© 1999 Jean-Claude Romeuf
© 1999 Association Francophone des Lecteurs du Livre d'Urantia
« Pour la science, Dieu est une cause, pour la philosophie, il est une idée et, pour la religion, il est une personne,… » LU 1:6.2
A — niveau humain des réalités cosmiques ou domaine des faits. On peut considérer comme « fait » tout ce qui existe, tout ce qui arrive, tout ce qui est mis en action : les choses, les êtres, les événements sont des faits. Leur analyse subjective par le mental est l’étoffe des significations.
C’est pourquoi les faits sont les pierres de taille rendant possible l’édification de la sagesse (LU 111:6.6). Ils sont la matière de base à partir de laquelle le mental construit sa maturité, car, dépourvus de significations ils ne sont qu’un état d’existence statique dans lequel la notion de croissance évolutive fait défaut : le minéral, la plante, l’homme, Jupiter et Mercure sont des faits. En tant que tels, ils font partie du domaine de la science et peuvent être analysés avec méthode. Les faits s’enchaînent selon des lois que la curiosité scientifique se force à découvrir et à utiliser par la technique : le vent qui souffle fait naître les moulins.
Les faits, qu’ils soient soumis ou non à l’appréciation du mental peuvent, de par leur réalité intrinsèque, exprimer la perfection sur le niveau qui leur est conféré : le diamant comme la goutte d’eau naissante satisfont à la pureté minérale théorique et idéale du monde terrestre ; de la même manière, Dieu est l’être parfait absolu du monde paradisiaque. Chaque niveau de réalité cosmique possède un degré de perfection qui lui est propre, impossible à dépasser mais que les citoyens de l’univers, engagés dans la carrière ascendante, cherchent à atteindre.
Les actes soumis à la loi naturelle sont des faits renouvelés sans cesse: les plantes, les animaux, les hommes, les soleils naissent et meurent. Tout est broyé, digéré par l’argile afin de réapparaître sous une autre forme et perpétuer ainsi le cycle des réactions biochimiques nécessaires à la vie: la poussière née de la cendre retourne à la poussière pour que le cycle vital continue. La résurrection des corps inertes couchés sous la terre n’existe pas. Vue uniquement sous l’angle des faits, la vie humaine prend la couleur du désespoir.
B — niveau humain des réalités mentales ou domaine des significations. On peut appeler « signification » tout fait rendu subjectif par l’analyse du mental. C’est la zone de conflit dans laquelle savoir et connaissances cèdent la place à la pensée pure. Alors que les impératifs de la vie forçaient l’homme à se servir du vent pour fabriquer des moulins, maintenant, dans les moulins vont naître les Don Quichotte, protagonistes d’un monde nouveau.
Ce niveau, dominé par la soif de vérité, de beauté, de bonté, est celui du développement de la sagesse permettant à l’être contemplatif du monde intelligible des faits de devenir philosophe, artiste ou philanthrope et de tenter de comprendre les significations de l’univers.
La vérité philosophique suppose que le philosophe soit capable de prendre ses distances vis à vis de soi pour réfléchir sur soi et le milieu où il vit.
L’artiste reste toujours insatisfait de sa condition humaine. L’art n’est pas le miroir dans lequel se projette l’image réelle ou déformée du monde. L’appréciation de la beauté est changeante et grandit comme celle de la vérité. Alors que la musique et la poésie peuvent amener les sens aux frontières de l’infini, le peintre veut donner une âme à un paysage ou transformer un visage en paysage.
Tout être nourrissant des idées philanthropiques a, lui aussi, l’ambition de rehausser le monde.
Tôt ou tard, la poursuite d’un idéal amène indubitablement à un sentiment de solitude et d’isolement. On prend conscience de l’insuffisance de sa pensée. Dieu n’est-il pas alors la Cause originelle des faits? N’y-a-t-il pas une possibilité de s’échapper de la prison terrestre?
Ce sont des significations que dépendent les progrès accomplis. Ainsi petit à petit, de concept en concept, de découverte en découverte, de bienfait social en œuvre humanitaire, le monde entier fait son petit bonhomme de chemin, il évolue, il grandit, il progresse: il trace une ligne droite dans l’âge actuel du Suprême.
C — niveau humain des réalités spirituelles ou domaine des valeurs. La condition essentielle pour que les significations acquises tout au long de la vie deviennent éternelles et ainsi se mutent en « valeurs » consiste à ce que l’être entier fasse le choix de survivre éternellement.
Pour beaucoup, Dieu n’existe pas car il ne permettrait pas les désolations que l’homme doit subir sur terre ; c’est vrai, vu de cette manière, il faut être fou pour croire en Dieu. Mais, la connaissance de Dieu n’est pas forcément uniquement intellectuelle. Dieu ne peut être prouvé par la science et pour la raison philosophique il reste du domaine de l’idée probable.
Dieu peut être aimé. Il faut pour cela qu’il soit une personne. C’est seulement dans une relation personnelle que l’homme trouve en Lui un ami bienveillant. On peut dire alors que l’homme devient véritablement religieux car la véritable religion trouve sa plénitude dans une relation intime entre l’homme et la personnalité de son Créateur.
On peut appeler « valeur » tout ce qui survit à la mort naturelle et qui présente un intérêt spirituel dans l’expérience progressive et éternelle d’un ascendeur humain.
Il y a des valeurs innées qui sont un don du Père Eternel :
Il y a aussi des valeurs acquises qui ne sont autres que les significations spiritualisées pendant la vie (les trésors amassés sur terre) et qui seront confiées à la garde séraphique jusqu’à la résurrection. Ces valeurs de Suprématie, issues du bien, de la vérité et de la beauté participent à la croissance de l’âme et ont tendance à se confondre et à s’unifier le long des âges en une qualité d’amour appelée « divinité».
Jean-Claude Romeuf