© 2003 Jeanmarie Chaise
© 2003 Association Francophone des Lecteurs du Livre d'Urantia
Le Lien Urantien — Numéro 26 — Été 2003 — Contenu | Le Lien Urantien — Numéro 26 — Été 2003 — Table des matières | Petite théorie personnelle sur la preuve de l'existence de Dieu |
RACCOURCIR LE TEMPS ?
Le Livre d’Urantia nous apprend qu’au Paradis ni le temps ni l’espace n’existent. (LU 0:1.13) D’autre part, nous éprouvons que dans les univers habités tels que le nôtre, le temps et l’espace sont inenvisageables l’un sans l’autre. C’est ce que l’on peut sans aucun doute appeler la transcendance du temps et de l’espace. Cette double transcendance du temps et de l’espace au Paradis a donc pour corollaire la double immanence du temps et de l’espace dans les univers extérieurs au Paradis. Dieu n’a besoin ni du temps ni de l’espace, tandis que l’homme ne peut se passer ni de l’un ni de l’autre. Il semble qu’il en soit de même dans tous les univers de l’espace et du temps et depuis la terre jusqu’à Havona et jusqu’aux sept sphères du Père. Partout, le temps est le temps, l’espace est l’espace, agrémentés l’un et l’autre de mesures spatiales et temporelles, ce qui occupe bien les Chronoldeks, les Frandalanks et autres Importances du temps.
Ceci posé, nous pouvons remarquer que le Livre d’Urantia ne nous parle nulle part d’un raccourcissement quelconque, soit du temps soit de l’espace, hormis la respiration cosmique, ce qui contrarie toutes nos approches d’une estimation temporelle adéquate de notre environnement sur les longues distances. Il nous est enseigné que « Tout en révélant beaucoup de mouvements relatifs et absolus dans l’espace, les rapports actuels de votre soleil et de ses planètes associées tendent à produire sur vos astronomes observateurs l’impression que vous êtes comparativement stationnaires dans l’espace, et que les amas et courants d’étoiles qui vous entourent sont lancés dans une fuite vers l’extérieur à des vitesses toujours croissantes à mesure que vos calculs atteignent des espaces plus éloignés. Mais tel n’est pas le cas. Vous omettez de reconnaître que les créations physiques de tout l’espace pénétré sont présentement en expansion uniforme vers l’extérieur. Votre propre création locale (Nébadon) participe à ce mouvement d’expansion universelle. La totalité des sept superunivers participe aux cycles de deux milliards d’années de respiration de l’espace, ainsi que les régions extérieures du maître univers. » (LU 12:4.12) Et l’on nous dit encore : « Le fait que la respiration de l’espace soit totale détruit sa valeur locale comme source de temps. » (LU 12:5.1)
Ainsi le temps, à l’instar de l’espace, ne semble pas pouvoir être raccourci. Pourtant il nous est dit par ailleurs: « À mesure que la personnalité poursuit son chemin vers une conscience plus élevée et plus intérieure jusqu’aux niveaux transcendantaux de ressemblance avec la Déité, le concept d’espace-temps se rapprochera toujours davantage des concepts dépourvus de temps et d’espace des Absolus. Relativement, et selon leurs accomplissements transcendantaux, les enfants de la destinée ultime devront percevoir ces concepts du niveau absolu. » (LU 146:2.11) Il y a là un mystère épais que nous aurons donc à résoudre durant notre durable ascension vers le Père. Nous ne le résoudrons donc pas ici. Cependant, puisque toutes ces choses nous sont divulguées si scrupuleusement, et puisque nous nous posons cette question récurrente du raccourcissement du temps, c’est sans doute qu’il nous est proposé d’y réfléchir dès maintenant. Dans ce cas, réfléchissons, car il semble que le temps est d’importance dès notre vie actuelle : « Le temps est ‘le talent ’ confié à tous les êtres intelligents. » (LU 28:6.9) La question est posée : Qu’en est-il du temps ?
Lorsque l’homme se pose une question, et quelque soit cette question, il tend d’abord à la résoudre par ce qui lui a été enseigné, par ce qu’il sait déjà ou par ce qu’il pense trouver au cours de ses recherches à base d’hypothèses, c’est-à-dire par la science de son temps. C’est ainsi qu’à propos du temps et de l’espace, sa tendance première est de comparer les cycles qu’il connaît pour les avoir mesurés. Or il faut comparer ce qui est comparable; et si le Livre d’Urantia se livre à de telles comparaisons, c’est que ses auteurs estiment les séquences de temps dont ils nous parlent comme étant de même nature. A l’intérieur du temps, seules les durées diffèrent, comme à l’intérieur de l’espace, seuls les volumes diffèrent. Ainsi, le Livre d’Urantia nous apprend que les cycles temporels dans les univers et jusqu’au Paradis, sont organisés partout de la même manière. Dans notre système l’année de Satania est de 100 jours de Jérusem, sa planète siège ; dans notre univers l’année de Nébadon est de 100 jours de Salvington, sa planète capitale ; dans notre superunivers l’année d’Orvonton est de 100 jours d’Uversa, son monde siège. On nous apprend par ailleurs que 365 000 jours d’Urantia égalent 1 jour du Paradis. « Mille ans sont comme un jour. » nous disent nos Écritures Saintes ! Qu’est-ce que cela signifie ?
En effet, il nous est dit d’un coté que le Paradis est sans temps, et d’un autre coté qu’un seul jour de ce même Paradis dure trois cent soixante cinq mille de nos journées. Avec de telles affirmations n’attente-t-on pas à notre équilibre mental ? Et si je continue, ne vais-je pas bientôt frôler la schizophrénie ? N’y a-t-il pas là matière à de mûres réflexions possiblement salvatrices ? Qu’en est-il donc du temps lorsque nous arrivons sur les mondes de Havona ? Si nous en croyons les dires du Livre d’Urantia, (et nous y croyons, n’est-ce pas ? Le temps est, ici aussi, de même nature, et par conséquent comparable à celui d’Urantia. En effet, il nous est dit : « Chaque monde de Havona a son propre temps local déterminé par son circuit. Tous les mondes d’un circuit donné ont une année de même longueur, puisqu’ils tournent uniformément autour du Paradis, et la longueur de cette année décroît depuis le circuit le plus extérieur jusqu’au plus intérieur. » (LU 14:1.11) Ces deux phrases nous apprennent deux choses particulières et même intéressantes, sans toutefois changer notre point de vue sur le temps des éléments physiques. Elles révèlent que les circuits de Havona ne tournent pas à la même vitesse les uns que les autres, alors que les planètes à l’intérieur de chaque circuit suivent un même rythme de croisière. Plus un circuit est proche des sept immenses sphères de l’esprit Infini, plus il tourne rapidement. Ainsi leurs vitesses respectives sont proportionnellement augmentées à la fois en fonction de leur proximité du centre, ainsi qu’en fonction d’une autre donnée qui ne nous est pas révélée. Tout ceci est assez étonnant; en effet, examinons cette question avec une roue en bois. Rappelons-nous ces premières roues de nos ancêtres qui équipaient leurs chars antiques. Sur cette roue nous aurons tracé sept cercles concentriques et un rayon les traversant tous. A chaque intersection de ce rayon et des sept cercles nous aurons ainsi l’emplacement de sept points-planètes appartenant respectivement à chacun des circuits de Havona. Faisons tourner la roue. Les sept points se trouvant sur un même rayon, nous constatons que les sept planètes tournent dans le même temps autour du moyeu. Sur notre roue fictivement universel-le, l’année (un tour de roue) d’un monde quelconque de n’importe quel cercle aurait donc la même durée. Mais nous voyons bien que la planète la plus intérieure tourne beaucoup plus lentement. Or, on nous dit que le point qui se trouve le plus intérieurement sur la roue devrait boucler un tour plus rapidement que le point se trouvant sur le deuxième, il faudrait donc que la roue se présente comme un roulement à bille, que dis-je un, plutôt sept roulements concentriques, afin que le plus intérieur puisse tourner plus vite que le second, le second plus vite que le troisième etc. Comme nous le dit le livre d’Urantia « La longueur de cette année décroît depuis le circuit le plus extérieur jusqu’au plus intérieur. » C’est donc que les vitesses sont plus grandes plus on se rapproche du centre. Et lorsque nous considérons l’ensemble gigantesque que constitue Havona, nous pouvons d’autant mieux approcher l’idée de la vitesse impulsée au circuit intérieur. En effet, Si les vitesses sont décroissantes en partant du centre vers la périphérie, il faut voir que le circuit intérieur de Havona est constitué de planètes effectuant leurs rotations excessivement plus vite que le septième, puisqu’entre eux cinq autres vitesses décroissantes s’intercalent. C’est le rapport de ces vitesses respectives qui ne nous est pas divulgué. Et peut-être qu’il y a là un élément pouvant expliquer la notion d’espace et de temps raccourcis entraînés par un artifice hors de notre compréhension. Espace réduit plus vitesses accélérées sont peut être à l’origine de cet effet hypothétique ?
Tout ceci est bien intéressant à savoir, et peut-être que plus nous avancerons vers le centre, plus il nous apparaîtra que cette rotation accélérée est significative d’un changement dans les données temporelles, mais pour l’instant nous sommes encore sur Urantia et nous sommes toujours amené à établir que le temps est comparable d’un bout à l’autre de l’univers des univers à l’exception du « Paradis qui est la seule chose immobile dans l’univers des univers. » (LU 0:4.12) Les durées s’établissent donc partout en fonction des vitesses des éléments considérés dans leurs localisations respectives. Ces vitesses sont également toujours fonction d’un centre; centre de noyau atomique, centre d’un système solaire, centre d’un système local, centre d’une constellation…etc. C’est seulement par rapport à la constante temporelle établie par la Déité que tous les temps standardisés plus ou moins localement peuvent être établis. Notre problème n’en est donc pas pour autant résolu. Il nous faudra trouver autre chose que l’analyse des rotations diverses des éléments physiques pour nous expliquer l’atemporalité et l’aspatialité du Paradis, pourquoi ici le temps ne peut en aucune façon être raccourci, alors qu’au centre de toutes choses le temps peut éternellement ne pas exister. En fait, tout peut se résumer par cette assertion de Jésus, à condition que nous n’attribuions pas au mot « chose » une autre désignation que ce à quoi il fait manifestement allusion. Jésus disait : « Le mouvement du temps ne se révèle que par rapport à une chose qui ne se déplace pas dans l’espace comme un phénomène dépendant du temps. » (LU 130:7.4) Nous avons naturellement idée de ce dont il s’agit, car le Livre d’Urantia nous apprend par ailleurs que la seule chose qui ne se déplace pas dans l’univers des univers, la seule chose immobile n’est autre que l’Île éternelle et stationnaire du Paradis qui est sans temps et sans espace.
Si les temps standards établis ne sont fonction que du centre autour duquel les éléments qui en dépendent évoluent, cela ne justifie pas notre recherche d’un hypothétique raccourcissement du temps ni d’un non moins hypothétique rétrécissement de l’espace. En effet, « Du point de vue pratique (physique — c’est moi qui précise) le mouvement est essentiel pour le temps, mais il n’y a pas d’unité de temps universelle basée sur le mouvement, sauf dans la mesure où le jour standard du Paradis-Havona est reconnu arbitrairement comme tel. » (LU 12:5.1) Il est intéressant de noter ici que dans le jour standard du Paradis semble être inclus également Havona, ce qui signifierait que quelque soient les vitesses de rotation du milliard de mondes de Havona, une journée d’une planète du circuit le plus intérieur est excessivement moins longue qu’une journée des planètes des circuits plus excentrés. Est-ce à dire qu’il y aurait là matière à creuser plus avant sur le thème du raccourcissement du temps ?
Nous n’en sommes pas là, et nous devons jusqu’à plus ample informé considérer que les unités matérielles, petites ou grandes, atomes ou univers, tournoient dans l’espace selon des temps dépendants d’un centre, et leurs architectes respectifs ont organisé leurs espaces de révolutions et ainsi, leurs temps de révolutions, par l’établissement de rapports entre mouvements, c’est-à-dire vitesses de déplacements rotationnels de la matière énergie. C’est pourquoi il nous est dit par ce Perfecteur de Sagesse : « Les relations avec le temps ont besoin du mouvement dans l’espace pour exister », ce que corrobore Jésus en déclarant: « L’univers de l’espace est un phénomène relié au temps quand on l’observe d’une position intérieure quelconque en dehors de la demeure du Paradis. » (LU 130:7.4)
La difficulté à prouver le raccourcissement du temps ou de l’espace n’est donc pas d’ordre physique. L’étude attentive de l’espace et du temps par la science ne révèle rien d’un quelconque raccourcissement de l’un et/ou de l’autre. Il semble que nos savants se battent donc avec des chimères pour prouver ce qui n’est pas révélé par le Livre d’Urantia, à savoir que le temps et l’espace seraient susceptibles d’être raccourcis. Une fois pour toutes, nous devrions comprendre que le temps et l’espace sont les données purement expérientielles de la matérialité. Ils sont les facteurs interdépendants constitutifs du mouvement de l’énergie-matière, ils sont les résultantes conjuguées de l’œuvre des vingt huit mille onze Maîtres Architectes, ce qui leur donne leur caractère essentiellement expérientiel applicable à tout le maître univers. Le temps ne peut donc en aucune manière être existentiel, dans le sens où nos Révélateurs entendent ce concept. Même dans Havona le temps et l’espace sont la part expérientielle des relations existentielles-expérientielles. Nous ne le savons pas, mais nos révélateurs ont leur opinion sur ces sujets ; ils nous disent : « Nous penchons vers l’opinion que les potentiels de l’éternel Havona sont vraiment illimités, que l’univers central a l’éternelle capacité de servir d’univers éducatif expérientiel pour tous les types d’êtres créés, passés, présents et futurs. » (LU 14:6.41)
Havona est la magistrale interface entre l’extérieur expérientiel et l’intérieur existentiel. Il tient du Paradis en ce sens qu’il est subabsolu, et il tient des superunivers en ce sens qu’il est superévolutionnaire, « étant existentiel-expérientiel il est plus proche de l’absonite que tout autre concept révélé aux Urantiens. » (LU 42:10.7) Havona n’est donc ni ABSO-lu ni fi-NITE, il est ABSO-NITE. Or, qu’est-ce qu’être absonite? Selon la terminologie scrupuleuse utilisée par nos Révélateurs, être absonite, c’est « c’est être, tout simplement » (sans connotation du fait d’être manifesté ou pas dans le domaine expérientiel), et les réalités absonites ont une fonction relative impliquée dans l’Ultimité. « (LU 0:1.12) Et comment se manifeste l’Ultime, c’est-à-dire comment se manifeste l’implication des êtres absonites dans l’Ultime ? La réponse est tout entière incluse dans la signification difficile du verbe anglais » to eventuate " qui signifie quelque chose comme : se manifester, ou mieux, apparaître finalement, un peu comme si les êtres absonites étaient des êtres existentiels qui finissent par apparaître selon les volontés de la Déité dans les domaines expérientiels.
Sans doute l’analyse du rôle de Havona est excessivement complexe. Mais nous pouvons néanmoins déterminer qu’il est pour toutes les créatures mortelles ascendantes le lieu où nous aurons à parfaire nos concepts de temps et d’espace afin de parvenir à les transcender et finir par réussir notre accession au Paradis.
Si la difficulté à prouver un raccourcissement du temps et de l’espace n’est pas d’ordre physique, nous pouvons sans doute examiner en quoi elle pourrait être morontielle par l’étude de la mota, cette réflexion plus que superphilosophique. Il nous est dit que sur notre monde comme sur tous les mondes mais aussi sur les mondes insuffisamment évolués comme le nôtre, la mota est remplacée par les Révélations qu’apportent différentes missions au cours des âges évolutionnaires. Or, la Révélation par le Livre d’Urantia est en quelque sorte notre meilleure source motique actuelle, en tous cas la plus récente et la plus étendue, c’est-à-dire conforme à notre évolution présente. C’est donc encore dans le Livre d’Urantia, ce substitut compensatoire à la mota sur notre monde présent, que nous pourrons puiser les concepts utiles à notre recherche. Nous n’avons dans le Livre d’Urantia aucun concept révélé de mota. Néanmoins, nous savons que l’étude de cette véritable métaphysique est appelée à nous permettre d’évoluer dès lors que nous nous trouverons sur le premier monde des maisons. (LU 48:7.1) C’est sur le troisième que nous commencerons vraiment notre culture morontielle. Nous nous y entraînerons et on nous dit que « Cet entraînement a pour but de mieux faire comprendre la corrélation entre la mota morontielle et la logique des mortels. C’est la véritable introduction à la compréhension intelligente des significations cosmiques et des interrelations universelles. » (LU 47:5.3)
C’est donc sur le niveau des concepts, le domaine mental, que nous serons au plus près des réelles questions concernant les significations cosmiques et les interrelations universelles et que nous pourrons y chercher des réponses. Mais nous devons nous pénétrer auparavant de cette réalité qui nous est annoncée : « Le mécanisme divin de l’univers est beaucoup trop parfait pour que les méthodes scientifiques du mental humain fini puissent discerner même une trace de la domination du mental infini. Car ce mental créateur, contrôlant et sustentateur n’est ni un mental matériel ni un mental de créature; il est le mental-esprit fonctionnant sur et depuis les niveaux créateurs de la réalité divine. » (LU 42:11.2) Aussi bien, nous n’aurons pas la prétention de discerner même une trace de la domination du mental infini ; nous tenterons juste de comprendre en quoi consistera vraisemblablement notre étude des réalités cosmiques, espace et temps, à partir de maintenant et jusqu’à la finalité de notre destinée au Paradis. Et si cette étude doit se faire sur le plan mental, il nous faut définir ce en quoi le mental est indispensable pour ce faire. Or, en substance, il nous est dit en page 8.8, que le mental est « le total de l’expérience consciente et inconsciente, l’intelligence associée à la vie émotionnelle s’élevant a niveau de l’esprit par l’adoration et la sagesse. »
Cette définition du mental est lourde de conséquences pour notre étude du temps et de l’espace, car la conscience et l’inconscience de la personnalité sont sujettes à de plus ou moins grandes évaluations des temps et des espaces. Et c’est sans doute dans ces estimations relatives que gît le phénomène de notre présente incompréhension sur ces sujets. Concrétisons tout cela : Les durées de nos activités ne nous semblent pas d’égale valeur, selon que nous les passons à des tâches agréables ou désagréables, préoccupantes ou ennuyeuses. Gageons que pour des vies d’égale durée effective, si nous pouvions nous en abstraire complètement, les durées ressenties par les uns et les autres différeraient grandement. Nous pouvons penser que la part inconsciente de nos estimations va en s’améliorant au fur et à mesure que nous avançons sur la voie de notre ascension vers le Paradis, mais par contre l’estimation de la durée d’une action donnée semble être fortement influencée par la durée de notre existence passée ainsi que, et surtout par notre éternité future d’existence promise. En arrivant sur le premier monde des maisons, deux choses seulement changeront pour nous; nous aurons un nouveau corps et nous connaîtrons de manière certaine qu’une éternité nous est offerte pour progresser vers le Père.
Or la première fracture, si l’on peut dire ainsi, dans nos estimations actuelles des valeurs temporelles et spatiales, se fera nécessairement lorsque nous nous réveillerons sur le premier monde des maisons. Le commun des mortels limite consciemment son existence aux quelques dizaines d’années passées sur terre. Mais qu’en est-il lorsqu’il s’avère qu’une éternité de temps nous est offerte ? Nous ne vivons soudainement plus selon des mêmes critères d’appréciation. Une idée de ce grand changement nous est évoquée dans le Livre d’Urantia à l’occasion du procès de Lucifer. Ainsi, sur terre, nous jugeons fabuleusement longue la procédure de jugement de cette inique personnalité qui commença quelques deux cent mille ans après son forfait. Or nous sommes informés que « Du point de vue d’Uversa, où le litige est en suspens, on peut estimer le délai en disant que la justice a été saisie du crime de Lucifer deux secondes et demie après qu’il fut commis. » (LU 54:5.13) Dans le même paragraphe on nous dit : « Si un mortel urantien à durée de vie moyenne commettait un crime transformant la planète en pandémonium, et s’il était appréhendé, jugé et exécuté dans les deux ou trois jours après son crime, ce délai vous paraîtrait-il long ? Et pourtant, par rapport à la durée de la vie de Lucifer, la comparaison resterait valable même si son jugement présentement commencé ne devait pas se terminer avant cent mille ans du temps d’Urantia. » Une telle attente serait logique selon les juges du superunivers, les Anciens des Jours. Nous voyons bien par là comme sont dissemblables les estimations temporelles entre par exemple les hommes et certaines personnalités universelles. Le temps semble se contracter à mesure que les temps d’existence des personnalités s’accroissent. Ce qui nous semble une éternité ici-bas devient une durée saisissable plus loin en direction du centre des univers.
Le temps est donc relatif aux durées d’existence des personnalités, aux durées passées comme aux durées futures, et il semble qu’il doive donc nous apparaître tel progressivement, au fur et à mesure que nous gravirons les échelons qui nous mènent vers le Père. Le temps n’est pas ce que nous croyons, car il est perpétuellement adapté par les consciences et c’est là le véritable raccourcissement qui nous rapproche d’autant de notre embrassement par la Déité. C’est pourquoi un jour Jésus déclara : « Le temps est le courant du flot des événements temporels perçus consciemment par les créatures. » (LU 130:1.6) La perception consciente est, en effet, toujours différente du rythme inexorable de nos horloges, toujours différente du cycle nycthéméral, toujours de plus en plus différente des durées événementielles de l’active matière-énergie ; en effet, la perception consciente du temps tend à toujours plus se rapprocher du concept d’éternité. Car « La conscience du temps n’a pas besoin du mouvement dans l’espace pour exister. » (LU 12:5.1) De là à prévoir que notre carrière progressive sur la voie idéale sera ponctuée par notre appréciation progressive du raccourcissement du temps, il n’y a qu’une marge à combler constituant l’élément temporel de notre carrière au travers des mondes de l’espace. Mais pour autant que nous parvenions à réduire nos estimations temporelles et spatiales, nous ne parviendrons pas à l’atemporalité avant d’avoir franchi l’interface entre le temps et l’éternité que constitue le milliard de mondes de Havona, entre expérientialité et existentialité.
Jeanmarie Chaise
Le Lien Urantien — Numéro 26 — Été 2003 — Contenu | Le Lien Urantien — Numéro 26 — Été 2003 — Table des matières | Petite théorie personnelle sur la preuve de l'existence de Dieu |