« Car un cerf. » — Cette histoire fut racontée par le Maître à Jetavana, à propos d’un frère indiscipliné. La tradition dit que ce frère était indiscipliné et refusait d’écouter les avertissements. Le Maître lui demanda donc : « Est-il vrai, comme on le dit, que tu es indiscipliné et que tu refuses d’écouter les avertissements ? »
« C’est vrai, Bienheureux », fut la réponse.
« De même, autrefois, dit le Maître, tu étais indiscipliné et tu refusais d’écouter les avertissements des sages et des bons, ce qui a eu pour résultat que tu as été pris dans une arnaque et que tu as trouvé la mort. » Et ce disant, il raconta cette histoire du passé.
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Un jour, alors que Brahmadatta était à Bénarès, le Bodhisatta naquit cerf et vécut dans la forêt à la tête d’un troupeau de cerfs. Sa sœur lui amena son fils en lui disant : « Frère, voici ton neveu ; apprends-lui les ruses du cerf. » Elle confia ainsi son fils au Bodhisatta. Ce dernier dit à son neveu : « Viens à telle heure et je te donnerai une leçon. » Mais le neveu ne se présenta pas à l’heure convenue. Et, comme ce jour-là, il manqua sa leçon pendant sept jours et ne réussit pas à apprendre les ruses du cerf ; et finalement, alors qu’il errait, il fut pris dans une embuscade. Sa mère vint et dit au Bodhisatta : « Frère, ton neveu n’a-t-il pas appris les ruses du cerf ? »
[ p. 47 ]
« Ne vous souciez pas de ce vaurien inculte », dit le Bodhisatta ; « votre fils n’a pas appris les ruses du cerf. » Et, ayant perdu tout désir de conseiller le vaurien, même dans son péril mortel, il répéta cette strophe :
Car quand un cerf a deux fois quatre sabots pour courir
Et des bois ramifiés armés d’innombrables dents,
Et quand par sept tours il s’est sauvé,
Je lui enseigne alors Kharādiyā, rien de plus.
Mais le chasseur tua le cerf volontaire qui était pris dans le piège et s’en alla avec sa chair.
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Lorsque le Maître eut terminé cette leçon en appuyant ce qu’il avait dit sur l’indiscipline du Frère dans les temps passés comme dans le présent, il montra le lien et identifia la Naissance en disant : « En ces jours-là, ce Frère indiscipliné était le neveu-cerf, Uppala-vaṇṇā [1] était la sœur, et moi-même le cerf qui donnait l’avertissement. »
[Note. Dans le gāthā, je n’ai pas traduit le kālāhi dénué de sens du texte de Fausböll, ni la variante facile kālehi, qui est substituée dans la glose, mais kalāhi, la lecture plus difficile qui apparaît dans certains manuscrits cinghalais et que Fausböll lit dans l’histoire analogue n° 16. Cette lecture est également donnée par Dickson dans JRAS Ceylon, 1884, p. 188, d’après le Jātaka Pela Sanne. Si kālehi est lu, la traduction devient : « Je n’essaie pas d’enseigner à quelqu’un qui a fait l’école buissonnière sept fois. » Dans JRAS Ceylon, 1884, p. 125, Künte dit : « Je n’ai aucun doute que kalāhi est la forme originale de la chanson populaire, et kālehi une erreur, et que sur cette erreur le compilateur grammairien a construit sa petite histoire idiote sur le cerf qui ne voulait pas aller à l’école. »
47:1 Voir l’intéressante Vie de cette therī dans « Women Leaders of the Buddhist Reformation » de Mme Bode (JRAS 1893, pp. 540-552), où il est expliqué qu’Uppala-vaṇṇā « a reçu ce nom parce qu’elle avait une peau semblable à la couleur du cœur du lotus bleu foncé. » ↩︎