« Sages conseils écoutés ». — Cette histoire fut racontée par le Maître à Jetavana, à propos du Sutta concernant la Tentation des Filles de Māra [^188] au Banyan des Chèvres. Le Maître cita le Sutta, en commençant par ses premiers mots :
Dans toute leur beauté éblouissante, ils arrivèrent,
\—Envie, haine et désir. Comme du coton
Avant le vent, le Maître les fit voler.
[ p. 289 ]
Après avoir récité le Sutta jusqu’au bout, les Frères se réunirent dans la Salle de la Vérité et racontèrent comment les Filles de Māra, malgré leurs innombrables charmes, s’étaient rapprochées de l’Être Éveillé, sans pour autant réussir à séduire celui qui était le Tout-Éveillé. Car il n’ouvrit même pas les yeux pour les contempler, tant il était merveilleux ! Entrant dans la salle, le Maître demanda, et on lui répondit, de quoi ils discutaient. « Frères », dit-il, « il n’est pas étonnant que je n’aie même pas regardé les Filles de Māra en cette vie, alors que j’ai rejeté le péché et atteint l’illumination. Autrefois, alors que je n’étais qu’en quête de Sagesse, alors que le péché habitait encore en moi, j’ai trouvé la force de ne pas contempler même la beauté divine par convoitise, en violation de la vertu ; et par cette continence, j’ai conquis un royaume. » Ainsi parlant, il raconta cette histoire du passé.
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Il était une fois, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta était le plus jeune d’une centaine de frères, et ses aventures seront décrites ici, comme mentionné plus haut [470] dans le Takkasilā-Jātaka [1]. Lorsque le peuple offrit le royaume au Bodhisatta, et qu’il l’accepta et fut sacré roi, le peuple décora la ville comme une cité des dieux et le palais royal comme celui d’Indra. En entrant dans la ville, le Bodhisatta pénétra dans la vaste salle du palais et s’y assit, dans toute sa beauté divine, sur son trône orné de joyaux, sous le blanc parapluie de sa royauté. Autour de lui, dans une splendeur éclatante, se tenaient ses ministres, ses brahmanes et ses nobles, tandis que seize mille jeunes filles nautch, aussi belles que les nymphes du ciel, chantaient, dansaient et faisaient de la musique, jusqu’à ce que le palais résonne de sons aussi bruyants que l’océan lorsque la tempête éclate sur ses eaux avec fracas [2]. Contemplant la pompe de son royaume, le Bodhisatta songea que, s’il avait contemplé les charmes des ogresses, il aurait péri misérablement et n’aurait jamais vécu assez longtemps pour connaître sa magnificence actuelle, qu’il devait à sa fidélité aux conseils des bouddhas Pacceka. Et tandis que ces pensées emplissaient son cœur, son émotion s’exprima dans ces vers :
Je suis attentif aux sages conseils, je suis ferme dans ma résolution,
Avec un cœur intrépide, je maintiens toujours mon cap,
J’ai évité les demeures des Sirènes et leurs pièges,
Et j’ai trouvé un grand salut dans mon besoin.
[471] Ainsi se terminait la leçon de ces versets. Et le Grand Être gouverna son royaume avec justice, et abonda en charité et autres bonnes œuvres jusqu’à ce qu’il s’éteigne enfin, selon ses mérites.
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Sa leçon terminée, le Maître identifia la Naissance en disant : « J’étais le prince de ces jours qui alla à Takkasilā et gagna un royaume. »