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Coup d'œil sur l'organisation générale du Maître Univers et théorie de la totalité par les chercheurs d'Uversa | Le Lien Urantien — Numéro 21 — Printemps 2002 — Table des matières | Rotation |
Le numéro de Juin 2001 du « Journal de l’IUA « m’a tout particulièrement plu pour la position équilibrée et tolérante d’Andrès Rodriguez « La virginité de Marie » ; le point de vue est bien argumenté et évite tout excès dans un sens comme dans un autre.Mais c’est surtout l’article de Seppo Kanerva « A propos de la religion doit-on fonder une nouvelle église ? qui m’amène à vous écrire.
Le mot « église » s’entend comme une structure humaine (genre parti politique, syndicat, association) ayant une hiérarchie, des règles, une liturgie, une doctrine, des dogmes,…
Le Nouveau Testament déjà nous montre que Jésus a très rarement utilisé cette notion : seul Matthieu l’a repris, d’abord dans le verset si controversé entre catholiques et protestants : « sur cette pierre je bâtirai mon Eglise «(16, 18) et ensuite en18,17$.
C’est extrêmement peu et cela montre, selon les évangélistes, à quel point Jésus considérait comme tout à fait secondaire cette structure humaine qui, trop souvent, fait écran à l’approche de Dieu.
Les Actes des Apôtres en parlent en plusieurs occasions, ainsi que des épîtres de l’apôtre Paul ; mais le terme «église » s’entend aussi bien sous le sens de communautés ayant adhéré à Jésus-Christ sauveur qui conduit au Père que sous le sens plus large de tous les élus à la foi chrétienne. La souplesse de ces églises tranche nettement avec la conception qui a prévalu et qui prévaut dans les grandes religions, organisées, structurées, hiérarchisées.
Par contre, dans les Evangiles nous trouvons très souvent le terme « Royaume ».
« Royaume de Dieu » est utilisé par les quatre évangélistes, alors que seul Matthieu parle du « Royaume des cieux ».
Nous parvenons à plusieurs définitions et caractéristiques de ce qu’est le « Royaume », mais toutes se rapprochent très sensiblement de celles que l’on trouve dans le Livre d’Urantia.
On peut citer tout particulièrement Luc 17, 21 : « Le royaume de Dieu est audedans de vous ».
Ce qui m’a frappé à la lecture du Livre d’Urantia c’est qu’à ma connaissance, Jésus n’a pas employé le terme «église »; par contre, le royaume revient dans presque chacun de ses discours.
Pour moi, l’un de ceux qui décrit le mieux ce qu’est le royaume est celui lors de son discours à la synagogue de Capharnaüm tout au début de son ministère (LU 137:8.13).
Il est indiscutable que le royaume n’a qu’une signification et elle est spirituelle :
« Ce royaume est déjà maintenant parmi vous, car là où l’esprit de Dieu enseigne, là où il guide l’âme de l’homme, là est en réalité le royaume des cieux » (LU 137:8.9)
II ne semble pas du tout que Jésus ait voulu créer une Eglise, au même titre que les religions constituées déjà existantes.
Il a su mettre en valeur tout ce qu’il y avait de positif dans chacune des grandes religions de son époque (fascicule 131 : les religions du monde)
Le séjour à Rome est tout à fait significatif :
« Durant six mois, Jésus passa une grande partie de ses loisirs en association étroite avec ces chefs religieux, et voici comment il les instruisit.
Il ne s’attaqua pas une seule fois à leurs erreurs et ne mentionna même jamais les défauts de leurs enseignements.
Dans chaque cas, il choisissait la part de vérité dans leurs leçons, et ensuite il entreprenait d’embellir et d’éclairer cette vérité dans leur mental de telle sorte qu’en très peu de temps, ce rehaussement de la vérité chassait efficacement l’erreur antérieure. » (LU 132:0.4)
II me semble que ce qui était valable il y a deux mille ans l’est tout autant aujourd’hui.
Il existe un grand nombre de religions chrétiennes ou se rapprochant du christianisme ; il existe aussi un grand nombre de religions non-chrétiennes.
Jésus irait-il tout bousculer en mettant sur pied une nouvelle religion, une Eglise bâtie selon les principes humains (avec leurs faiblesses et leurs fautes et elles peuvent être grandes), des Eglises déjà en place ou encouragerait-il les hommes et femmes de ce temps à élever leurs regards et leur cœur au-delà ce qui est visible, passager et si fragile, dans la recherche du Père déjà présent dans le mental humain?
L’aspect le plus important que l’on peut retirer des enseignements de Jésus est que la religion doit dépasser le côté dogmatique pour s’insérer profondément dans la réalité quotidienne de la vie :
« On peut prêcher une religion à propos de Jésus, mais obligatoirement on doit vivre la religion de Jésus » (LU 196:2.1)
J’ai aussi beaucoup aimé certains passages d’ouvrages de grande portée spirituelle montrant que la religion doit avant tout se vivre :
« A toutes les questions qui concernent à la fois Dieu et l’homme, une réponse satisfaisante ne pourra être donnée que quand nous cesserons de reléguer Dieu à la périphérie de notre existence.
Dieu doit être au cœur même de notre vie, exactement à la place où doit se trouver l’espérance : là où l’homme doit regarder en face les problèmes de sa profession, ceux qui posent ses succès et ses échecs.
Là où, dans le domaine politique et économique les oppositions s’affrontent durement ; là où les passions deviennent les mobiles de la vie, où elles nous poussent à des élans et à des retombées ; là où il faut se laisser interpeller par les diverses situations d’ordre familial, professionnel, personnel ou social : là est la place de Dieu.
Il faut donc que l’homme se décide à aller chercher Dieu à la périphérie de son existence pour le remettre au centre »
(« Le feu du ciel » d’Otto von Huhn — Apostolat des Editions)
« La religion est pour tous, la religion a pour caractéristique de relier tous les hommes entre eux et avec Dieu leur Père à tous…
La religion est pour tous : elle exige donc uniquement ce qui est à la portée de tous…
La religion a pour fonction de développer et de satisfaire en nous des exigences supérieures à celles de l’animalité humaine…
Tel est le sens du mot Christianisme : « Un vrai chrétien est un autre Christ », c’est-à-dire un homme pénétré jusque dans ses moelles par la vie divine, par la foi en Dieu, par l’amour de Dieu …
L’étendue de la croyance pour chacun de nous doit être proportionnée à l’étendue de notre vision personnelle ; et non pas à l’étendue d’un Credo d’où qu’il vienne »
(« Le Christianisme du Christ et celui de ses vicaires » de l’Abbé Alta, Vigot Frères Editeurs)
Cet ouvrage de l’Abbé Alta paru en 1921 et que je suis heureux de posséder m’a beaucoup marqué en raison de sa richesse spirituelle incomparable et de ce que ce prêtre catholique, docteur en Sorbonne, a osé écrire à une époque où il fallait se mouler dans la rigidité de l’Eglise romaine.
Par bien des côtés, il a anticipé ce que je découvre depuis moins de deux ans avec ces merveilles du Livre d’Urantia.
L’abbé Alta ne se doutait pas, à une époque où le Livre d’Urantia n’avait pas encore été publié, qu’il prédisait un tel événement :
« Je suis, hélas ! : « une voix criant dans le désert »
« Mais je crois fermement que notre siècle est le passage décisif pour le Christianisme vers l’épanouissement que lui a clairement indiqué le Christ »
J’ai retiré un souvenir extrêmement positif de ce dernier séjour à Notre Dame des Lumières et parmi les éléments qui m’ont marqué j’ai ressenti une absence de critique envers les religions établies ; et ce qui était le mieux, c’est que l’appartenance de chacun à telle ou telle religion ne présentait aucun intérêt.
C’est pourquoi je me sens totalement proche avec les arguments de Seppo Karneva montrant un désaccord complet avec l’éventualité de la création d’une Eglise urantienne.
Le message de Jésus tel qu’il est proposé dans le Livre d’Urantia aura un impact autrement plus profond et durable s’il s’inscrit au moyen d’hommes et de femmes ouvrant dans leurs Eglises respectives des perspectives nouvelles et dynamiques
que s’il cherche à s’imposer par l’apparition d’un nouveau mouvement spirituel ; ce nouveau mouvement sera de toutes façons très faible numériquement, bien souvent inférieur en nombre à bien des sectes, et risque fort de ne même pas être uni, car de même que la Bible a entraîné des scissions graves en raison de divergences d’interprétation, cela pourrait tout autant se reproduire avec le Livre d’Urantia.
Yves Guillot-Goguet
La conscience intellectuelle de soi permet de découvrir la beauté de la vérité et sa qualité spirituelle, non seulement par la cohérence philosophique de ses concepts, mais plus certainement et plus sûrement par la réponse infaillible de l’Esprit de Vérité toujours présent. Le bonheur résulte de la récognition de la vérité, parce qu’elle peut être mise en pratique ; elle peut être vécue. La déception et la tristesse accompagnent l’erreur parce qu’elle n’est pas une réalité et ne peut donc être réalisée en expérience. C’est par sa saveur spirituelle que l’on reconnaît le mieux la vérité divine. (LU 2:7.6)
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