© 2005 Jan Herca (license Creative Commons Attribution-ShareAlike 4.0)
Bien que le site ait été habité dès le Ve millénaire avant J.-C. et que les textes égyptiens y fassent plusieurs références au IIe millénaire avant J.-C., c’est à l’époque gréco-romaine que Pella s’épanouit. Le nom originel de la ville, Pihilum ou Pehel, semble avoir été modifié, selon Stéphane Byzance (Ve siècle), lors de la refondation de la ville par Alexandre le Grand. Alexandre Janeus s’en empara, et comme il ne parvint pas à persuader les habitants d’accepter le judaïsme, il le détruisit (Flavius Josephus, BJ I, 5 8 ; AJ XIII 15 4). Pompée le reconstruisit et l’annexa à la province de Syrie (BJ I, 7 7 ; AJ XIV, 4 4). Elle devint partie de la Décapole, restant toujours une ville hellénistique, et faisant partie de la frontière nord de la Pérée (BJ III, 3 3). Faisant partie du royaume d’Agrippa, elle offrit refuge à la communauté chrétienne naissante du Mont Sion qui, sous la direction de Simon, s’y réfugia pendant la révolte juive et le siège de Jérusalem par les Romains (Eusèbe HE III, 5 ; Épiphane Haer XXIX, 7). Lorsqu’après trois ans de guerre et de massacres la deuxième révolte juive fut réprimée par les Romains (132 - 135 après JC) et que l’empereur Hadrien reconstruisit Jérusalem sous le nouveau nom d’Aelia Capitolina, une partie de la communauté qui vivait à Pella passa à l’ordre de l’évêque incirconcis Marc, se rendant au mont Sion. Quoi qu’il en soit, le christianisme à Pella persista, comme en témoigne Ariston (né là-bas au IIe siècle et auteur du Dialogue de Jason et Papiscos) ainsi que la découverte de nombreuses tombes chrétiennes et de quelques inscriptions.
Les ruines de Pella peuvent être visitées aux environs de l’actuel Tabakat-Fahil, près du Jourdain, sur la rive est, et à peu près à la même hauteur mais du côté opposé à celui de Scythopolis ou Beth-Shean.
La ville était fortifiée entre deux élévations, l’une peu élevée au nord et l’autre plus prononcée au sud. Certaines inscriptions retrouvées sur des monnaies indiquent qu’un temple aurait pu exister au sommet de ce dernier promontoire. Ces pièces révèlent la physionomie de la ville dans leur gravure, montrant un cardo principal à colonnades, de nombreuses maisons, certaines sur le flanc de la colline, et quelques temples à l’intérieur.
Deux torrents ou wadis qui entourent les deux collines, l’wadi Malawi entourant la colline sud (appelée aujourd’hui tell el-Husn), et l’wadi el-Hammeh, entourant la colline nord, devaient se jeter dans la vallée centrale où il prolongeait la ville, appelé aujourd’hui wadi Jim el-Moz.
Il y a peu de choses dans les ruines actuelles qui nous renseignent spécifiquement sur l’époque de Jésus. Si le temple situé à el-Husn a déjà disparu et n’a été remplacé par aucune construction (peut-être la colline était-elle maudite par la présence de ce temple), il est néanmoins facile de retrouver des vestiges de la présence chrétienne (comme plusieurs églises) ou même l’arabe (une mosquée).
Cependant, il reste d’assez bons vestiges de certains édifices romains d’une période postérieure, dans ce qu’on appelle « le complexe civique », c’est-à-dire une série de bâtiments où se trouvaient les centres administratifs de la ville : un temple, une basilique. avec un escalier bien conservé (qui devint plus tard une église à l’époque byzantine), un petit théâtre ou odéon construit sur le côté sud de la basilique et un nimpheum romain ou bains publics. Juste à côté de ces grands édifices se trouvaient les sources dont la ville était bien approvisionnée.
Les fouilles, menées par une équipe d’une université de Sydney, en Australie, n’ont donné que peu de résultats depuis le début de leur voyage en 1983. L’une des découvertes les plus remarquables a été les restes à proximité d’un grand temple cananéen antique (32 x 24 m), du type appelé migdol ou forteresse, daté d’environ 1600 avant JC. Les travaux de ces fouilles ont amené les archéologues jusqu’à nos jours, il n’y en a donc pas eu. Il y a eu de nouvelles découvertes intéressantes dans la zone du « complexe civique » en dehors de celles déjà visibles.
Le fait que Pella ait joué un rôle essentiel dans la naissance du christianisme est indéniable pour les chercheurs. Nous avons reçu des preuves substantielles qu’une population chrétienne continue vivait dans cette ville, qu’elle avait des évêques et plusieurs églises très anciennes dont les restes nous sont parvenus.
Mais ce que personne ne trouvera peut-être pas dans les livres d’histoire, c’est la relation particulière que Jésus et ses disciples immédiats vivaient avec cette population. Si nous nous tournons vers Le Livre d’Urantia, Pella est mentionnée comme le lieu authentique où Jean a baptisé Jésus (LU 135:8.3), et non les gués du Jourdain au sud ou au nord qui sont actuellement proposés aux touristes. Près de Pella Jésus a passé cette période d’isolement pendant quarante jours (LU 134:7.7), et non dans le désert de Judée, qui est beaucoup plus au sud. Le premier endroit où Jésus et ses disciples s’arrêtèrent quelque temps pour commencer leur prédication publique fut aux environs de Pella, là où Jean avait campé. En réalité, Pella est devenue, bien plus que Capharnaüm, le véritable centre d’opérations de l’activité missionnaire de Jésus (LU 163:5.1 ), accueillant un camp d’environ cinq mille personnes, une authentique ville de tentes entièrement organisée (LU 141:1.2). Pella est l’endroit où Jésus a prononcé certains de ses discours les plus mémorables (LU 170:0.1), c’est là que les apôtres ont fui et ont pris refuge de Jérusalem lorsque les troupes romaines ont envahi le pays dans les années 1960 (LU 176:1.5), et enfin le lieu où fut écrit l’évangile selon Matthieu (< /a>LU 121:8.7). Toutes ces informations expliquent très bien pourquoi ce lieu est devenu au fil du temps un centre chrétien de grande importance.
Il est curieux de constater qu’au final, le lieu potentiellement le plus propice au tourisme religieux n’est devenu qu’un amas de ruines, au profit d’autres lieux plus douteux.