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Le Lien Urantien — Numéro 30 — Été 2004 — Contenu | Le Lien Urantien — Numéro 30 — Été 2004 — Table des matières | La beauté |
Il n’y a pas pire cécité que celui qui ne veut pas voir.
Existe-t-il au monde un aveugle assez sot pour refuser de « voir » s’il en a le pouvoir? Ou bien encore un sot assez aveugle pour vivre dans le noir quand tout n’est que lumière ?
Pour tout être sensé, le refus de lumière peut paraître folie !
Car maintenir la nuit et foncer dans le noir, c’est renier la vie, et refuser l’espoir.
C’est aussi taire aux yeux les portes de son âme, c’est ignorer le jour qui baigne le matin, c’est mourir à l’amour qui s’offre au lendemain.
L’homme dans son immense orgueil préfère rester aveugle.
Si de surcroît il voulait bien ouvrir un œil, il commencerait à voir, il y aurait de l’espoir. Au Royaume des aveugles les borgnes ne sont-ils rois ?
Mais en folie, pas de répit! La peur, le doute, le froid, le mal font le chemin du quotidien sans rien changer aux habitudes. A cela on ne peut rien!
Observons-le ce fourbe qui courbe l’échine, et penche la tête aux mirages envoûtants des pseudo-libertés.
Dans sa perversité, il ose même parfois déclarer la primauté de son unicité.
Quelle immense folie, quel manque de sagesse !
L’homme ne le sait pas, mais son pire ennemi n’est autre que lui-même!
Et voilà l’insensé, qui balade sa vie, naturellement doté d’un don de « double vue » qu’il ne peut percevoir tant il est obstiné.
Croire en la lumière c’est croire en l’invisible. L’homme est ainsi fait qu’il a du mal à croire en sa propre éternité.
A l’instar de Rûmi, il me fait penser à l’enfant dans le ventre de sa mère qui baigne dans le sang et dans l’obscurité; il s’y trouve si bien qu’il ne voudrait rien changer. Quand bien même on lui raconterait le spectacle extérieur des montagnes et du ciel, la grandeur de la mer, les senteurs incroyables, les panoramas de beauté qui l’attendent dehors, accepterait-il pour autant de quitter ce cocon et de sortir de luimême? J’en doute.
Ainsi en va-t-il de nous autres.
Si pour beaucoup l’aventure c’est l’illusion, les sites restreints de la médiocrité de l’égoïsme et de la vanité, il existe pourtant derrière le mur des apparences matérielles, la divine promesse d’un univers rempli de maisons de lumières, de joies et d’amour.
Alors acceptons l’accouchement!
Mais il est difficile de se vouer à l’éternité et lui faire confiance quand on ne peut se faire confiance à soi-même !
Acceptons dès lors de mourir à ce que nous sommes aujourd’hui, pour renaître aux vertus retrouvées d’une confiance perdue.
Sur un terrain en friche, on ne fait rien pousser .Il nous faut sans cesse élaguer, arracher les herbes mauvaises, et les mortes racines de nos vies endormies. Il nous faut tout lâcher et laver ce passé encombré de peurs stériles, d’habitudes serviles.
C’est un travail du quotidien, une croissance sans fin, un chemin de souffrances et de joies réunies.
Ce travail amène à un état de conscience exceptionnel très proche de la réalité universelle.
Aussi ne se fait-il sans une foi véritable. Mais attention, la croyance n’est pas la foi !
D’ailleurs on ne choisit pas la foi, c’est la foi qui vous choisit(1) et vous révèle au fait indubitable que le Père n’est qu’amour et que de fait l’on est véritablement « AIME ».Chacun de nous est unique et constamment aimé dans cette unicité.
Comprendrons nous un jour combien il est si important pour l’homme de se savoir ainsi « aimé » ? Que c’est la base conditionnelle pour changer le panorama d’une vie obscurcie par le doute et les pollutions de l’esprit.
Imaginons un instant notre vie guidée par le seul ressenti de cet intense amour du Père et nous pourrons constater combien tout peut changer d’un coup !
— Mais l’amour ne se commande pas, c’est l’amour qui vous commande.
Car « l’expérience d’aimer est dans une grande mesure une réponse directe à l’expérience d’être aimé ». (LU 2:5.8)
Le Père, par cet exceptionnel don généreux nous montre là que nous ne sommes pas isolés dans un univers hostile, mais bien au contraire que nous appartenons déjà à la grande famille de l’amour Universel. A nous de saisir l’invisible message, cet accent d’intemporalité mesuré.
Et lorsque l’amour nous appelle, il faut être prêt, ne pas lui résister et se laisser guider par ses divines directives.
Sachons dès lors, nous montrer dignes de lui et vivre par lui notre foi vivante dans les meilleures expressions de notre vie courante.
Lorsqu’un individu commence à connaître Dieu, à aller vers lui, il ressent comme conséquence naturelle de son évolution spirituelle, l’intense besoin d’exprimer sa foi devenue vivante dans l’expression sincère d’aimer ses frères. Il contribue au bien-être général en redistribuant ses acquis.
Expérimenter devient alors un leitmotiv quasi obsessionnel.
Dans cette expérimentation, certains plus réceptifs que d’autres franchissent promptement la délicate frontière où l’individu parvient à se réaliser « tout entier », dans l’expression naturelle d’un amour fraternel au quotidien et les fruits de l’esprit qui en découlent.
Ils ne vivent plus l’amour, ils sont l’amour vivant !
Par leur nature glorifiée, ces maîtres sacrés de « l’expérience totale » deviennent des phares aux lumières d’espoir, des guides spirituels qui nous montrent dans leurs récits le chemin du possible et du réalisable.
Mais pour enviable que soit cet « état de grâce » que la plupart de nous recherchons comme l’aboutissement rêvé d’une vie réussie, l’or transmuté des alchimistes, cet état nécessite un tel oubli de soi, un tel désir de faire sincèrement la volonté du Père que bien peu de personnes parviennent à le réaliser durant ce passage sur terre.
— Ici l’expression : « Beaucoup d’appelés, peu d’élus »- semble prendre sa pleine signification!
En réalité, nous savons fort bien que la réalisation « du soi » est un processus très long et fort pénible .Qu’il passe par d’intenses moments de bonheur mais aussi de « nigredo » où périodes noires que peu d’entre nous sont capable d’assumer .Que ce processus reste très dépendant de beaucoup de facteurs dont le premier est le potentiel de réceptivité à « l’appel » et la qualité de la réponse que nous lui donnons.
Dans tous les cas et à quelque niveau que ce soit, il reste toujours à la mesure de celui qui le réalise.
La situation se résume fort bien comme ceci : Beaucoup comprennent le message, peu le ressentent, encore moins le réalisent.
Mais voulons-nous vraiment et sincèrement accepter de faire la volonté du Père ? Beaucoup essayent et réessayent …mais en vain!
Si la grande majorité reste cloîtrée dans la douleur du non faire, c’est que le chemin reste long, très difficile et semé d’embûches. N’oublions pas que la vie est remplie de compromis délicats et qu’une des grandes difficultés de l’homme réside dans le fait d’accorder ses idéaux de vies à ses réalisations effectives.
Alors, la tendance au découragement et à l’introspection néfaste est grande. Le recours à certaines méthodes dites « pratiques » apparaît soudain une nécessité absolue.
Mais par pitié ne succombons pas à la tentation puérile de nous trouver une quel- conque méthode infaillible et idéale afin de parvenir à nous réaliser.
L’homme dans sa fainéantise adore les raccourcis, les méthodes faciles, les trucs dérisoires et les astuces illusoires. Que voilà un piège réducteur ! Ce recours restera toujours le refuge des faibles.
Aujourd’hui, je le dis tout net : De méthode il n’y a point que celle de notre cœur.
En chacun de nous réside le secret du chemin, il s’appelle Ajusteur.
Ce temple divin qu’est le corps abrite et protège en son sein un grand bijou sacré, une pierre de sagesse d’une extrême pureté que l’on nomme ici-basdéité.
Ce sont des dons particuliers de Dieu pour chaque individu, des associés uniques, des voix de sagesse infinie qui nous aiment et nous aident réellement à orienter nos vies dans les bonnes directions. Ces talentueux conseillers spirituels sont la référence pour toutes les âmes en appel.
Par leur présence unifiante, ils apportent joie et réconfort à tous les affligés, ils aident les égarés…
Ils sont la « présence totale », cet accent de vérité absolue qui nous ouvre la voie vers l’infini en perspective.
Par eux et en eux se tisse le lien indissoluble qui nous relie à la déité et donc à la possibilité de parler à Dieu en face à face.
Et si nous écoutons leurs conseils avisés nous sommes assurés de nous réaliser dans les plus belles actions de notre vie quotidienne.
Mais quelle chance nous avons d’être ainsi habités !
Alors à quoi bon rechercher aussi loin dans la vie, un trésor que l’on presse déjà en son cœur.
Le fait important qu’un fragment de déité nous honore de sa divine présence invisible fut certainement la plus grande révélation jamais accordée aux hommes. Soyons en fiers et remercions le père.
Chacun a le devoir, selon sa force et sa propre volonté de trouver, seul, sans autre aide que lui-même, ce merveilleux guide spirituel caché en nous pour mieux le révéler aux autres.
Existe-t-il plus belle aventure pour l’homme que celle de braver toutes les difficultés de la vie terrestre pour reconnaître Dieu à travers son Ajusteur et s’associer à lui dans le chemin des larges étendues de l’espace et du temps jusqu’à l’infini ? Je ne crois pas.
Mieux j’affirme aujourd’hui : Il n’y a rien de plus important en ce monde !
D’ailleurs le livre ne finit-il pas ainsi :
« Le grand défi à l’homme moderne consiste à établir de meilleures communi- cations avec le divin Moniteur qui habite le mental humain. La plus grande aventure de l’homme dans la chair est son effort sain et équilibré pour repousser les frontières de la conscience de soi à travers les domaines imprécis de la conscience embryonnaire de l’âme, dans un effort sincère pour atteindre la région frontière de la conscience de l’esprit-le contact avec la divine présence. Une telle expérience constitue la conscience de Dieu, c’est une expérience qui confirme puissamment la vérité préexistante de l’expérience religieuse consistant à connaitre Dieu. » LU 196:3.34
Que dire de plus !
De méthode secrète, il n’y a point. A nous de jouer désormais.
« Et même cette foi qui sauve, vous ne l’avez pas par vous-mêmes ; elle aussi est un don de Dieu ». LU 143:2.7
Patrick Beaupré
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