© 2020 Sophie Malicot
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| Pour Jésus | Le Lien Urantien — Numéro 90 — Juin 2020 — Table des matières | Essais De Définition De L'espace |
(Février 2020)
Dans cette affaire, le temps joue en ma faveur. Dès le commencement, if fut mon allié, en constance, par la même progression dont il dote le monde.
J’étaís nantíe de pics et pointes aígues, saifCantes, acérées comme les reliefs montagneux. Ifs se dressaient haut de forme, s’élançaient verticaux au-dessus des plaines plus modestes. Et sitôt après, une faille vertígineuse aux profondeurs abyssales. J’aí traversé les neiges éternelles des froids de l’âme, les givres du cour suivis tout aussitôt des chaleurs estivales, dans un rythme beaucoup plus rapide que la mouvance des saisons. Passer de l’un à l’autre et mesurer l’intensité de vié à l’aune des contrastes. De gels en brûlures, des tempêtes en calmes sí étales que la vie-même paraít en fin de course. L’antagonisme des duels donnait l’ílusion d’une existence plus forte, plus intense. Cependant …
Le temps vous dísais-je, en allié certain, ne dévoile ses trésors qu’en accord avec lui. Tl aíme l’harmonie et préfère bien souvent prendre plus de Congueur et freiner les précipitations; ainsí s’exhale davantage les parfums.
Le vent sur les monts, les bourrasques les tornades, et d’eau ou de neige ont permis d’éroder en douceur les protubérances émínentes. Les pierres d’achoppement ont roulées au bas des ravins, comblées ses manques et se sont couvertes de mousse. Quelques faces nues de leur blancheur ancestrale reflètent les secrets des hauteurs.
La pluie le vent ont écimés les têtes ébouriffées des arbres un peu trop fiers; ils se sont étoffés en largeur — au profil des oiseaux qui y nichent gaíement- et se courbent plus rondement à la bise printanière.
La montagne modelée laíse passer le vent; il y glisse sans trace. La pluie s’écoule, jolie, de mille rus entrelacés. A droite à gauche les fleurs viennent au gré des cycles qui leurs sont dus.
IC y a un temps où lâcher-príse víent dans l’ordre des choses. T’ant d’importantes considérations devenues obsolètes, tant d’attraits actifs désormaís futíles. Les conquêtes se délaissent, en guerres inutiles.
La vie s’épouse míeux, bienveillante. Conversion d’un détournement des forces de vie pour moi à l’offrande de soí aux forces de la vie. Je me glisse dans leur cours. Infime partíe d’une grandeur infinie, chaque parcelle environnante, chaque particule intérieure croìt d’une densité plus grande.
Vibration. Ténue, fine, elle est là, en présence constante.
Les forces s’adoucissent, les maíns se décrispent des possessions. Elles s’ouvrent ; l’avoir se délite au profit de lêtre. Aussi les actions plus circonscrítes gagnent en puíssance et en fumilité. Le fruit dít-on, Corsque vient le temps des récoltes, s’est fait plus doux ou pourrit. Ainsi de l’âme. Le fil des âges la rend plus aimante ou plus aígre, selon ses attentions ou manquements à ce qui la faít vivre. Transformations silencieuses.
Une paix se lève; non pas celle du monde en prise de souffle entre deux soulèvements, mais celle du Christ, indépendante des situations externes et se vívant où que l’on soit, dans l’ordínaíre.
Vie simple. Simplement être soí, sans facétíe factice. Un silence profond couvre les bruits du dehors. L’âme est calíce de l’Amour originel. Il la pénètre, la comble et débordé d’abondance pour s’offrir au monde, à l’un, à l’autre, à tous en don de plénitude.
Ce soir, la tempête gronde au-dehors. Le vent emporte tout dans ses bourrasques viólentes. La pluie fouette les vitres de ma cabane et les gouttes y ruissellent en larmes longues. Les arbres s’agitent, l’eau ruisselle du toit en gargouillis contínus. Dedans, les lumières ne marchent plus. Une chandelle sur la table, au centre de la piéce. C’est étrange, malgré les infiltrations d’airs, elle brûle sans osciller, ímmobile.
Sophie MALICOT
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