© 1992 Max Harris
© 1992 ANZURA, Australie et Nouvelle-Zélande Urantia Association
Par Max Harris, Australie du Sud
Comme cela me manque, la puissance et la poussée du débat idéologique ; de bons esprits proposent des idées et de meilleurs esprits les démolissent.
Quelle importance pour notre destinée sociale le choc et la concorde des esprits peuvent être, surtout lorsque les armes de l’esprit, de l’ironie, du ratiocination, de l’analogie et de la logique commune ont permis au sens réfléchi de l’emporter sur la bêtise.
Ce n’est pas une époque de grands débats et de controverses. Les Blainey, les Keneally et les Santamaria tentent toujours, mais ils savent qu’ils ne font que du shadow boxing.
Dans l’ensemble, les idées de compétition s’expriment comme une forme de sport de terrain mineur, joué devant un public massif de téléspectateurs du type de ceux qui sont habituellement branchés sur les réseaux commerciaux. Le jargon des politiciens, des journalistes et des hurleurs des bars de saloon dit tout.
Même la forme moderne la plus visible de test des idées et des politiques, l’interview télévisée, est devenue une compétence de l’Inquisition espagnole plutôt qu’une question difficile qui suscite des réponses révélatrices.
C’est vraiment dommage, car il y a tellement de questions d’actualité, que l’on pourrait qualifier d’idéologiques ou socio-philosophiques, et qui présentent une certaine urgence.
Une ère complètement différente et nouvelle de superpuissance s’annonce à grande vitesse. Devons-nous réagir en rationalisant les divisions idiotes des responsabilités entre l’État et le gouvernement fédéral qui nuisent à toute tentative de gestion dynamique de notre économie et de cohésion sociale ?
Il y a l’Australie qui vit dans les têtes sous-éduquées des jeunes, l’instabilité psychique des adultes, les valeurs défendues par une région du pays par rapport à une autre. La tyrannie de la distance est un cliché dépassé. La tyrannie de la pensée isolée est une réalité. Le pays est divisé par d’autres facteurs que le simple multiculturalisme des migrants.
Cela n’a pas d’importance. Le fait est que le monde remodèle ses pouvoirs et ses forces, et surtout ses futures relations, à une vitesse si vertigineuse que nos petites nouilles ne peuvent pas suivre le rythme.
Ce n’est pas que le choc de la nouveauté ne soit pas enregistré, rapporté et analysé idéologiquement par nos médias tant décriés. Je suis fier de la qualité de la presse pour la manière presque chimérique avec laquelle de bons esprits dotés de capacités polymathématiques sont recrutés et leurs réflexions pronostiques publiées.
Le meilleur risque d’être dégradé, par la domination de la mentalité publique, par le pire.
Mais il est dans la nature des médias sonores et visuels de supposer que leurs utilisateurs possèdent une capacité d’attention limitée. Les changements convulsifs dans les configurations de pouvoir et de politique du grand monde extérieur lointain doivent être transmis dans ce que je comprends qu’on appelle « 60 - deuxième prise ». La masse des gens est nourrie d’un impressionnisme sans fin qu’ils absorbent avec un minimum de compréhension.
Et c’est pourquoi la plupart d’entre nous réagissent à de vastes changements historiques mondiaux par une isolation mentale catatonique.
Les idéologues doués peuvent écrire pour les journaux et ce qu’ils écrivent peut être lu par la minorité alphabétisée. Mais le changement des modes de pensée et des réponses comportementales économiques doit venir de l’ensemble de la communauté. Autrement, l’Australie de demain sera encore l’Australie d’aujourd’hui, préservée dans l’ignorance. Nous en paierons le prix, le prix des esprits ratatinés à une époque qui exige des réflexes aiguisés de la part des gens ordinaires.
Une ère complètement différente et nouvelle de superpuissance s’annonce à grande vitesse.
Nos pasteurs et maîtres ne sont d’aucune aide. Ils sont tombés dans le piège de l’exploitation des médias électroniques pour communiquer des urgences immédiates. Cela ne peut pas se faire via une courte durée d’attention et l’opportunité de se plier à des esprits superficiels avec une pensée superficielle.
Tout ce qui ressort, c’est le syndrome du bon vieux mec. Je suis comme toi. Je suis un failli idéologique comme vous. Moi aussi, je suis le soutien vivant de la médiocrité contente du « elle a raison », tout comme vous, les téléspectateurs.
Le monde se refait et j’ai le sentiment d’un danger imminent, notamment pour l’Australie. J’ai le sentiment que nous nous excluons.
Le blocage qui provoque cela est le problème de communication, c’est-à-dire les médias. La ligne de communication des idéologues, de ceux qui possèdent une expertise spéculative, passe par les politiciens, les médias et le public. Mais ce faisant, les politiciens banalisent parce que les médias électroniques tirent leurs profits de cette banalisation. Même Sartre admettrait qu’il s’agit là d’un vieux cercle assez vicieux.
Me voilà donc. J’ai lu des penseurs sérieux sur ce qui se passe et ce qui va se passer. De nouveaux modèles de pouvoir et de pauvreté se dessinent dans un contexte qui pourrait impliquer des guerres vicieuses de nationalisme fanatique et nouvellement réveillé. Un nouvel ordre coexistera-t-il avec un nouveau chaos ?
Il est frustrant de constater que même ces questions ne préoccupent pas la conscience des gens ordinaires. Tant que nous ne connaîtrons pas les questions, nous ne pourrons pas préparer la psyché nationale aux changements qui seront apportés au sein du caractère national et en nous-mêmes.
Nous resterons un pays muet, voué à la philosophie selon laquelle tel est l’avenir qui fut. Waouh !