© 2023 John Pavlovitz
© 2023 Association Urantia du Québec
Le parlement des religions du monde 2023 | Réflectivité — Número 373 — Novembre 2023 — Table des matières | Guerres et paix |
John Pavlovitz
Article traduit en français de John Pavlovitz
Tiré du Blogue : Stuff that need to be said.
Une amie très chère a récemment publié les mots « I Stand With Israel » (Je suis avec Israël) sur son compte de médias sociaux.
Honnêtement curieux, je lui ai demandé de préciser ce qu’elle entendait par là :
Exprimait-elle sa solidarité avec les victimes innocentes du festival de musique Supernova, violemment arrachées à la planète, alors qu’elles célébraient un répit bienvenu dans des vies à jamais plongées dans l’ombre d’une violence qu’elles n’avaient jamais demandée ?
Se tenait-elle face à des millions de palestiniens innocents qui seront massacrés en réponse à une atrocité commise par les extrémistes du Hamas, une atrocité qu’ils n’ont peut-être pas soutenue, voire dont ils n’ont eu connaissance ?
Était-elle en train de déclarer une position théologique sur la valeur d’une tradition religieuse par rapport à une autre ?
Était-elle en train de délimiter avec précision les frontières d’un pays situé à l’autre bout du monde et sur lequel elle ne mettra probablement jamais les pieds?
Se plaçait-elle à l’opposé des extrémistes désaxés d’une faction et aux côtés d’une autre?
Elle a eu du mal à exprimer précisément ce qu’elle voulait dire, mais je lui ai dit que je comprenais. Il s’agit de quelque chose qui dépasse l’entendement de chacun d’entre nous. Il s’agit de vastes horreurs qui se propagent depuis des milliers d’années.
Comment l’un d’entre nous peut-il vraiment prétendre être capable de donner un sens à tout cela, et encore moins de le résumer en quelques faibles mots? Je sais que nous aimerions pouvoir le faire.
Chaque fois que nous sommes confrontés à des choses insondables, les êtres humains ont soif de simplicité : quelque chose qui apaise notre psychisme et nous donne l’impression d’avoir fait face à la situation de manière appropriée et complète. Nous voulons une simple platitude qui nous dispense de plonger dans le gouffre compliqué, terrifiant et sanglant de la capacité d’inhumanité de l’humanité, et d’admettre à quel point nous sommes dépassés par les évènements.
En tant que personne de foi, de moralité et de conscience, je ne sais pas où me situer dans ces moments-là, si ce n’est par rapport à la vie gaspillée et brutalisée.
Cela signifie que je ne m’en sors pas si facilement que je puisse faire une petite déclaration et m’en aller en me sentant bien dans ma peau.
Cela signifie que je dois quitter les bas-fonds de l’ambiguité pour entrer dans les eaux profondes de la nuance, de l’histoire et de la nature humaine.
Cela signifie que je dois lire et apprendre, écouter et réfléchir, prier et lutter. Cela signifie que je finirai avec moins de réponses et plus de questions, et que je risque d’avoir mal au ventre.
Mais c’est là où je me trouve, là où beaucoup d’entre nous se trouvent, c’est là où je regarde l’horrible infigurable.
Je suis découragé de voir les déclarations générales du type « tout ou rien » que tant de personnes font en réponse à ce qui se passe en Israël et en Palestine, comme si tout cela pouvait être réduit aux limites d’un carré de deux pouces sur un écran.
Il ne s’agit pas d’une équivalence lâche et bon marché entre les deux camps, mais d’une admission que les deux camps n’existent tout simplement pas de la manière dont nous avons besoin qu’ils le fassent.
L’histoire est bien trop complexe et les êtres humains sont trop inédits pour être réduits à une quelconque platitude ou à une morale propre et imaginée.
La seule chose que les bonnes personnes peuvent faire lorsqu’elles vivent des cauchemars comme celui auquel nous assistons actuellement, c’est de pleurer la nature disparate de la souffrance.
Nous devons condamner le terrorisme où qu’il se manifeste.
Nous devons décrier la brutalité, quelle qu’en soit la source.
Nous devons nous opposer à l’ignorance et à l’intolérance où que nous les trouvions.
Nous devons nous indigner chaque fois que quelqu’un est réduit au silence, déshumanisé ou violé, quel que soit son lieu de résidence.
Nous devons voir et défendre l’humanité agressée partout où elle s’efforce de lutter ou même d’exister.
Par-dessus tout, nous devrions admettre que nos esprits ne parviennent pas à comprendre tout ce que nous voyons et que nos cœurs ne parviennent pas à contenir l’ampleur du chagrin.
Tous les mots, comme ceux-ci, nous manquent en fin de compte.
L’humanité est notre tribu commune.
Restons avec elle et battons-nous comme des diables pour elle.
Le parlement des religions du monde 2023 | Réflectivité — Número 373 — Novembre 2023 — Table des matières | Guerres et paix |