© 2006 Jean Royer
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Les premiers chrétiens n’ont guère cherché à élucider les relations du Père, du Fils et de l’Esprit. Tertullien (150-225) est peut-être le premier à utiliser le terme Trinité. « Dieu est une seule substance en trois personnes cohérentes et inséparables. »
La formule utilisée par Jésus et que l’on trouve dans l’évangile de Jean: « Moi et le Père sommes un. » (Jean 10.30) va même laisser croire qu’il y a identité entre le Père et le Christ. C’est le cas des Patripassiens qui pensaient que le Père lui-même s’était incarné et avait souffert sur la croix.
Pour Tertullien pourtant cette formule signifiait unité de substance et non singularité de nombre. L’affaire va prendre de l’ampleur avec Arius, disant que Fils était la première création du Père, et amener jusqu’au Concile de Nicée en 325 ou Athanase va faire condamner pour la deuxième fois la position d’Arius et affirmer que le Logos (le Christ) était de la même substance que le Père. Contrairement à ce qu’espérait Constantin n’était pas la fin de la controverse; Arius et de nombreux évêques poursuivirent leur argumentation, gagnèrent même l’empereur Constantius II à leur cause et Athanase fut déposé cinq fois de son poste d’évêque.
Cet Athanase est celui qui est mentionné dans le Livre d’Urantia et dont il est dit qu’il « se dressa si courageusement à Nicée et mit l’assemblée au défi avec tant d’intrépidité que le concile n’osa pas obscurcir le concept de la nature de Jésus au point de risquer de faire perdre au monde la vérité concernant son effusion. Ce Grec s’appelait Athanase. Sans l’éloquence et la logique de ce croyant, les opinions per- suasives d’Arius auraient triomphé. » LU 195:0.18
Mais en fait, à Nicée c’est encore la relation Père-Fils qui prévaut, même si le Saint-Esprit est mentionné il n’apparaît que vaguement, en bout de phrase et sans être qualifié, contrairement au Fils.
C’est le premier concile de Constantinople, en 381, qui proclame l’égale divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Les choses ne pouvaient s’arrêter là, car pour tous se posaient des questions insolubles du fait que le Logos était considéré comme la deuxième personne de la Trinité. Les questions les plus farfelues et les plus irritantes faisaient apparaître Jésus comme étant son propre fils et l’incarnation d’un être éternel mourant sur la croix ne simplifiait pas le problème.
Tout naturellement, les théologiens approfondissant leur connaissance, on en vint à se demander quel était le rôle de Marie, mère de Jésus, et le concile d’Ephèse, en 431, trancha la question dite du « Theotokos », elle fut donc décrétée Mère de Dieu.
Plus anecdotique peut-être, certains gnostiques allèrent même jusqu’à présenter la Trinité à Mahomet comme étant le Père, le Logos et… Marie. On comprend que le prophète d’Allah ait rejeté comme impie la notion de Trinité.
Le problème trinitaire ainsi posé s’est maintenu jusqu’à nos jours et c’est pourquoi on trouve, en particulier aux EtatsUnis des Eglises Unitariennes qui nient la Trinité. Un simple coup d’œil sur la toile vous montrera la vigueur des antitrinitariens à notre époque. Il montrera aussi l’embarras des chrétiens trinitaires qui n’ont d’autre solution que de reconnaître dans la trinité, un grand mystère.
Les lecteurs du Livre d’Urantia ont la chance inouïe de pouvoir dépasser ces confrontations en remarquant que la deuxième personne de la Trinité n’est pas Jésus mais bien le Fils Eternel.
Finis les problèmes d’antécédent et de coéternité du Fils incarné, fini, ou presque, le Theotokos.
Il ne nous reste plus qu’à examiner les rapports du Père, du Fils et de l’Esprit dans l’éternité et dans les rapports de la Trinité du Paradis avec la Triunité et avec les Trinités Ultime et Absolue. Mais là, oui, nous sommes aussi devant un grand mystère.
Jean Royer
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