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Jésus de Nazareth, le Maître Instructeur, a incontestablement changé l’histoire de notre planète après sa courte vie sur Urantia. Bien qu’il ne soit pas venu pour changer l’ordre social de notre monde (il n’était pas un révolutionnaire au sens habituel du terme), ses enseignements, transmis par le christianisme, ont donné espoir et amélioré la vie de milliards de personnes au cours des deux derniers millénaires.
À la lumière des enseignements du Livre d’Urantia, nous découvrons un Jésus plus proche et même plus puissant que celui décrit dans les Évangiles. Et il y a un aspect de sa vie qui n’est généralement pas mis en avant : son attitude envers les femmes. C’était précisément l’un des aspects qui constituait un véritable défi aux normes et conventions sociales de la Palestine du premier siècle.
Dans cette présentation, nous explorerons cet aspect intéressant du Maître. Nous examinerons d’abord son comportement envers les femmes de sa propre famille, puis son attitude envers les femmes en général.
Concernant sa famille, il convient de noter que Jésus a donné à ses sœurs la même éducation qu’à ses frères. Et, comme la société ne le permettait pas, il a pris sur lui de la leur fournir :
« Ordinairement les filles des familles juives recevaient peu d’instruction, mais Jésus maintenait (et sa mère était d’accord avec lui) que les filles devaient aller en classe comme les garçons ; puisque l’école de la synagogue ne voulait pas les prendre, il n’y avait pas d’autre solution que de faire, spécialement pour elles, des cours à la maison. » LU 127:1.5
Comme on le voit, Jésus a toujours eu une attitude proactive. S’il estimait qu’une action était nécessaire et que la société ne lui en fournissait pas les moyens, il l’accomplissait lui-même.
Sa relation avec sa mère, en revanche, était exemplaire. S’il y eut des problèmes avec elle, ce fut à cause de l’insistance de Marie à considérer son fils comme le Messie juif, libérateur d’Israël. Cette interprétation erronée de sa mission sur terre causa à Jésus beaucoup de souffrances et de déceptions. Marie était un sacré personnage !
Sans abandonner les femmes de sa famille, je ne peux oublier Ruth, sa sœur cadette, car elle fut une figure importante dans la vie de Jésus. Elle fut pratiquement la seule de sa famille à rester proche de lui, même dans les moments de profonde séparation, lorsque les malentendus et l’incompréhension nuisaient à ses relations avec le reste de sa famille. Pour Ruth, née quelques mois après la mort de son père, Joseph, Jésus était un père-frère.
Il convient également de mentionner l’épisode de Rébecca, la jeune fille tombée amoureuse de Jésus alors qu’il vivait encore à Nazareth, et notamment la manière exquise dont le Maître a su la dissuader de devenir sa compagne. Rébecca était une femme remarquable et aurait sans aucun doute fait une épouse merveilleuse pour Jésus, mais il ne pouvait laisser de descendance humaine sur la planète, et à cette époque, il n’existait aucune méthode de contraception fiable pour prévenir une grossesse non désirée.
Il y a un épisode des « années perdues » de Jésus qui m’a toujours particulièrement ému, et je veux le mentionner ici parce qu’il est lié au sujet qui nous occupe.
De retour d’un voyage à Rome, avant sa prédication publique, Jésus fut témoin d’un incident où un homme maltraitait sa femme. Cet incident illustre clairement la manière exceptionnelle dont Jésus a géré une situation injuste (une agression) et l’a transformée en réconciliation. Mais il nous éclaire aussi sur ce que devrait être une relation homme-femme et sur le rôle de chacun dans ce partenariat. J’inclus ici les dernières paroles de Jésus à l’homme, qui, finalement touché par ses paroles, changea radicalement d’attitude :
« Mon frère, souviens-toi toujours qu’un homme n’a d’autorité légitime sur une femme que si celle-ci la lui a donnée volontairement. Ta femme s’est engagée à traverser la vie avec toi, à t’assister dans tes épreuves et à assumer la plus grande partie du fardeau de porter et d’élever tes enfants. En échange de ce service particulier, il est juste qu’elle reçoive de toi la protection particulière qu’un homme peut accorder à une femme, compagne de ses enfants. L’amour et les soins qu’un homme est prêt à accorder à sa femme et à ses enfants indiquent à quel point il a atteint les niveaux supérieurs de conscience spirituelle et créatrice. Ne sais-tu pas que les hommes et les femmes sont partenaires de Dieu en ce sens qu’ils coopèrent pour créer des êtres qui grandissent jusqu’à posséder le potentiel d’une âme immortelle ? » (…) C’est être comme Dieu que de partager votre vie et tout ce qui s’y rapporte sur un pied d’égalité avec la compagne et la mère qui partage si pleinement avec vous cette expérience divine de vous reproduire dans la vie de vos enfants.» LU 133:2.1-3
Tout au long de sa vie publique, Jésus de Nazareth a prêché l’égalité des hommes et des femmes devant Dieu. Compte tenu des conditions socio-économiques de l’époque, cette déclaration était révolutionnaire.
« Avant les enseignements de Jésus, (…) les femmes n’avaient que peu ou pas de place spirituelle dans les croyances des religions plus anciennes. Par la suite, (…) elles se tenaient devant Dieu, dans la fraternité du royaume, sur un pied d’égalité avec les hommes. (…) Les hommes ne peuvent plus oser monopoliser le ministère religieux. Les pharisiens pouvaient continuer à remercier Dieu de n’être « nés ni femme, ni lépreux, ni gentils », mais parmi les disciples de Jésus, les femmes ont été à jamais libérées de toute discrimination religieuse fondée sur le sexe… » LU 194:3.14
Voici, par exemple, l’attitude de Jésus à l’égard du divorce tel qu’il était pratiqué parmi les Juifs de l’époque :
Jésus (…) n’a sanctionna aucune pratique de divorce donnant à l’homme un avantage sur la femme ; le Maitre n’approuva que les enseignements accordant aux femmes l’égalité avec les hommes. LU 167:5.4
Comme les hommes et les femmes avaient le même droit d’entrer dans le royaume, il organisa un corps d’instructeurs dédiés à la prédication de la bonne nouvelle parmi les femmes.
« Le trait le plus étonnant et le plus révolutionnaire de la mission terrestre de Micaël fut son attitude envers les femmes. À une époque et dans une génération où il était malséant pour un homme de saluer en public même sa propre femme, Jésus osa emmener des femmes pour enseigner l’évangile en liaison avec sa troisième tournée de prédication en Galilée. Et il eut le courage suprême de le faire en dépit de l’enseignement rabbinique qui proclamait : « Mieux vaut bruler les paroles de la loi que de les remettre à des femmes. » » LU 149:2.8
Jésus a créé un groupe de disciples féminines, ce qui a marqué une rupture significative avec les coutumes juives de l’époque, qui étaient extrêmement injustes envers les femmes.
« À cette époque, il n’était même pas permis aux femmes de se tenir dans l’enceinte principale de la synagogue ; elles étaient confinées dans la galerie des femmes. Ce fut un évènement des plus étonnants de les voir admises comme éducatrices autorisées du nouvel évangile du royaume. La mission que Jésus confia à ces dix femmes, en les sélectionnant pour l’enseignement et pour le ministère de l’évangile, fut la proclamation d’émancipation qui libérait toutes les femmes pour toujours ; les hommes devaient cesser de considérer les femmes comme spirituellement inférieures à eux. Ce fut nettement un choc, même pour les douze apôtres. Ils avaient maintes fois entendu le Maitre dire que « dans le royaume des cieux, il n’y a ni riche ni pauvre, ni homme libre ni esclave, ni homme ni femme, mais tous sont également les fils et les filles de Dieu ». Malgré cela, les apôtres furent littéralement frappés de stupeur lorsque Jésus proposa officiellement de nommer ces dix femmes comme éducatrices religieuses, et même de leur permettre de voyager avec eux. Tout le pays fut mis en émoi par cette façon d’agir, et les ennemis de Jésus tirèrent grand parti de cette décision. Mais, partout, les femmes qui croyaient à la bonne nouvelle soutinrent résolument leurs sœurs choisies et approuvèrent partout, sans hésitation, cette reconnaissance tardive de la place des femmes dans l’œuvre religieuse. » LU 150:1.3
C’est une honte que, malgré les prêches de Jésus selon lesquels les hommes et les femmes avaient des droits égaux, ses disciples aient oublié et même déformé ces idées.
« En une seule génération, Jésus fit sortir les femmes d’un oubli irrespectueux et les libéra des corvées serviles des âges primitifs. C’est à la honte de la religion qui osa se qualifier du nom de Jésus, de n’avoir pas eu le courage moral de suivre ce noble exemple dans son attitude ultérieure envers les femmes. » LU 149:2.9
« Le statut des femmes en Palestine fut grandement amélioré par l’enseignement de Jésus. Il en aurait été de même dans le monde entier si ses disciples ne s’étaient pas tellement écartés de ce que le Maitre avait pris tant de peine à leur enseigner. » LU 167:6.4
Un exemple clair est celui de Paul de Tarse, véritable idéologue du christianisme, qui méprisait clairement les femmes. Voici, entre autres, ce qu’en dit Le Livre d’Urantia :
Immédiatement après le départ du Maitre, les apôtres mirent en pratique cette libération des femmes en leur accordant la place qui convenait, mais les générations suivantes retournèrent aux anciennes coutumes. Durant toute l’époque primitive de l’Église chrétienne, les femmes éducatrices et ministres furent appelées diaconesses, et on leur accorda une récognition générale. Quant à Paul, il accepta bien la chose en théorie, mais ne l’incorpora jamais réellement dans son attitude et trouva personnellement difficile de la mettre en pratique. LU 150:1.3
« Il était bien naturel que le culte du renoncement et de l’humiliation prêtât attention aux satisfactions sexuelles (…). Mais ce culte conduisit Paul à mépriser les femmes. Le malheur est que ses opinions personnelles ont longtemps influencé les enseignements d’une grande religion du monde. Si le conseil de l’éducateur fabricant de tentes était littéralement et universellement suivi, la race humaine prendrait fin d’une manière soudaine et peu glorieuse. En outre, le fait de mêler une religion aux anciens cultes de continence conduit directement à la guerre contre le mariage et le foyer, qui sont les véritables fondations de la société et les institutions de base du progrès humain. Il n’y a rien d’étonnant à ce que ces croyances aient favorisé la formation de prêtrises pratiquant le célibat dans les nombreuses religions de divers peuples. » LU 89:3.6
Le christianisme a ainsi manqué l’occasion d’améliorer la situation des femmes, qui, au fil des siècles, n’ont pas réussi à se débarrasser du stigmate du péché qu’Ève, la première femme, leur avait imposé par le péché originel. Et bien qu’aux premiers temps du christianisme, des diaconesses officiaient lors des services religieux, elles ont été marginalisées et reléguées au monachisme. Une situation bien loin des enseignements originels de Jésus de Nazareth. Et dans les autres religions du monde, malheureusement, la situation n’est pas meilleure. Les femmes continuent d’être soumises, dans une grande partie du monde, à la tyrannie imposée par les traditions et les religions.
En vérité, le monde (et, bien sûr, les femmes) a besoin de connaître l’attitude de Jésus envers les femmes. Une attitude en parfaite harmonie avec la dualité présente chez de nombreux ordres d’êtres célestes, tels que les anges, les Fils matériels et les couples Fils Créateur-Ministre Divin, pour n’en citer que quelques-uns.
Il est regrettable que, si les religions monothéistes conservent une telle influence aujourd’hui, elles ne se soient pas suffisamment préoccupées de la lutte contre l’injustice liée aux discriminations de genre. De plus, elles ont creusé encore davantage l’écart entre les hommes et les femmes.
En Occident, l’ascension des femmes fut rendue difficile par les doctrines de Paul qui furent annexées au christianisme, et, pourtant, le christianisme fit progresser les mœurs imposant aux hommes des obligations sexuelles plus rigoureuses. Chez les Mahométans, la condition des femmes est à peu près désespérée à cause de l’avilissement spécial qui s’attache à elles, et elles sont encore moins bien traitées sous l’influence des enseignements de diverses autres religions orientales. LU 84:5.6
À mon avis, nous, les femmes, ne pouvons guère attendre des religions institutionnalisées. La religion, en tant qu’expérience personnelle avec Dieu, la religion de Jésus, est la seule capable de nous transformer et, par extension, la société dans laquelle nous vivons. Cette religion a deux corollaires très importants qui doivent s’appliquer à notre vie quotidienne si nous sommes cohérentes avec ce que nous prétendons professer :
C’est pourquoi, en tant que lecteurs attachés à la cinquième révélation historique, nous devons mettre en pratique notre religion personnelle, la religion de Jésus, afin que notre planète puisse sortir de la barbarie dans laquelle elle se trouve, qui pousse les hommes et les femmes à continuer de se percevoir comme des antagonistes. La transition vers une ère nouvelle dépend de la fin définitive de cette discrimination.