© 1991 Meredith J. Sprunger
© 1991 La Communauté Chrétienne des Étudiants du Le Livre d'Urantia
Livres Orbis, 1985, 231 pages.
Paul Knitter attire l’attention sur notre vision contemporaine du monde qui nous confronte à la réalité du pluralisme religieux. La vie est riche, complexe, diversifiée et mystérieuse. Notre univers tout entier est engagé dans un processus évolutif. Le physicien David Bohm voit que nous faisons partie d’un « ordre implicite », un réseau d’interrelations infiniment complexe et dynamique. En tant qu’individus, nous trouvons notre identité dans le contexte des autres. L’humanité et la religion évoluent vers un « pluralisme unitif ». Pour être de bons citoyens d’une nation, nous devons être des citoyens du monde. Pour être de bons membres d’une religion, nous devons appartenir à la fraternité de tous les peuples. De plus en plus, la citoyenneté mondiale est considérée non seulement comme un besoin psychologique et spirituel, mais aussi comme un impératif économique et politique. Historiquement, la religion a divisé les gens, mais nous sommes désormais arrivés à un point de la destinée humaine où la religion peut devenir une force unificatrice. L’Église chrétienne est peut-être sur le point de connaître un « kairos » d’auto-transformation, une « troisième réforme », qui fera d’elle une véritable Église mondiale.
Les attitudes de notre culture laïque envers la diversité religieuse peuvent être regroupées en trois classifications générales. Premièrement, toutes les religions sont relatives ; ils reprennent le caractère de leurs origines historiques. Ils sont limités par les conditions finies du temps et de l’espace. Aucune religion planétaire ne peut être absolue. Deuxièmement, toutes les religions ont une foi essentielle et vivante et une recherche de la réalité spirituelle. Dans cette expérience et dans la philosophie éternelle par laquelle l’humanité tente de comprendre les rencontres spirituelles, toutes les religions sont essentiellement les mêmes. Troisièmement, toutes les religions ont une origine psychologique commune : la psyché humaine. Tout le monde vit une expérience supraconsciente par laquelle il perçoit intuitivement une dimension spirituelle de la réalité.
Dans l’atmosphère œcuménique de notre monde contemporain, les chrétiens peuvent-ils continuer à proclamer Jésus comme l’unique sauveur de l’humanité ? Différentes traditions chrétiennes abordent cette question selon des perspectives théologiques divergentes. Les évangéliques conservateurs déclarent que le salut est le résultat de la mort sacrificielle de Jésus « une fois pour toutes et pour toute l’humanité ». La révélation et le salut ne peuvent être obtenus qu’en Jésus-Christ.
Les théologiens traditionnels recherchent une relation plus positive et dialogique avec les autres religions. Ils croient que Dieu est révélé dans toutes les cultures et à tous. Il existe un lien entre cette révélation générale et la révélation de Jésus, mais une telle révélation générale est partielle et inadéquate. Ce n’est qu’en Christ qu’une personne peut réaliser qu’elle est sauvée par la foi seule ; bien qu’à la fin de l’histoire, tous obtiendront la connaissance de Jésus et auront une opportunité de salut. Quelques théologiens comme Hans Küng et Karl Rahner parlent du désir de Dieu de sauver toute l’humanité et croient que la grâce du Christ ne peut se limiter au christianisme.
Une position minoritaire chrétienne émerge parmi des penseurs comme John Hick, Raimundo Panikkar et Stanley Samartha, que Knitter appelle le « modèle théocentrique » du salut. Il affirme qu’il y a un seul Esprit, une seule réalité divine derrière toutes les religions. Les différences sont dues à des adaptations historiques, culturelles ou psychologiques de cette expérience de réalité. Dieu se rencontre vraiment en Jésus mais pas seulement en Jésus. Panikkar parle du Christ universel et du Jésus particulier. Toutes les religions reconnaissent, d’une manière ou d’une autre, ce Christ. Même si les auteurs du Nouveau Testament étaient christocentriques, Jésus lui-même était théocentrique. Il existe un consensus croissant sur le fait que l’Église ne doit pas être identifiée au royaume de Dieu. Toutes les religions sont incluses dans le royaume et Jésus travaille au sein de chaque religion.
L’Église chrétienne est peut-être sur le point de vivre un « kairos » d’auto-transformation, une « troisième réforme », qui en fera une véritable Église mondiale.
Paul Knitter soutient que Jésus était profondément théocentrique et cherche à établir une christologie théocentrique. Une telle vision est cohérente avec le christianisme historique et en harmonie avec les signes des temps. La religion se développe en recherchant la vérité à travers des relations toujours plus vastes. Cette vérité nous conduit vers une théologie globale. Jésus de Nazareth est l’expression unificatrice de l’amour de Dieu qui continuera à transformer notre monde.
Il s’agit d’un livre de théologie créative de premier ordre qui mettra le lecteur au défi de repenser les concepts chrétiens fondamentaux. Il devrait être une lecture obligatoire pour quiconque souhaite se tenir au courant de l’évolution croissante de la pensée théologique concernant la doctrine du salut et des attitudes chrétiennes à l’égard des autres religions. Le point de vue de Knitter est en harmonie avec la christologie du Livre d’Urantia qui présente Jésus à la fois comme une personnalité universelle unique et comme un médiateur inclusif pour toutes les personnes qui recherchent Dieu.