© 2000 Jeanmarie Chaise
© 200 Association Francophone des Lecteurs du Livre d'Urantia
La nature duelle de la Sûprematie | Le Lien Urantien — Numéro 14 — Été 2000 — Table des matières | Le mystère des Maries |
Dans le nº130 de « Réflectivité » plusieurs réponses ont été apportées à la question posée dans le nº 129. Je remercie personnellement de tout mon cœur leurs auteurs. La question posée faisait état de la prière de Jésus pour sauver Judas, exhortant celui-ci à ne pas se lasser de bien agir, et lui disant :
« Je t’ai aimé et j’ai prié pour que tu aimes tes frères. Je t’avertis de te méfier de ceux qui font glisser les hommes sur les sentiers de la flatterie et qui les empoisonnent par les flèches du ridicule. » LU 174:0.2
Mon avis n’était pas que cette prière est en contradiction avec les faits avérés et connus qui s’ensuivirent, je posais seulement la question de « l’apparente contradiction » entre le Verbe et les faits, parce qu’elle est une de celles que posent ceux qui veulent comprendre le message en allant au fond des choses, et n’en sont pas encore à se contenter de la foi toute simple. S’il n’avait tenu qu’à moi, j’aurais sans doute su répondre à cette question, Mais le problème m’a dès l’abord semblé plus complexe et je voulais m’en ouvrir à d’autres. C’est chose faite.
Il n’a pas échappé à François Brunet que la question ainsi posée mettait d’emblée en évidence la double nature Jésus-Micaël. Et, on voit mal, en effet, Jésus priant Micaël de sauver Judas. Mais il s’agit avant tout de Jésus dispensateur d’un amour divin. Or, Jésus, obéissant à sa nature divine ne peut pas ne pas agir comme agit Dieu, par amour. Il a en face de lui une de ses créatures les moins aimantes qui puissent être en ce monde, dont il partage encore pour quelque temps l’existence, en tant qu’être dans la similitude de la chair mortelle. Or, Jésus nous dit par ailleurs: « Moins il y a d’amour dans la nature d’une créature, plus cette créature a besoin d’être aimée et plus l’amour divin cherche à satisfaire ce besoin. » LU 156:5.11. Ainsi Jésus prie pour Judas à sa manière, car pour lui, Judas est à sauver. « Ne commettez pas la faute, nous dit-il encore au § 4 de la même page, d’estimer la valeur d’une âme d’après les imperfections mentales ou les appétits corporels. Ne jugez pas une âme et n’évaluez pas sa destinée sur la base d’un seul épisode humain malheureux. Votre destinée spirituelle n’est condition-née que par vos aspirations et vos desseins spirituels. » LU 156:5.9
En effet, je pense qu’il ne peut pas y avoir d’échec à la suite de cette attitude d’amour et de prière de la part de Jésus, même si Judas ne parvient pas à aimer ses semblables. Cet «épisode humain malheureux » n’entraîne pas nécessairement l’irrémédiable condamnation à laquelle nous sommes portés, nous, humains, dans notre fragile et intempérant aveuglement. Nous ne savons même pas si Judas ne s’est pas amendé déjà sur les mondes des maisons ou s’il n’est pas en train de le faire. Quoiqu’il en soit, on comprend à la lumière de cette immense mansuétude divine combien serait intempestive toute atteinte à la liberté de quiconque d’évoluer selon les dons et les lacunes d’une première vie sur une planète matérielle telle que la nôtre.
Peut-être faut-il D’ailleurs s’entendre sur la sorte de prière que Jésus évoque lorsqu’il arrive vers Judas et lui dit : « Je t’ai aimé et j’ai prié pour que tu aimes tes frères. » Car cette formule ne se rapproche-t-elle pas de celle que cite Germaine Dubé : LU 138:5.1 « Judas, nous sommes tous d’une même chair et, en te recevant au milieu de nous, je prie pour que tu sois toujours loyal envers tes frères Galiléens. — Suismoi. »
Cette prière est ici davantage un conseil donné à Judas. Et en matière de prière selon Jésus, il faut dire qu’il en existe de plusieurs sortes qui ne ressemblent guère à celles auxquelles nous avons été accoutumés par nos mentors religieux.
A l’exemple des citations relevées par Germaine Dubé, et en citant le Livre d’Urantia, on peut affirmer qu’« il n’est guère exact de qualifier de prière ces périodes de communion compréhensive de Jésus avec son Père, et il n’est pas non plus logique de dire que Jésus était en adoration. » LU 144:1.8. L’homme Jésus était aussi Dieu Micaël qui entretenait une communion intime avec son Père du Paradis. C’est ainsi qu’il nous est dit : LU 144:4.4 « La prière éleva Jésus à la super communion de son âme avec les Chefs Suprêmes de l’univers des univers. » La prière est alors communion avant tout et non pas sollicitation. « La prière élèvera les mortels de la terre à la communion de la véritable adoration », Car « La capacité de réception spirituelle de l’âme détermine la quantité de bénédictions célestes que l’on peut comprendre consciemment et s’approprier personnellement comme une réponse à la prière. »
Ainsi la prière de Jésus était davantage une directive adressée à ses disciples, un exemple à suivre. C’est ainsi qu’il s’arrangea pour leur faire entendre ce qu’il attendait d’eux lors de la prière à son Père qu’il proclama au milieu d’eux sur la montagne. Ainsi, la prière de Jésus ne peut pas être mise en échec puisqu’elle n’est rien d’autre qu’une expression de foi donnée en permanence et en manière d’exemple au travers de sa propre foi exprimée par sa vie et tous ses enseignements.
Comme le souligne ensuite si justement Pierre Routhier, Il n’appartient pas même à Dieu, je dirais même surtout à Dieu, puisqu’il est l’auteur de cette loi intangible, de « forcer le libre arbitre » de quelque créature pensante que ce soit. Quoiqu’il en soit donc, et quelle que soit la prière qu’a pu formuler Jésus pour orienter Judas dans les bonnes voies, il ne pouvait en aucune façon déroger pour ce faire aux lois universelles, car « II existe dans l’univers une loi fondamentale de justice que la miséricorde est impuissante à tourner. Les gloires désintéressées du Paradis ne peuvent être reçues par une créature complètement égoïste des royaumes du temps et de l’espace. Même l’amour infini de Dieu ne peut imposer le salut de la survie éternelle à une créature mortelle qui ne choisit pas de survivre. La miséricorde dispose d’une grande latitude d’effusion, mais, après tout, il y a des mandats de justice que l’amour, même conjugué à la miséricorde, ne peut efficacement abroger. » LU 146:2.5.
Lorsque Jésus dit à Judas, ou à un autre humain, qu’il prie pour que son attitude change, il ne fait donc que lui donner à sa manière un conseil à suivre, une directive dans le droit fil de ce que sa propre vie et ses nombreux enseignements n’ont cessé de leur montrer et de leur apprendre. Car son discours est sans ambiguité lorsqu’il s’agit de dévoiler les conditions selon lesquelles une prière peut être reçue. Il leur dit : 146:2.7 :
« Quand vous serez entièrement consacrés à faire la volonté du Père qui est aux cieux, toutes vos demandes seront exaucées, parce que vos prières seront pleinement conformes à la volonté du Père, et la volonté du Père est constamment manifeste dans tout son immense univers. » LU 146:2.7
Ainsi, lorsque Jésus dit à judas qu’il a prié pour qu’il parvienne à aimer ses frères, il ne s’agit manifestement pas d’une prière au sens où nous l’entendons ordinairement, car Jésus nous affirme par ailleurs, que « Ce que le vrai fils désire et que le Père Infini veut EST. Une telle prière ne peut rester sans réponse, et nulle autre sorte de requête ne peut être pleinement exaucée » LU 146:2.7
Jeanmarie Chaise
La nature duelle de la Sûprematie | Le Lien Urantien — Numéro 14 — Été 2000 — Table des matières | Le mystère des Maries |