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Le premier but de la Société Théosophique concerne la formation d’un noyau de la Fraternité Universelle de l’Humanité sans distinction de race, religion, sexe, caste ou couleur. Or, le principe de la fraternité est également accepté par d’autres mouvements et associations, et la solidarité humaine est de plus en plus reconnue et pratiquée sur une échelle internationale sous de nombreux aspects, bien que basée le plus souvent sur des intérêts mutuels. Cependant, la notion de la fraternité, comme elle est comprise dans l’enseignement théosophique, a des racines beaucoup plus profondes.
Le message de la Société Théosophique se présente comme une synthèse de science, religion et philosophie. Les deux principaux fondateurs de cette organisation, H.P. Blavatsky et le Colonel Olcott, furent guidés et inspirés par les Grands Êtres que nous appelons Adeptes ou Maîtres de la Sagesse. En favorisant la naissance de cette Société d’un genre unique, ils ont posé comme condition que son objet ne soit ni la proclamation d’une doctrine ni l’enseignement de la magie ou l’acquisition de pouvoirs, mais que ce soit une vraie Fraternité par l’esprit, le cœur et l’action. La Théosophie, dont le nom signifie « sagesse divine », se base sur cette grande Vérité que l’âme humaine est une parcelle de l’Âme Universelle et qu’une Vie unique et omniprésente soutient tout ce qui existe.
Dans notre vie normale et superficielle, nous ne sommes pas conscients de cette Unité de la Vie ; nous voyons le monde comme un ensemble de choses diverses et les hommes comme des individus isolés les uns des autres. Cette attitude, qui nous est si naturelle, est appelée Avidya, ou ignorance, par les Sages de l’Orient. Certes, chaque être humain est un individu unique en voie d’évolution, sur sa propre ligne ; néanmoins, la solidarité humaine est non seulement un puissant facteur de progrès, mais bien plus, un fait de la Nature. L’humanité peut être envisagée comme un seul grand organisme, dans lequel les nations et groupes ethniques représentent les organes et les hommes ses cellules constitutives. La Théosophie nous révèle cet enseignement fondamental que tous les humains ont spirituellement et physiquement la même origine ; comme un Maître l’a dit « Vous êtes tous d’un seul sang, d’une même source, vous allez tous vers le même but. Sachez cette vérité et vivez-là!»
La conception familière que nous sommes séparés les uns des autres génératrice de conflits, de guerres et de tous les malheurs qui accablent l’humanité — cette conception a sa racine dans le mental inférieur, dont la caractéristique est la division et l’analyse. Ce n’est qu’en s’élevant au niveau du mental supérieur qui est éclairé par la lumière de notre âme spirituelle, que nous devenons conscients des liens qui nous unissent, ainsi que de la Vie Divine qui anime toutes les formes de la Nature, de l’atome à l’Etoile.
La Doctrine Secrète enseigne qu’il n’y a rien d’inanimé et que tout dans l’Univers, dans tous les règnes, est doué de vie et de conscience. Cet axiome occulte est proche de la découverte de la science moderne qui a démontré qu’il existe des mouvements prodigieux à l’intérieur des atomes, signes d’une vie intense vibrant aux profondeurs de la matière.
L’interdépendance de toutes les choses est illustrée dans le passage suivant de LA Doctrine Secrète : Des Dieux aux hommes, des mondes aux atomes, d’une étoile à une chandelle, du Soleil à la chaleur vitale de l’étre organique le plus minuscule, le monde de la forme et de l’existence constitue une chaîne immense, dont les anneaux sont tous reliés entre eux. La Nature a relié toutes les parties de son Empire par des fils subtils de sympathie magnétique, et il y a une corrélation mutuelle même entre une étoile et un homme.
L’axiome postulant que la Réalité est à la fois unique et multiple a semblé aux philosophes occidentaux un paradoxe embarrassant. Une illustration de ce principe se trouve dans la croyance populaire de l’Inde, où des cultes sont offerts à de multiples divinités, dont le nombre s’élèverait, selon la légende, à 330 millions; on y inclut le règne angélique, les Devas et toutes les entités peuplant les mondes invisibles. Ce nombre fantastique d’êtres divins donne l’impression d’un polythéisme exubérant, mais qui ne l’est que de surface ; car les multitudes de dieux et déesses ne sont que des personnifications des fonctions et aspects de la Divinité Suprême Unique. La philosophie religieuse de l’Inde considère l’infinie diversité des êtres et des choses comme une illusion, appelée Maya ; car tout ce qui existe est impermanent ; il n’y a que l’Unique Réalité qui est vraie et éternelle.
Nous sommes sous le règne de Maya tant que nous croyons que nous sommes des personnes séparées et indépendantes de l’ensemble de l’humanité. Cette attitude erronée est la source de l’égoïsme, cette « hérésie » ou « ivraie géante », ainsi qualifiée dans LA LUMIERE SUR LE SENTIER. Car l’égocentrisme est la racine de tous les vices; le péché, qui est une violation des lois de la Nature, est le fruit pourri de la fausse identification de l’être humain avec ses véhicules transitoires.
D’autre part, l’éthique véritable a pour attribut principal l’altruisme qui tend à briser la coque de la personnalité repliée sur elle-même et ouvre la voie qui mène à la fusion avec le Soi Supérieur. Le Bien et le Mal, ces opposés traditionnels, peuvent être définis de cette manière : tout ce qui rapproche l’homme de l’Unité est du côté du Bien et tout ce qui va dans le sens contraire est l’origine du Mal.
La Fraternité, l’Amour, la Compassion sont les signes d’une aspiration spirituelle ayant pour but final l’absorption dans la Vie Divine, même si l’être humain qui nourrit ces émotions nobles est inconscient de cette destination.
Pour faire luire l’aurore d’un monde meilleur, nous devons nous efforcer de dissoudre les nuages du mental qui obscurcissent le ciel clair de l’esprit, en dénonçant les préjugés raciaux et religieux, générateurs de guerres fratricides. Au monde divisé par les haines, les idéologies, les nationalismes étroits, nous proposons l’idéal de la Fraternité comme remède à tous les maux dont souffre l’humanité. Mais nous devons donner l’exemple de l’amour fraternel, en nous conformant aux recommandations de nos grands Instructeurs. Les Adeptes, a dit l’un d’eux, dans les Lettres Des Mahatmas, ne vivent pas pour eux-mêmes, mais pour l’humanité. Cette conception éthique était également celle de bien des philosophes antiques et a été exprimée avec concision dans ce vers du poète Lucain: « Non sibi sed toti genitum se credere mundo » (Se croire né non pour soi, mais pour le monde entier).
Le renoncement aux désirs personnels, l’oubli de soi dans le service de l’humanité, ces qualités altruistes sont fréquemment mises en évidence dans les Lettres Des Mahatmas, par exemple : « Oubliez-vous vous-mêmes en travaillant pour les autres, et la tâche vous deviendra facile. »; et nous y lisons aussi que »Le premier objet de la Théosophie est la philanthropie ». Ce dernier mot, qui signifie « amour de l’humanité», est tombé en désuétude ; nous employons plus volontiers les termes : altruisme, bienveillance, service, etc. qui tous impliquent le dévouement non seulement au bien-être, mais surtout au progrès spirituel des hommes nos frères. Rappelons aussi ce que dit La Voix du Silence: « Vivre au bénéfice de l’humanité est le premier pas «, c’està-dire sur le Sentier de la perfection ; l’acquisition des vertus ne vient qu’en second lieu.
Comme il a été dit au début de cet article, il y a de nombreuses associations de bienfaisance prêtant leur secours pour soulager les souffrances des hommes et aussi des animaux. Nous devons les aider et les encourager autant que possible. Cependant, notre tâche essentielle est autre, ainsi que l’a dit un Adepte de haut rang : Le véritable Théosophe est celui qui cherche d’une manière désintéressée les meilleurs moyens d’amener son prochain sur le Sentier et d’apporter cette connaissance à autant d’humains que possible.
Nous pouvons rapprocher de cette citation les paroles suivantes d’un Maître : Le but du philanthrope devrait être l’illumination spirituelle de ses frères en humanité…
Extrait d’une publication théosophique
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