de Thomas Arnold. Ce dernier, membre du clergé, directeur du Collège de Rugby et créateur de la cellule de la rénovation britannique avait mis le sport au cœur du système éducatif anglais. Coubertin voyage ensuite dans le monde anglo-saxon et en conclut que ce dernier dispose d’une puissance récente et non héréditaire rendue possible par la réforme sportive du système éducatif…
Désireux de populariser le sport, il constate rapidement que pour atteindre ses objectifs, il faut l’internationaliser. Cela le conduit à vouloir restaurer l’Olympisme, idée certes pas inédite mais menée dans un esprit de modernité qui en assure le succès. Le 23 juin 1894, alors qu’il réunit deux mille personnes dont soixante-dix-neuf représentants de douze pays à un Congrès sur l’athlétisme dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, Coubertin parvient à faire adopter le projet de restauration des Jeux Olympiques et créer la Commission ad hoc chargée de l’étude du projet, l’embryon du Comité International Olympique.
C’est ainsi que l’année 1896 voit la célébration de la première Olympiade à Athènes. Second président de l’institution Olympique en prévision des Jeux Olympiques de Paris en 1900, Pierre de Coubertin conserve cette charge jusqu’en 1925. Il agit sans relâche pour le développement des Jeux Olympiques modernes, inscrits certes dans sa propre contemporanéité, mais pour lesquels il établit un protocole réglant le déroulement et la symbolique des Jeux dans l’esprit d’une culture hellénique qui l’anime. Il s’installe en 1915 à Lausanne où il ancre le Comité International Olympique. Il y meurt le 2 septembre 1937.
Dans le cadre des concours artistiques des Jeux de 1912, qui ont lieu sous sa propre égide, le jury donne le premier prix à son Ode au Sport. Cette médaille récompense son talent d’écrivain et son œuvre littéraire, représentant une trentaine de volumes édités, soit environ 15.000 pages imprimées.
La notion d’Olympisme est une conceptualisation moderne découverte par Pierre de Coubertin et développée à sa suite, à l’appui notamment de l’héritage culturel de la Grèce antique. Le terme d’Olympisme désigne l’idéal institutionnalisé du Mouvement olympique et fait souvent l’objet d’une utilisation erronée.
Il est en effet fréquemment employé pour désigner, au choix, l’ensemble des acteurs Mouvement olympique, le sens de leurs actions, une conception pédagogique, le système d’organisation sectoriel du sport, quand il n’est pas simplement l’objet d’une critique nihiliste. Le mot se retrouve par ailleurs trop souvent dans l’évocation des Jeux antiques d’Olympie. Or, l’Olympisme en tant que tel n’existait pas: l’événement qui se tenait sur les rives de l’Altis n’était pas l’expression autonome d’un mouvement philosophique, mais celle, unifiée, des cultures hellènes. Cette notion d’Olympisme est en réalité une conceptualisation moderne découverte par Pierre de Coubertin et développée à sa suite, à l’appui notamment de l’héritage culturel de la Grèce antique.
Puisqu’il est nécessaire de se référer à la loi fondamentale du Mouvement, notons de suite que la Charte olympique définit l’Olympisme comme « une philosophie de la vie, exaltant et combinant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et de l’esprit. Alliant le sport à la culture et à l’éducation, l’Olympisme se veut créateur d’un style de vie fondé sur la joie dans l’effort, la valeur éducative du bon exemple et le respect des principes éthiques fondamentaux universels " (Principe fondamental nº 2 ) avec pour but « de mettre partout le sport au service du développement harmonieux de l’homme, en vue d’encourager l’établissement d’une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine. » (Principe fondamental nº 3 ). Les deux tenants de l’Olympisme officiel sont donc posés : le sport, et une vocation systémique à structurer l’individu pour une société humaniste.
De cette définition, notons par ailleurs la référence à une philosophie qui vient donc désigner l’Olympisme comme un mouvement de pensée mise en action, et qui s’adresse tout autant à l’individu qu’à la communauté.
L’Olympisme diffusé par le ClO est donc une philosophie d’inspiration antique et d’aspiration universelle se voulant porteuse de valeurs et messages sociétaux, à l’appui d’une activité, le sport, et d’un événement, les Jeux olympiques, devenus un repère de l’agenda international et la vitrine de la pratique sportive, avec, entre autres, ses qualités structurantes, et ses caractéristiques sociologiques.
Le symbole olympique se compose de cinq anneaux entrelacés de dimensions égales, employés seuls, en une ou cinq couleurs qui sont, de gauche à droite, le bleu, le jaune, le noir, le vert et le rouge. Le symbole olympique (les anneaux olympiques) exprime l’activité du Mouvement olympique et représente l’union des cinq continents et la rencontre des athlètes du monde entier aux Jeux Olympiques. Mais attention, il est faux de dire que chacune des couleurs est associée à un continent précis!En fait, lorsque Pierre de Coubertin crée les anneaux en 1913, les cinq couleurs associées au fond blanc représentent les couleurs des drapeaux de tous les pays à cette époque sans exception.
« Le plus important aux Jeux olympiques n’est pas de gagner mais de participer, car l’important dans la vie ce n’est point le triomphe mais le combat ; l’essentiel, ce n’est pas d’avoir vaincu mais de s’être bien battu ».
C’est officiellement à un religieux que l’Olympisme a emprunté son credo, déclamé et affiché lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques:
« … l’important dans ces Olympiades, c’est moins d’y gagner que d’y prendre part. Retenons cette forte parole. Elle s’étend à travers tous les domaines jusqu’à former la base de la philosophie sereine et saine. L’important dans la vie, ce n’est point le triomphe mais le combat; l’essentiel ce n’est pas d’avoir vaincu mais de s’être bien battu. »
Devenu « L’important c’est de participer » pour la vox populi, ce credo a fait l’objet d’une réelle appropriation publique qui témoigne de la diffusion des valeurs olympiques, ici le désintéressement dans l’accomplissement de l’acte sportif.
Jacques Rogge et Internet
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