© 2006 Jean-Claude Romeuf
© 2006 Association Francophone des Lecteurs du Livre d'Urantia
Il a fallu des millions et des millions d’années d’évolution, pour obtenir une créature aussi belle que moi! Je ne suis pas parfait, je le sais, mais j’y travaille! Depuis que les Porteurs de Vie ont fait le væu de ne plus interférer sur le cours de l’évolution organique de ma planète, je suis responsable de ma destinée. En ce début du siècle, il me semble que je suis en train de prendre conscience que ma destinée et celle de l’humanité tout entière se trouvent entre mes mains !
Pour cela, je suis aidé par une foule d’êtres supra humains, que je remercie au passage, mais je suis le seul capitaine de mon bateau, c’est moi qui ai les commandes! J’ai le pouvoir de me détruire et de tuer mon semblable. Ma liberté en ce sens, a toutefois des limites. J’ai la faculté à titre personnel d’interrompre ma vie physique, mentale et spirituelle, à tout moment de mon existence. Heureusement pour mes concitoyens, si je peux leur ôter la vie terrestre d’un simple coup de hache ou de revolver, il m’est impossible d’interrompre le cours de leur évolution mentale et spirituelle dans l’au-delà. Là, se trouvent les restrictions de mon libre arbitre. Ne doutez pas une seconde que si j’avais eu ce pouvoir et cette liberté, je les aurais employés par le passé. Faire souffrir quelqu’un, puis le tuer et puis en fin de compte, lui ôter la vie éternelle, ne serait-ce pas la fin des fins de la jouissance sadique ? Faire exploser la terre, quelle joie ce serait aussi! mais là, c’est un autre problème, peut-être que, dans quelques décennies…
Si je devais vous conter mon histoire, il me faudrait aller bien loin dans le passé. Il vous faudrait comprendre, que c’est toujours le Mental qui précède la Vie, un mental supérieur au mien et auquel pourtant, mon mental ressemble. Quelqu’un a décidé pour moi que je vivrai et m’a en même temps donné la liberté d’interrompre le cours de mon existence.
Vous raconter mon histoire, c’est en fin de compte répondre aux questions existentielles « Que suis-je?» et au célèbre « Qui suis-je ?», questions auxquelles j’aurai l’éternité pour en faire le tour, et qui pour l’instant me posent tant de problèmes.
Par un beau jour du mois de mai, des algues, ou du moins un certain plasma, furent déposées par des porteurs, dans des eaux salines peu profondes. Des cellules végétales commencèrent à se développer et à former des organismes végétaux qui se multiplièrent et se différencièrent entre eux. Quelques millions d’années plus tard, au mois d’août, la première cellule animale apparût par mutation. Si mon intuition et mon raisonnement sont justes, cette première cellule animale devait être, ce que les savants de notre époque appellent, une cellule souche embryonnaire. Grâce à cette petite cellule, à la fois si modeste et si puissante en capacité d’actualisation, des organismes animaux allaient pouvoir se multiplier, devenir de plus en plus complexes et finalement, mes premiers grands parents virent le jour en septembre, il y a à peine un million d’années.
Ce qui reste le plus difficile à comprendre, c’est la venue, l’usage et l’utilité du mental. Grâce au mental, aujourd’hui je suis capable de fabriquer des robots mécaniques les plus perfectionnés qui soient: ça roule de plus en plus vite, il suffit d’ajouter du carburant, de mettre son clignotant et d’appuyer sur une pédale.
Or, si quelqu’un m’observait débarrassé de mes facultés d’émettre des idées et de ressentir des émotions, je ne serais moi aussi, qu’un automate organique d’une extrême complexité, capable peut être de se mouvoir, mais dépourvu de vie consciente. C’est ma Mère, la Divine Ministre, qui m’insuffla la Vie et qui l’entretient encore en moi. Grâce à elle, je suis capable en ce moment, de penser et d’écrire.
Pour se développer et entretenir des organismes vivants, la matière vivante fait appel à deux sortes de mental :
Au début de l’évolution, le mental machinal, ne sert qu’à entretenir les phénomènes électrochimiques des corps primitifs matériels. Les êtres réagissent aux stimuli extérieurs : certaines fleurs s’ouvrent le jour et se ferment la nuit, par exemple. J’ai hérité de ce mental ; sans le mental machinal ou non enseignable, toutes les fonctions végétatives de ma vie animale n’existeraient pas. C’est lui qui dirige ma respiration, ma circulation sanguine, la digestion de mes aliments, etc. Mon mental machinal est sous la dépendance de mon système nerveux végétatif. Il n’est pas utile à mon système de pensée, mais il fait de mon corps (sans lequel je ne serais rien), la machine la plus perfectionnée du monde !
Lorsqu’un être vivant devient capable d’agir sur le milieu extérieur, au lieu de réagir avec automatisme aux stimuli sans rien faire d’autre, il commence à penser et devient autre chose qu’une machine. « Si je me mets sous cette pierre », pense le scorpion, « le soleil ne me brûlera pas »: l’esprit d’intuition est alors capable d’établir un contact avec le mental machinal. J’agis de la même manière : les fantasmes érotiques, les émotions conscientes peuvent accélérer les battements de mon cœur. Les sentiments que j’éprouve sont le fait du ministère Maternel des esprits mentaux adjuvats. Par eux, j’ai la possibilité d’exprimer ma volonté. En tant qu’homme, je suis même capable de reconnaître l’existence d’une force beaucoup plus grande que la mienne qui exalte mes émotions jusqu’à l’adoration! Je peux maintenant profiter de l’expérience avec sagesse !
Malgré tout ce qu’on peut en dire, les esprits mentaux adjuvats ne sont que des circuits par lesquels le mental matériel est distribué aux créatures intelligentes. Je ne les adorerai pas, je ne leur parlerai pas, je ne leur rendrai pas un culte! Au risque de me fâcher avec tout le monde, je déclare, comme le Livre d’Urantia d’ailleurs, à LU 36:5.16, que les cinq premiers n’entraînent pas de répercussion chez l’Etre Suprême, ce qui veut dire que pour lui comme pour moi, ce qui a de la valeur et qui profite à sa croissance personnelle comme à la mienne, c’est le mental spiritualisé, non animal, propre à l’homme ainsi qu’à toutes les créatures célestes douées de personnalité.
Je ne sais pas exactement, à quel âge j’ai reçu du Père Eternel, le don de personnalité, mais j’ai la certitude que déjà, les cinq premiers adjuvats coulaient en moi. Aucun animal doté des cinq premiers adjuvats ne possède la personnalité. Depuis ma tendre enfance, je suis donc autre chose qu’un simple animal !
Tout en étant matériels, les adjuvats d’adoration et de sagesse, m’ont ouvert la porte de l’Esprit. Doté d’une personnalité semblable à celle du Père des univers, je suis capable d’avoir des échanges relationnels d’amitié avec Lui. Grâce aux adjuvats, j’ai profité du ministère des anges et de celui de l’Esprit Saint ; le Dieu du Paradis m’a envoyé une parcelle de luimême pour me montrer le chemin et me conduire jusqu’à lui ! La Vérité de l’Esprit m’a aidé à prendre conscience de mon appartenance à une Fraternité cosmique, miséricordieuse car d’essence divine. La vérité est aussi que je suis un être Eternel, responsable de sa survie !
Mes chers amis terrestres, et vous aussi chers anges, lorsque vous me regardez, faites comme moi : admirez la splendide créature que je suis !
Vous qui êtes déjà au Ciel, vous, toutes les créatures célestes supérieures à moi, admirez en moi, l’œuvre magnifique de notre Père commun, le Dieu Universel !
Admirez et protégez en même temps, le petit être que je suis, se débattant dans les incertitudes de ma planète. Admirez-moi, moi qui combats sans cesse pour obtenir mon pain quotidien, c’est à dire ma nourriture physique, mentale et spirituelle, au milieu des misères de la vie planétaire et du mal apparent. Je ne cèderai jamais au désespoir et à la destruction, car je sais que là-haut, vous m’attendez et me tendez la main! Je sais qu’un jour, je confierai les clefs de mon bateau à mon copilote, l’ange gardien, et qu’il me fera accoster sans heurts sur les rives de la mer de cristal, exactement à l’endroit où vous m’attendez. Je sais que là-haut réside mon Espérance. Je sais que là-haut, l’Amour m’attend au milieu de vous!
Jean-Claude Romeuf