© 1995 Jacques Tétrault
© 1995 La Bibliothèque de la Confrérie des Hommes
En tant qu’êtres humains, notre point de départ est un sentiment de grande insécurité. Nous recherchons l’assurance, essayons de développer la confiance en soi.
Tôt ou tard, nous sommes intrigués spirituellement, une intuition irrésistible nous appelle à rechercher le sens de notre propre existence. Même s’il existe de nombreuses voies et voies ouvertes, nous avons généralement tendance à limiter d’abord notre recherche à notre environnement immédiat. On y trouve diverses formes de dogmatisme, des religions établies ou de nouvelles tendances à la mode, des sectes ou des gourous avec des instructions et des modes de comportement prédéfinis. Cela fait partie de la quête.
Beaucoup s’arrêtent là. Ils ont trouvé, ou croient avoir trouvé, une recette satisfaisante. Ils adhèrent, se conforment et suivent. Cela correspond à adopter la religion de quelqu’un d’autre. Cela implique une dépendance, à des degrés divers, à l’égard d’autrui ; les soi-disant leaders ou systèmes de croyances prédéfinis.
Quelques-uns, plus aventureux, plus exigeants et sûrement plus sûrs d’eux, prendront de plus grands risques, ne se contentant pas de produits emballés. Ces individus lanceront leur navire sur les grandes mers de leur quête personnelle de vérité. Ils osent quitter les rives protégées du port, tous naviguant face au vent et aux vagues ; en utilisant leur guidance intérieure, leur perspicacité, comme boussole unique (et âme). Ce sont des chercheurs intrépides de vérité vivante, qui ne se contentent pas de vérité morte et cristallisée.
C’est la grande aventure de ces âmes courageuses qui utilisent leur foi comme un bien vivant et actif. Ils prennent le risque de faire confiance, de faire de plus en plus confiance à Dieu lui-même, en osant éliminer tout intermédiaire qui prétendrait leur traduire la parole de Dieu ou la volonté de Dieu, dans leur propre expérience de vie. Ils développent une religion personnelle originale et de première main.
On pourrait dire qu’il s’agit d’individualistes, de libres penseurs ou de prétentieux. D’après mon expérience, ce sont des croyants expérimentés et des personnes autonomes qui luttent pour l’unité avec Dieu et donc avec tous les autres croyants. Ils ont cessé d’être mortifiés par la crainte de Dieu et se sont consacrés et motivés par l’amour de Dieu. Leur engagement n’est plus tiède et temporaire mais permanent et total. Quelle que soit leur conception initiale de cette réalité, elle est devenue profondément enracinée et individuelle. Ces fils et filles de Dieu accomplissent leurs tâches quotidiennes et vivent chaque jour en s’orientant de plus en plus vers le service, offrant gratuitement leurs talents pour accomplir plus parfaitement la volonté de Dieu à mesure qu’ils ressentent sa volonté en eux-mêmes.
Le nombre de ces religieux qui se consacrent véritablement à faire le bien augmente lentement et représente, je crois, l’avenir d’une vie spirituelle plus vraie et plus saine.
Ils illustrent le nouveau chemin spirituel qui produit une récolte plus abondante de fruits de l’esprit dans la vie ordinaire, car elle est vécue d’une manière extraordinaire. Ils n’ont besoin d’aucune organisation pour les soutenir ou promouvoir leurs actes, leurs tâches étant essentiellement de nature spirituelle.
J’anticipe et propose cette religion personnelle comme une voie très prometteuse pour restaurer la dimension spirituelle dans notre monde.
La vérité est vivante, les vérités cristallisées sont mortes. L’homme est appelé à aller de l’avant et à se renouveler continuellement. Sortir de toute dépendance et s’aventurer dans une communion personnelle avec Dieu demande un certain courage, mais cela libère et émancipe. L’homme libre ne peut pas continuer à obéir et à se laisser diriger par d’autres hommes en ce qui concerne la vie spirituelle. Les individus plus mûrs doivent oser se lancer dans leur propre quête personnelle de Dieu. Et lorsqu’il cherchait Dieu, Dieu l’avait déjà trouvé.
Puisque Dieu gouverne l’univers par la puissance même de son amour, que risquons-nous réellement en lui accordant notre totale confiance et en suivant sa direction intérieure ? Il est mon Père et le vôtre. Je ressens sa présence en moi et c’est là que commence mon expérience religieuse. Je dois prendre le risque de lui faire confiance. Et ce n’est pas la fin mais le tout début de ma vie religieuse personnelle.
Avez-vous une expérience similaire?
La vérité est vivante. La vérité cristallisée est morte.