© 2004 Jean-Claude Romeuf
© 2004 Association Francophone des Lecteurs du Livre d'Urantia
Le grand défi | Le Lien Urantien — Numéro 30 — Été 2004 — Table des matières | De la matière à l'Esprit en passant par le mental |
La beauté suprême, le summum de l’art fini, est l’épopée de l’unification de l’immensité des extrêmes cosmiques, le Créateur et la créature.
La beauté est absolue et divine. Le Paradis est l’archétype physique des formes matérielles de la beauté.
Elle est un attribut des êtres pourvus de personnalité. Elle est alors à l’image de Dieu, le Père de la personnalité.
Ces deux origines font de la beauté une qualité omniprésente. Elle n’est limitée ni par l’espace, ni par le temps. Elle est la quintessence des choses, des animaux et des personnes. Elle décroît en splendeur à mesure qu’on s’éloigne de l’Ile Centrale mais garde la douceur de son origine. Dans le Suprême, elle devient expérience et participe à l’aboutissement de l’Etre Suprême.
La beauté est un don du ciel quand elle est perçue par les sens matériels. Elle est alors facile à reconnaître: qui a-t-il de plus beau qu’un coucher de soleil, une mer berçant un matin de printemps, une nuit parsemée d’étoiles dans un parfum de terre mouillée ?
Mais la beauté est aussi sujette à l’expérience et à la culture. Elle reste cachée pour celui qui va vite, pour celui qui ne développe pas ses facultés de curiosité, ses talents artistiques, ses recherches intellectuelles, son désir d’aller toujours plus haut.
Alors que le scientifique peut la trouver parfaite dans une molécule d’ADN ou dans une formule mathématique, il est rare qu’un artiste considère son œuvre achevée. Il y a toujours une touche finale à mettre sur la toile, un accord à glisser dans une mélodie, une fleur à mettre dans un bouquet. Copier à l’identique sur son chevalet la représentation physique d’une chose, c’est trahir la nature de cette chose, car celle-ci porte en elle l’harmonie des hautes sphères qui a la saveur originelle des univers. C’est la divinité sublimée dans chaque objet, dans chaque être représentés qui fait le chef d’œuvre. Le chef d’æuvre ne naît pas du hasard. Il n’est pas le résultat du désoeuvrement, d’un passe- temps ! Quand l’amour qu’on a en soi ne trouve pas la possibilité de s’exprimer, il devient un torrent de montagne débordant de son lit. C’est ce bouillonnement d’amour qui concrétise l’œuvre d’art. Tous les artistes sont des amoureux.
Il est possible de concevoir la beauté associée à la vérité sans l’intervention de la personnalité. La vérité épure la beauté, car la vérité aime la simplicité, elle repousse les fards et tout ce qui la masque. La vérité débarrasse la beauté de tout superflu, de toutes fioritures. Elle lui donne la pureté et le chant du cristal. Quatre mots suffisent à un poème, trois coups de crayon à un dessin. Le véritable artiste cherche d’abord à faire du vrai, le beau se pose dans son œuvre par surcroît comme un don.
A l’inverse de ses deux compagnes, la bonté est toujours personnelle et reste un attribut du monde spirituel. Lorsque les trois se coordonnent dans l’expérience d’un être humain doué de sagesse, il en résulte un désir croissant d’amour qui stabilise la personnalité en la dotant d’une conscience cosmique accrue. C’est alors que l’art devient la porte ouverte des étoiles, le mariage de la terre et du ciel, le baiser de l’homme à son Créateur.
Un faisceau de lumière part de la terre ; franchissant la voûte céleste, il trace le chemin de la liberté.
Jean-Claude Romeuf
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